France : multiplication des enquêtes sur des saluts nazis à l’université
La plupart des cas signalés sur les campus universitaires serait le fait d'étudiants proches du syndicat de droite UNI

Au moins cinq faits de salut nazi ont été signalés depuis le 30 janvier dernier sur des campus universitaires français, tous effectués lors d’événements publics, parfois même filmés et partagés sur les réseaux sociaux, a révélé lundi Franceinfo.
« Un cas reste un cas de trop » a déploré Lamri Adoui, président de la faculté de Caen-Normandie et de France Université. « Il n’y a pas de faiblesse de la part des présidentes et des présidents d’universités. C’est l’article 40, c’est le dépôt de plainte, c’est le déclenchement d’une section disciplinaire ».
L’article 40 du code de procédure pénale stipule que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ».
Franceinfo précise que dans la plupart des cas, les auteurs de ces saluts nazis sont affiliés au syndicat étudiant UNI, classé à la droite de l’échiquier politique.
Interrogé par la chaîne, Yvenn Le Coz, membre de la direction nationale de l’UNI s’est défendu de toute responsabilité, estimant « qu’aucune de ces personnes-là n’a jamais été adhérente et membre de l’UNI ».
« Les événements publics sont publics, donc sont ouverts à absolument toute personne. On ne connaît pas l’idéologie des personnes avant qu’elles ne viennent. Et évidemment que tout ce qui peut renvoyer de près ou de loin au nazisme n’est pas toléré. »
???????? FLASH – Un étudiant de l’Université de Caen a fait un salut nazi dans l’enceinte de l’établissement. Il serait membre de l’UNI, un syndicat étudiant d’extrême droite. (via @IliesDjt) pic.twitter.com/HyD7HyMyY9
— AlertesInfos (@AlertesInfos) February 14, 2025
Pourtant, au mois de février dernier, une polémique avait éclaté à l’Université de Strasbourg après que des images diffusées sur les réseaux sociaux semblaient montrer des étudiants membres de la branche locale de l’UNI utiliser un « jeu de carte » antisémite et raciste qu’ils avaient eux-mêmes fabriqué.
L’une des images postées par le collectif juif de gauche Golem montre le président de l’UNI Strasbourg portant une kippa avec une mention expliquant que, lorsque cette carte est « posée », « les autres joueurs perdent 20 euros, leur bijou le plus précieux et leur facture augmente de 300 % ».
Une autre met en scène un homme au visage flouté, habillé en rabbin et portant la mention « Dérobe les gains du joueurs (sic) précédent et y ajoute 10% ».
À l’époque, la direction nationale de l’UNI avait suspendu plusieurs personnes impliquées à Strasbourg dans la diffusion sur les réseaux sociaux d’images évoquant ce « jeu de cartes ».
Une autre personne affiliée à l’UNI a été accusée d’avoir fait un salut nazi à l’université de Toulouse. « La personne qui a effectué ce geste s’est défendue en disant que c’était un salut scout. Mais on ne connaît pas la réalité des choses parce que maintenant ça commence à dater », s’est défendu Yvenn Le Coz.
Une excuse qui n’est pas sans rappeler celle utilisée par Elon Musk après que le milliardaire a effectué le même geste lors de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, qualifiant son geste de « salut romain ».

Le 1er mars 2025, une manifestation largement dominée par les étudiants a été organisée à Lille pour dénoncer notamment les saluts nazis effectués par des participants à une simulation parlementaire organisée le 30 janvier à Sciences Po Lille.
La direction de Sciences Po Lille avait déposé plainte à la suite de cet épisode.
Manifestation étudiante antifasciste à Lille alors que des étudiants d'extrême-droite ont fait des saluts nazis lors d'une récente rencontre à Sciences Po. pic.twitter.com/37zqHqmAvz
— Louise Bihan (@journalouise) March 1, 2025
Depuis le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, la France assiste à une véritable flambée de l’antisémitisme, qui s’exprime aussi sur les campus universitaires où de larges mouvements étudiants pro-palestiniens et anti-Israël se mobilisent.
À Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « toutes les semaines, on nous signale des tags, allant de la croix gammée à […] ‘Tous les juifs devraient mourir’, » ou des actes ou propos antisémites, a rapporté Daphné Hubelé, vice-présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) dans cette université.