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A l’université, un antisémitisme post-7 octobre qui continue d’inquiéter

En France, les actes antisémites recensés sont restés à un niveau "historique" en 2024, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF): 1 570, contre 1 676 en 2023

Des étudiants bloquant l'université de Sciences Po font le signe de la victoire à Paris, France, le 26 avril 2024. (Crédit : Jeffrey Schaeffer
Des étudiants bloquant l'université de Sciences Po font le signe de la victoire à Paris, France, le 26 avril 2024. (Crédit : Jeffrey Schaeffer

« J’ai eu peur d’aller en cours à certains moments », raconte Nicole Milman à Strasbourg. Comme elle, des étudiants juifs témoignent d’un climat pesant qui perdure depuis le 7 octobre 2023. Le gouvernement relance jeudi des Assises de lutte contre de l’antisémitisme largement consacrées à la jeunesse.

Sur le campus alsacien, « les personnes juives ne portent plus ouvertement leur étoile de David », témoigne cette étudiante en langues et secrétaire générale de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) de Strasbourg. Elle indique avoir été traitée de « sale juive » alors qu’elle portait un pin’s pour la libération des otages de Gaza.

Les propos antisémites « n’ont pas leur place à l’université », a souligné mardi le président de cette université Michel Deneken, qui a saisi le parquet après la diffusion sur les réseaux d’images évoquant un « jeu de cartes » au contenu antisémite.

A Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « toutes les semaines, on nous signale des tags, allant de la croix gammée à […] ‘Tous les juifs devraient mourir’, » ou des actes ou propos antisémites, rapporte Daphné Hubelé, vice-présidente de l’UEJF dans cette université. « On retrouve beaucoup d’appels à la violence » lors des blocus propalestiniens, comme en décembre sur le campus de Tolbiac, dit-elle.

« Il y a des étudiants juifs qui ne vont plus en cours. Certains arrivent cinq minutes en retard et repartent cinq minutes avant la fin », ajoute-t-elle.

L’université Paris 1 indique à l’AFP avoir « toujours été intraitable avec les faits d’antisémitisme », soulignant saisir le parquet et « engager des poursuites disciplinaires si le responsable peut être identifié ».

Proposition de loi

En France, les actes antisémites recensés sont restés à un niveau « historique » en 2024, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF): 1 570, contre 1 676 en 2023.

Dans l’enseignement supérieur, le ministre Philippe Baptiste a fait état en janvier de « 360 signalements » d’incidents liés au conflit israélo-palestinien depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, dont « une cinquantaine » identifiés comme antisémites, essentiellement des tags. Il a appelé à « une grande fermeté ».

A l’université, « s’est développée une hostilité antijuive » qui « prend différentes formes », selon la sociologue Valérie Broussard, qui a travaillé sur le sujet à Nanterre.

Elle distingue une « hostilité franche », « très clairement antisémite » et une hostilité « déplacée » quand elle concerne « plutôt l’Etat d’Israël ». Elle peut aussi être « sourde », avec des « exclusions de boucles Whatsapp, de groupes d’amis », ou plus « ordinaire, sous la forme de petits messages » relayant des « clichés ».

Combattre l’antisémitisme à l’université est un « chantier prioritaire » pour Aurore Bergé, ministre chargée des discriminations, qui va rouvrir les Assises sur ce sujet – en suspens depuis mai – jeudi, jour anniversaire de la mort d’Ilan Halimi, jeune Juif tué en 2006.

Une proposition de loi pour « renforcer le cadre légal et réglementaire » contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur est examinée mercredi par la commission de l’éducation au Sénat, après une mission sénatoriale qui s’était alarmée en juin d’une « résurgence » d’un « climat d’antisémitisme » dans les universités.

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d’un rassemblement contre la visite du président de l’Assemblée nationale française à l’Université Lyon 3, à Lyon, le 8 novembre 2024. Le 6 octobre, sur le média français BFMTV, le président de l’Assemblée nationale française a déclaré qu’« Israël ne doit pas être désarmé », en réaction aux déclarations du président français appelant à l’arrêt des livraisons d’armes pour les combats à Gaza. (Photo OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

« Tolérance zéro »

Les présidents d’université, réunis au sein de France Universités, prônent « une tolérance zéro », affirmant « n’avoir jamais eu la main qui tremble en matière de procédures disciplinaires ».

« Nous sommes tout à fait disposés à faire en sorte que la formation sur l’antisémitisme puisse continuer à se développer dans nos universités », a souligné mardi son vice-président Jean-François Huchet, président de l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales).

Dans son établissement, des tensions sont aussi apparues en décembre, lors des élections étudiantes, où une liste propalestienne a gagné plusieurs sièges.

« L’ambiance est très pesante » pour les étudiants du département d’études hébraïques et juives, raconte Elina, qui y étudie. « Je me suis fait suivre parce que je n’ai pas voulu prendre un tract » et « on m’a traitée de terroriste », poursuit-elle, évoquant aussi des tags et tracts placardés sur des salles de cours.

La présidence de l’Inalco a demandé en décembre « un diagnostic indépendant sur la situation » à un conseiller extérieur .

Secouée au printemps dernier par des accusations d’antisémitisme lors de l’occupation d’un amphithéâtre, Sciences Po Paris a annoncé en septembre le « renforcement » de « ses dispositifs de lutte contre les discriminations », dont l’antisémitisme, avec « un module obligatoire » pour les étudiants.

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