Franco-Israélienne, elle a perdu mari et fils le 7 octobre et se bat pour la vérité
Sabine Tasa se rendra à Paris pour participer le 7 février à la cérémonie en hommage aux victimes françaises ; elle veut raconter le 7 octobre pour "que le monde sache"

Elle a vu son époux mourir pour sauver deux de ses quatre enfants, avant d’apprendre que l’aîné avait été abattu sur une plage. Sabine Tasa, 48 ans, veut raconter le 7 octobre pour « que le monde sache ».
Originaire de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, cette Franco-israélienne se rendra à Paris pour participer le 7 février à la cérémonie en hommage aux victimes françaises de l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas en Israël.
« Je vais raconter mon histoire, je veux que tout le monde sache ce qui s’est passé », a affirmé dans un entretien à l’AFP celle qui a émigré en Israël en 1992.
Dix ans plus tard, elle s’installe dans le kibboutz Netiv HaAsara, à quelques centaines de mètres de la bande de Gaza, avec son mari Gil.

Le 7 octobre, à l’aube, des terroristes palestiniens du Hamas pénètrent dans le village et commencent à tirer sur ses habitants.
Son mari, pompier dans le civil, prend son pistolet pour repousser les assaillants entrés dans sa maison. Lorsqu’une grenade est lancée dans sa direction, il se jette sur deux de ses enfants pour les protéger. Ils lui doivent aujourd’hui la vie.
« Mon petit a son œil à moi sorti, les deux sont couverts de sang et Koren, 12 ans, me dit que papa est mort », a raconté Sabine.
Elle a tenté d’appeler des secours. En vain. « Mes enfants sont en train de saigner à mort et personne ne me répond. Où est l’armée ? La police ? »
Elle a décidé de filmer ses enfants blessés et a envoyé la vidéo à tous ses contacts, une vidéo dont l’AFP a obtenu une copie.
On y voit ses deux fils couverts de sang allongés sur un lit, pendant que leur mère supplie qu’on lui vienne en aide en pleurant.
Évacuée avec trois de ses fils, dont le petit Shay, 8 ans, elle a juste le temps de serrer le corps de son défunt mari avant de quitter le kibboutz à bord d’une jeep blindée.
« Des cicatrices pour la vie »
Son fils aîné Or, 17 ans, est parti tôt le matin avec des amis à la plage Zikim, à quelques kilomètres de Netiv HaAsara.
« Je l’appelle vers 6h30 et il me raconte qu’il est avec des amis dans un miklat [abri antiatomique] », s’est-elle souvenue, en retenant ses larmes.
« Dix minutes plus tard, mon fils était mort, ils sont entrés par la mer et ont abattu tout le monde ». Ce matin-là, 19 personnes ont été assassinées sur cette plage.
Sabine ne l’apprendra que le soir alors qu’elle est au chevet de ses deux fils blessés mais elle devra attendre deux semaines pour l’inhumer, le temps qu’il soit identifié.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé quelque 3 000 terroristes du Hamas ont fait irruption dans le sud d’Israël par la frontière de Gaza pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, dont le plus jeune a un an.
En réponse à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire menée contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
132 des otages enlevés par le Hamas et ses complices le 7 octobre sont encore à Gaza, mais certains ne sont plus en vie – après la remise en liberté de 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre.
Quatre otages avaient été libérées avant cela, et une soldate avait été secourue par l’armée israélienne. Les corps sans vie de huit otages ont également été retrouvés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée le 15 décembre.
L’armée a confirmé le décès de 28 otages – notamment de deux captifs dont la mort a été annoncée mardi – qui se trouvaient encore à Gaza, citant de nouveaux renseignements et autres informations obtenues par les militaires en opération sur le terrain, au sein de l’enclave côtière. Une personne est encore considérée comme portée disparue depuis le 7 octobre et son sort reste indéterminé.
Plus de 27 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Tsahal dit avoir éliminé 10 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus des quelque 1 000 terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.
Installée provisoirement à Netanya, Sabine insiste pour tenir le coup.
« J’ai décidé de me battre. Premièrement, pour mes trois garçons. Deuxièmement, pour moi. Troisièmement pour l’État d’Israël. Et quatrièmement, pour que tout le monde sache la vérité. »
« Je vais raconter que mon mari a sauté sur une grenade pour sauver ses enfants, que mon fils a perdu la vue et qu’il porte des cicatrices pour la vie, sans parler des traumatismes », a-t-elle expliqué.
Selon les autorités françaises, 42 citoyens français ou franco-israéliens ont été tués le 7 octobre.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.