Funérailles de masse pour le terroriste tué par le soldat de Hébron
1 000 personnes s’étaient réunies ; des cris “Allahu Akhbar” ont été entendus dans la foule
Abdel Fattah al-Sharif, un terroriste palestinien qui a été abattu par le soldat israélien Elor Azaria en mars, alors qu’il était allongé, désarmé, au sol, a été enterré samedi à Hébron, en Cisjordanie. Israël avait restitué vendredi le corps d’al-Sharif à sa famille.
Une foule d’environ 1 000 personnes a assisté aux funérailles d’al-Sharif, dont le corps était enveloppé d’un drapeau du Hamas, comme vu dans la vidéo diffusée par la chaîne du Hamas Al-Quds TV. Des cris « Allahu Akhbar » [Dieu est grand] ont été entendus, ainsi que d’autres slogans.
Israël a exprimé à maintes reprises sa préoccupation que les funérailles des attaquants morts soient utilisées pour inciter à la violence contre l’Etat juif. En tant que ministre de la Défense par intérim, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a autorisé la restitution du corps pour des funérailles.
Le corps d’al-Sharif est ainsi resté deux mois dans une morgue. « A chaque minute, je me disais qu’on pouvait m’appeler pour me le rendre », raconte sa mère Raja à l’AFP.
« Ils nous ont contacté en nous proposant de nous le rendre sous certaines conditions, nous avons refusé. Nous voulions le récupérer sans conditions et l’enterrer comme n’importe quel martyr », renchérit le père d’al-Sharif, Yusri, 43 ans.
Samedi, il a demandé « une sentence juste » contre Azaria. « De la même façon qu’ils jugent les Palestiniens, [les Israéliens] doivent juger les leurs. Imaginons que ce soit le contraire : qu’un Palestinien ait tué quelqu’un, ils le condamneraient à la perpétuité. Il faut que ce soit la même chose dans l’autre sens », a-t-il affirmé à l’AFP.
Le tribunal militaire de Jaffa a inculpé le mois dernier le sergent Azaria pour homicide et conduite militaire inappropriée pour avoir tiré sur et tué Sharif le 24 mars, plusieurs minutes après sa participation à une attaque au couteau contre des soldats israéliens à Hébron.
Sharif et un autre attaquant avaient poignardé et blessé un soldat avant que les troupes n’ouvrent le feu contre eux, blessant Sharif et tuant le second attaquant.
Une vidéo de la scène montrait un Sharif blessé mais toujours vivant quelques minutes après, puis Azaria lui tirant dans la tête. Azaria a été arrêté, les organisations de défense des droits de l’Homme comparant son acte à une exécution sommaire.
Azaria a agi en légitime défense, ont déclaré ses avocats à la cour, et ils ont affirmé que le procureur militaire faisait de l’application sélective en poursuivant cette affaire. Son cas divise profondément l’opinion israélienne.
Israël avait également rendu vendredi le corps d’une Palestinienne abattue lundi par des gardes de la police de frontières alors qu’elle tentait de poignarder des officiers à un checkpoint du nord de Jérusalem, a annoncé la Dixième chaîne.
Selon la police, les troupes gérant le checkpoint Ras Bidu en Cisjordanie ont ouvert le feu quand la femme a pris un couteau et s’est avancée vers un garde-frontière.
Le retour du corps de l’attaquante a eu lieu quelques jours après que le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a ordonné un gel de la restitution des corps des terroristes de Jérusalem Est à leurs familles.
La décision originale de restitution des corps a suivi une campagne des familles qui a duré des mois, comprenant des appels devant la Cour suprême. La police a déclaré craindre que les funérailles des attaquants décédés, qui ont été tués pendant qu’ils poignardaient, tiraient sur ou tentaient d’écraser des Israéliens au cours de ces sept derniers mois, ne se transforment en rassemblement de masse en soutien à d’autres attaques terroristes.
La police accepte de restituer le corps à condition que l’enterrement soit privé et ne comprenne pas d’appels à d’autres attaques.
Mais Erdan est intervenu mardi, un jour après la diffusion par le site d’informations Ynet d’une vidéo des funérailles à Jérusalem Est, dans le quartier de Jabel Moukaber, d’un assaillant palestinien qui montrait environ 200 personnes manifestant devant le cimetière aux cris de « Allahu akbar » et « dans l’esprit et le sang nous te vengerons, martyr ».
La police des frontières avait empêché les manifestants d’entrer dans le cimetière et de prendre part aux funérailles d’Alaa abu Jamal, résident de Jérusalem Est, qui avait mené une attaque mortelle en octobre dernier dans la capitale.
L’AFP a contribué à cet article.