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GB : Le Premier ministre intérimaire, arrière-petit-fils de victimes de la Shoah

Dominic Raab, ministre des Affaires étrangères, ancien étudiant en Cisjordanie, avait critiqué "l'usage disproportionné de la force par Israël" mais a défendu le blocus de Gaza

Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères britannique Dominic Raab, à gauche, arrive au 10 Downing Street, le 7 avril 2020 (Crédit : AP Photo/Matt Dunham)
Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères britannique Dominic Raab, à gauche, arrive au 10 Downing Street, le 7 avril 2020 (Crédit : AP Photo/Matt Dunham)

Alors que le Premier ministre britannique Boris Johnson, touché par le COVID-19, se rétablit actuellement d’un séjour de trois jours en soins intensifs, le Royaume-Uni – pour le moment, tout du moins – a été placé sous l’autorité d’un responsable aux origines paternelles juives.

Dominic Raab, 46 ans, est le fils d’un réfugié juif tchèque venu en Angleterre par le biais du Kindertransport en 1938, alors qu’il n’avait que six ans, et d’une mère qui l’a élevé dans la foi de l’église anglicane.

Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères a, dans le passé, évoqué ses origines juives et ce à plusieurs occasions. Cela a été le cas dans un article du Daily Mail publié au mois de mai 2019, dans lequel il avait partagé une photo papier de son père, Peter.

Tandis que Peter Raab était parvenu à rejoindre l’Angleterre par le Kindertransport qui avait permis à environ 10 000 enfants juifs d’entrer dans le pays depuis l’Allemagne nazie, l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne et la ville de Danzing, la plus grande partie de la famille de Peter – et notamment ses grands-parents – était restée dans sa nation d’origine avant d’être assassinée par les nazis.

Dans une vidéo, Raab avait invoqué la mémoire de son père pour fustiger le chef du Labour, Jeremy Corbyn, pour son « inaction » dans la lutte contre l’antisémitisme et pour son incapacité à défendre une « démocratie libre et tolérante » similaire à celle qui avait accueilli Peter Raab.

Il ajoutait alors que son père n’avait jamais oublié ce qui était arrivé à sa famille qui, avait-il clamé, « a été systématiquement assassinée pour aucune autre raison que sa judéité ».

Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères britannique Dominic Raab, à gauche, quitte le 10 Downing Street après un rendez-vous alors que le Premier ministre Boris Johnson a intégré une unité de soins intensifs après une aggravation de ses symptômes dus au COVID-19, le 7 avril 2020. (Crédit : AP Photo/Matt Dunham)

Dans un discours prononcé lors de la conférence du Parti conservateur en 2018, Raab avait également parlé du passé de son père, accusant la formation travailliste « d’intimidation, de fanatisme, de recherche d’un bouc émissaire – en particulier à l’encontre des Juifs ».

Indépendamment de ses origines juives, Raab a pu être critique d’Israël dans le passé et, en particulier, des activités d’implantation.

En 2018, suite à un incident où des dizaines de Palestiniens avaient été tués à la frontière d’Israël avec Gaza alors que les Etats-Unis transféraient leur ambassade à Jérusalem, Raab avait estimé que l’État juif s’était rendu coupable « d’un usage totalement disproportionné de la force », suggérant même l’utilisation possible de « sanctions » contre Israël.

Il avait toutefois rejeté un appel à reconnaître un État palestinien, clamant en 2011 que « voter pour un État palestinien aux Nations unies risque de renforcer l’intransigeance des deux côtés dans le conflit israélo-palestinien. La paix exige l’autorité politique, pas le mirage juridique ».

Cet avocat qui a été formé à Oxford et à Cambridge avait commencé sa carrière aux Affaires étrangères après un été passé à l’université de Beir Zeit en Cisjordanie, en 1998, où il avait travaillé avec un ancien négociateur de l’OLP dans les accords d’Oslo et qui était chargé d’évaluer les projets mis en place par la Banque mondiale en Cisjordanie.

Il s’était souvenu de cette expérience dans un post de blog publié en 2010 alors qu’il était simple membre du parlement : « Sous le choc, je me suis assis, étouffant, dans ma salle de classe de l’université de Beir Zeit… Un professeur palestinien posait aux étudiants des questions provocatrices sur le conflit. Il avait gardé le silence puis avait demandé aux Palestiniens présents : ‘Si vous le pouviez, est-ce que vous ne préféreriez pas tout simplement jeter tous les Israéliens à la mer ?’ Et une majorité de mains s’était levée instantanément. »

Cet article avait été écrit peu après l’incident du Mavi Marmara, au cours duquel une flottille de bateaux avait tenté de briser le blocus sécuritaire mis en place par Israël à Gaza. Les commandos israéliens avaient tué dix activistes turcs après avoir été attaqués à l’aide de bâtons et de barres de fer lors de leur débarquement sur le Marmara.

Raab a défendu le droit d’Israël à maintenir le blocus. « Il est indubitable que le blocus est légitime dans la guerre maritime comme c’est établi dans le manuel de San Remo de 1994, qui est largement reconnu comme reflétant le droit international dans ce domaine », avait-il dit.

« Il est indubitable qu’Israël dispose du droit à se défendre contre le Hamas, un groupe terroriste à la tête de la bande de Gaza… Les rabâchages massifs au sujet des résolutions des Nations unies soulignent l’obligation incontestable d’Israël à faciliter l’aide humanitaire, mais ignorent trop souvent la reconnaissance d’un droit – et d’un devoir – ‘à prévenir les trafics illicites en armes et en munitions' », avait-il ajouté.

Selon un article récent publié sur le site d’information Walla, des membres de la famille élargie de Raab s’étaient installés dans le pré-État d’Israël : Elazar Raab et ses fils, le rabbin Moshe Shmuel Raab et Yehuda Raab, auraient été parmi les fondateurs de Petah Tikva après être venus en terre d’Israël à pied depuis la Hongrie.

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