Gallant : le plan d’acheminement d’aide par voie maritime favorisera l’effondrement du Hamas
Le ministre de la Défense vante le projet qui garantira que l'aide parvient aux civils alors qu'une ONG espagnole va quitter Chypre avec un navire rempli de vivres pour un voyage pilote
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a apporté son soutien à un plan international qui prévoit que des aides humanitaires seront livrées à Gaza par le biais d’un embarcadère temporaire installé en mer méditerranée. Il a estimé que cette initiative aidera Israël dans son objectif de guerre qui est de renverser le groupe terroriste du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza.
Des propos tenus alors que l’armée américaine a indiqué qu’un navire avait été envoyé dans la région, chargé d’équipements qui permettront de construire un port temporaire qui permettra de lancer, au plus vite, l’acheminement d’aides humanitaires par voie maritime. Un bateau était par ailleurs prêt à partir de Chypre dès dimanche, en fin d’après-midi, rempli d’une assistance destinée aux civils gazaouis dans le besoin.
« Le processus est conçu pour apporter de l’aide directement aux habitants et ainsi poursuivre l’effondrement du pouvoir du Hamas à Gaza » a expliqué Gallant alors qu’il se trouvait à bord d’un bateau de patrouille de classe Dvora, en visite au large de la côte de Gaza. Aux côtés de Gallant, se trouvaient le chef de la Marine, le vice-amiral David Saar Salama, le chef du COGAT, le major-général Ghassan Alian, le secrétaire militaire du ministre, le brigadier-général Guy Markizeno, et le commandant de la base d’Ashdod, le capitaine Eitan Paz.
Les responsables de l’ONU et de diverses organisations humanitaires variées déclarent que l’entrée et la distribution des produits alimentaires et autres aides déterminantes dans la bande de Gaza sont trop lentes – en particulier dans le nord de l’enclave – en raison des inspections des cargaisons par Israël, de la localisation des postes-frontières dans le sud de la bande et que les Gazaouis, désespérés, en sont réduits à prendre d’assaut les camions avant qu’il ne puissent arriver dans le nord de l’enclave. Il y a aussi des pillages.
Alors que la menace d’une famine plane, les États-Unis, la Jordanie et d’autres pays ont tenté de renforcer leurs efforts visant à faire entrer l’assistance. Ils ont ainsi procédé, dans un premier temps, à des largages aériens. Ils auront dorénavant l’opportunité de prendre la mer, même si les officiels des Nations unies insistent sur le fait que l’acheminement terrestre reste le moyen le plus efficace de délivrer l’assistance aux populations dans le besoin.
Gallant a précisé que l’acheminement maritime des aides aidera « à garantir que l’assistance ira à ceux qui en ont besoin et pas à ceux qui n’en ont pas besoin ».
« Nous acheminerons l’aide par une route maritime coordonnée avec les États-Unis sur le plan sécuritaire et humanitaire, avec l’aide des Émirats sur le plan civil et une inspection appropriée à Chypre, et nous amènerons les marchandises importées par les organisations internationales avec l’aide américaine », a-t-il expliqué.
Le Commandement central américain a fait savoir dimanche qu’un premier navire de l’US Army, le General Frank S. Besson, avait quitté une base en Georgie, samedi, et qu’il était en route vers l’Est de la méditerranée avec à son bord du matériel de construction. Le président américain Joe Biden avait précédemment annoncé sa volonté de renforcer la livraison des aides humanitaires par voie maritime.
Cette nouvelle initiative survient alors que le mois du ramadan a commencé lundi dans une grande partie du monde après que les dirigeants, en Arabie saoudite, ont vu le croissant de lune. Les espoirs portant sur la finalisation d’un cessez-le-feu temporaire en amont du mois de jeûne musulman se sont évanouis il y a quelques jours avec des négociations qui sont apparemment tombées dans l’impasse.
Les officiels américains ont indiqué qu’il faudrait probablement des semaines avant que le port ne soit opérationnel. Sa construction devrait coûter des dizaines de millions de dollars et prendre jusqu’à 60 jours, a rapporté le New York Times .
Les eaux de Gaza sont aussi considérées comme trop peu profondes pour installer le large embarcadère qui serait nécessaire pour expédier les cargaisons.

Les groupes d’aides internationaux ne semblent pas désireux d’attendre la construction de l’embarcadère américain pour emprunter le corridor maritime.
Un navire appartenant à l’ONG espagnole Open Arms et transportant 200 tonnes d’aide alimentaire devait se lancer dans un voyage-pilote « dans les meilleurs délais », mais pas dimanche, a ainsi annoncé sa porte-parole, Linda Roth, avec son organisation partenaire World Central Kitchen, un groupe caritatif qui livre de la nourriture aux populations qui sont victimes d’une catastrophe naturelle.
Le bateau, à Chypre, devrait mettre deux ou trois jours pour se rendre à Gaza. Il jettera l’ancre à un endroit qui n’a pas été révélé.
Un membre de l’organisation a écrit sur X qu’une fois que le navire sera à Gaza, les aides seront débarquées à l’aide d’une grue et placées dans des camions à destination du nord de la bande, qui avait été le premier secteur pris pour cible par les soldats israéliens dans le cadre de leur offensive militaire.
WCK’s John is in Larnaca, Cyprus where our team is working alongside @openarms_fund, United Arab Emirates & Cyprus to send food aid by sea to Gaza. The maritime aid corridor will immediately allow us to scale our efforts & reach more families in northern Gaza.#ChefsForThePeople pic.twitter.com/3jq1KoGilE
— World Central Kitchen (@WCKitchen) March 9, 2024
Cette idée de corridor maritime est soutenue par l’Union européenne aux côtés des États-Unis, des Émirats arabes unis et d’autres pays. La Commission européenne a précisé que des agences de l’ONU et que la Croix Rouge seraient impliquées dans ces efforts.

Les États-Unis ont annoncé ce plan de port temporaire permettant d’emprunter un corridor maritime pour acheminer les aides humanitaires à Gaza après un incident survenu dans le nord de la bande alors que des Palestiniens affamés se ruaient sur des camions transportant de l’assistance, un incident qui avait fait cent morts. Il est difficile, à ce stade, de dire combien de personnes ont été tuées dans le mouvement de foule consécutif à cette prise d’assaut des poids lourds ou par les tirs des soldats israéliens.
Le ministère de la Santé du Hamas, à Gaza, a fait savoir que 31 045 Palestiniens ont perdu la vie dans le conflit jusqu’à présent. Des chiffres invérifiables et qui comprendraient à la fois les victimes civiles et les membres du Hamas qui ont été tués à Gaza. Dans ce bilan figurent également les personnes qui ont été tuées par les tirs de roquette errants des factions terroristes qui, manquant leur trajectoire, sont retombées dans la bande.
Deux tiers des morts seraient des femmes et des enfants.
De son côté, l’armée israélienne déclare avoir tué plus de 13 000 terroristes du Hamas en plus d’un millier d’hommes armés qui avaient été abattus sur le sol israélien, le 7 octobre.
La guerre avait éclaté le 7 octobre lorsque des terroristes du Hamas avaient franchi la frontière et semé la désolation dans les communautés du sud d’Israël, tuant 1200 personnes, des civils en majorité, et kidnappant 250 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza. L’offensive aérienne et terrestre lancée par Tsahal, depuis, a dévasté une grande partie de Gaza et déplacé environ 80% d’une population composée de 2,3 millions de personnes.