Gallant met en garde contre l’imminence d’une guerre multi-fronts sans accord sur les otages
Le ministre de la Défense leur a remis un document de synthèse de ses services en faveur du cessez-le-feu, au moment où les négociateurs travaillent à des questions moins épineuses
Le ministre de la Défense Yoav Gallant aurait présenté jeudi au cabinet de sécurité un document rédigé ces derniers jours en faveur d’un accord de cessez-le-feu et de règlement de la question des otages, détaillant les conséquences désastreuses pour Israël en cas d’échec des négociations.
Ce document présente le point de vue des services de sécurité israéliens, a indiqué jeudi la Douzième chaîne, ajoutant que Gallant l’avait communiqué au Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi qu’à plusieurs hauts responsables quelques jours avant la réunion du cabinet de sécurité.
Il postulerait qu’Israël se trouve à un « tournant stratégique ».
En cas d’accord de cessez-le-feu et de règlement de la situation des otages, estime le document, non seulement les otages seront-ils libérés, mais en outre, les hostilités avec le Hezbollah, de l’autre côté de la frontière nord, se calmeront, ce qui permettra d’éviter une guerre régionale. Cela pourrait par ailleurs amener l’Iran à renoncer à ses projets de vengeance suite à l’assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran, le mois dernier.
Par ailleurs, le document de Gallant mettrait en garde contre les risques d’une absence d’accord, à savoir le maintien en captivité des otages israéliens et le risque « imminent d’une escalade vers une guerre ouverte sur plusieurs fronts ».
Selon la Douzième chaîne, le chef du Hamas, Yahya Sinwar, souhaite l’ouverture de plusieurs fronts contre Israël, ce qui pourrait l’amener à refuser un accord sur les otages pour les raisons mêmes qui poussent Gallant à presser Netanyahu et Israël de conclure cet accord.
Jeudi toujours, les négociateurs israéliens au niveau opérationnel se sont rendus au Qatar et ont manifestement enregistré des progrès sur plusieurs clauses de l’accord.
Ils ne porteraient toutefois pas sur les revendications de Netanyahu – rejetées par le Hamas – en faveur du maintien d’une présence israélienne dans le corridor de Philadelphie, à la frontière entre Gaza et l’Égypte, de façon à empêcher le Hamas de se réarmer, et d’un mécanisme privant les hommes armés du Hamas d’un accè vers le nord de Gaza via le corridor de Netzarim, qui divise la bande de Gaza.
Les responsables des services de sécurité israélienne auraient assuré Netanyahu qu’Israël pouvait sans problème retirer ses troupes de ces deux couloirs dans le cadre d’un accord, ce que Netanyahu refuse catégoriquement.
La Douzième chaîne a annoncé, sur la foi d’une source politique anonyme, que les États-Unis poussaient les parties à s’accorder sur l’ensemble des questions autres que Philadelphie et Netzarim d’ici la fin de la semaine.
Washington devrait alors soumettre à l’approbation d’Israël et du Hamas un accord sur ces points et inviter les parties à trouver un terrain d’entente sur la question de Philadelphie et Netzarim dans les prochains jours. A défaut, les États-Unis leur présenteront leur version d’un compromis sur ces points très disputés et exigeront des parties qu’elles l’acceptent.
Toujours selon l’information donnée par la Douzième chaîne jeudi, si l’une ou l’autre partie ne le faisait pas, l’administration Biden le ferait officiellement savoir, en précisant la partie responsable de l’échec.
Quelques heures plus tôt, Gallant s’était réuni avec le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, et d’autres responsables des services de Défense pour évoquer « l’évolution des objectifs de guerre » pour tenir compte des combats dans le nord d’Israël.
« Il reste du travail sur le front nord, à commencer par le retour en toute sécurité des populations évacuées. Pour y parvenir, il nous faut repenser les objectifs de guerre. Je vais évoquer la question avec le Premier ministre et le gouvernement », a déclaré M. Gallant dans une allocution fournie par son cabinet.
Pour l’heure, les objectifs de guerre officiels d’Israël sont le démantèlement du Hamas à Gaza et le retour des otages enlevés par l’organisation terroriste le 7 octobre.
Toutefois, nombre de hauts responsables israéliens estiment officieusement que les actions militaires en vue du retour des 60 000 Israéliens évacués du nord du pays suite aux attaques quotidiennes du Hezbollah font elles aussi partie des objectifs de guerre.
« Entrer dans le vif du sujet »
Faute de cessez-le-feu permanent – qu’appelle de ses voeux une grande partie de la communauté internationale -, une trêve partielle permettrait d’apporter une forme de soulagement aux Gazaouis qui endurent depuis près d’un an des combats en territoire palestinien, depuis qu’Israël s’y bat pour renverser le Hamas suite au pogrom du 7 octobre.
On estime à 1 200 le nombre des personnes tuées et à 251 le nombre des otages enlevés lors de cette attaque sans précédent contre Israël. Israël pense qu’une centaine d’otages se trouvent encore à Gaza, un grand nombre d’entre eux sans doute morts.
Le conseiller américain à la sécurité intérieure, Jake Sullivan, a déclaré jeudi aux journalistes que les négociations en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages avaient progressé.
« Les négociateurs en sont aux petits détails, ce qui signifie que nous avons bien avancé, que des progrès ont été enregistrés », a-t-il déclaré depuis Pékin.
Officiels venus des États-Unis, d’Égypte, du Qatar et d’Israël négocient en effet depuis des jours pour tenter de mettre au point un nouveau projet à soumettre au Hamas, sans signe d’avancée notable, les positions d’Israël et du Hamas demeurant très éloignées sur des questions cruciales.
Les autorités américaines ont déclaré progresser en vue d’un accord, le Hamas leur reprochant d’endosser les revendications – pour eux inacceptables – d’Israël et de tenter de les imposer à l’organisation terroriste. Les autorités égyptiennes, qui font partie des principaux médiateurs, ont elles aussi fait état de leur scepticisme.
« Au final, tant que l’on n’a pas d’accord sur tout, il n’y a pas d’accord du tout. Nous allons donc continuer à travailler là-dessus jusqu’à ce que nous obtenions enfin le cessez-le-feu et l’accord sur les otages », a conclu Sullivan.