Gantz demande à Netanyahu de ne pas laisser Ben Gvir choisir le futur chef de la police
Le chef de Kakhol lavan l'invite à s'impliquer malgré l'accord sur les conflits d'intérêts conclu dans le cadre du procès pour corruption, et à remplacer Ben Gvir

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a demandé mardi au Premier ministre Benjamin Netanyahu de prendre une part active dans la nomination du prochain commissaire de la police israélienne et de ne pas tenir compte de la décision du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir.
« Je demande au Premier ministre de se rappeler sa responsabilité première, qui est d’utiliser son pouvoir pour faire lui-même passer un entretien aux candidats au poste de chef de la police et qui est de peser dans ce processus », a déclaré Gantz en déplacement dans le nord du pays.
« Nous ne pouvons pas laisser cette décision, cruciale pour l’Etat d’Israël et pour ses citoyens, entre les seules mains de Ben Gvir », a-t-il ajouté. « Quelqu’un qui enregistre à son insu le chef de la police, quelqu’un qui évite les réunions difficiles, quelqu’un qui échoue quotidiennement dans sa mission d’assurer la sécurité personnelle des Israéliens et qui incarne tout ce que ne doit pas être un homme d’État, ne peut décemment pas nommer le futur commissaire de la police. »
Gantz a expliqué que Netanyahu devait lui-même rencontrer les candidats et nommer le prochain chef de la police israélienne, « et ne surtout pas laisser à d’autres le choix de nommer à cette fonction stratégique ».
Le chef du parti d’opposition a également réitéré sa demande de remplacer Ben Gvir, précédemment condamné pour soutien à une organisation terroriste et incitation au racisme, sans oublier ses états de service comme avocat d’extrémistes juifs avant de faire son entrée à la Knesset, par « quelqu’un de sérieux et de compétent ».
« Je demande aux ministres de ce gouvernement de faire preuve de responsabilité et de vigilance, et de ne pas laisser nommer à la tête des services de police quelqu’un qui servira le pouvoir et non pas le pays », a déclaré Gantz.

A ce stade, ni Ben Gvir ni Netanyahu n’ont réagi aux propos du leader de HaMahane HaMamlahti.
Indépendamment de la demande faite par Gantz à Netanyahu, il existe un accord de prévention des conflits d’intérêts qui interdit actuellement au Premier ministre de prendre une part active dans les décisions et nominations susceptibles d’avoir un impact sur son procès pour corruption, comme par exemple le choix des hauts responsables de la police ou de la justice.
Depuis sa prise de fonctions, fin 2022, Ben Gvir n’a eu de cesse d’exercer davantage d’influence sur la police, ce qui a eu pour effet de tendre sa relation avec le commissaire de la police Kobi Shabtai. Le Ministère de la sécurité intérieure a autorité sur la police et la police des frontières.
Shabtai a déclaré en juin qu’il mettrait fin à ses fonctions en janvier 2024 et qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat d’une année.
En août dernier, Ben Gvir et Shabtai se sont publiquement querellés sur la question de l’autorité ultime sur la police. Selon le chef de la police, cette dernière obéit à la loi, là où le ministre d’extrême droite estime qu’elle doit obéir aux élus.

Cette querelle a eu lieu avant deux audiences de la Cour Suprême examinant les recours en invalidation de deux lois adoptées par le gouvernement, alors que la coalition d’extrême droite bruissait d’appels à la désobéissance politique en cas d’invalidation effective.
Un tel scénario ne manquerait pas de plonger Israël dans une profonde crise constitutionnelle et pourrait amener la police à devoir choisir entre l’obéissance au gouvernement ou à la Cour.
L’un des principaux candidats au poste de chef de la police, le commandant de police de la région côtière, Yoram Sofer, un temps rétif à l’idée d’expliquer comment il réagirait en pareil cas, a finalement fait savoir qu’il se rangerait du côté de la Cour Suprême, et non du gouvernement, en cas de crise constitutionnelle.