Gantz : Netanyahu doit faire un choix entre politique et unité
Le parti de Benjamin Netanyahu défend les élus qui ont dénigré Herzi Halevi en réponse aux critiques de l'ex-ministre de la Défense et actuel membre temporaire du cabinet de guerre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a déclaré vendredi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était responsable de l’acharnement des ministres de l’extrême-droite contre le chef d’état-major de l’armée israélienne lors de la réunion du cabinet de sécurité qui s’est tenue jeudi soir.
La réunion du cabinet de sécurité avait pour but de discuter de la planification de l’administration de la bande de Gaza après la guerre, mais elle s’est terminée par un échange de propos virulents entre les ministres et les hauts gradés de l’armée, après que les ministres de droite eurent dénoncé le plan du lieutenant-général Herzi Halevi, visant à ce que Tsahal enquête sur ses propres erreurs.
Affirmant que Netanyahu est coupable de cette situation peu glorieuse, Gantz a affirmé dans une déclaration vidéo qu’il appartenait maintenant au Premier ministre de corriger l’erreur « et de choisir entre l’unité et la sécurité ou la politique. »
« Si ce qui est important maintenant, c’est la sécurité et l’unité », a affirmé Gantz, ajoutant que le cabinet de sécurité doit discuter des plans pour le Gaza d’après-guerre, comme il était censé le faire avant le chaos de la nuit précédente.
Gantz concède que les ministres sont censés poser des questions et contester les informations qui leur sont fournies par les chefs de l’establishment de la Défense lors des réunions du cabinet, mais « ce qui s’est passé hier est une attaque à motivation politique au milieu d’une guerre ».
« J’ai participé à de nombreuses réunions de cabinet. Un tel comportement ne s’est jamais produit et ne doit pas se produire », a-t-il souligné.

Gantz a ensuite défendu la décision d’Halevi de nommer un groupe chargé d’enquêter sur les échecs de l’armée avant le 7 octobre, afin de mieux préparer Tsahal à combattre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Ce faisant, le chef du parti HaMahane HaMamlahti – qui a accepté de rejoindre le gouvernement à titre provisoire quelques jours après le début de la guerre – a semblé s’en prendre à Netanyahu, qui a refusé d’admettre toute culpabilité dans ce qui s’est passé le 7 octobre.
« Il est bon que le chef d’état-major, qui a su prendre ses responsabilités après le désastre du 7 octobre, prenne ses responsabilités et mette en place une équipe qui tirera des leçons opérationnelles pour la suite des combats. C’est son devoir », a souligné Gantz.
« Il ne fait aucun doute qu’après la guerre, une commission d’enquête d’État sera créée pour traiter de tout ce qui s’est passé jusqu’au 7 octobre, à tous les niveaux. Mais elle devra se concentrer sur le rôle du gouvernement et non sur les questions opérationnelles militaires. C’est ce que le peuple israélien demande et, surtout, c’est ce dont il a besoin », a-t-il ajouté.

Des ministres de l’aile droite ont également exprimé leur colère face à l’inclusion de l’ancien ministre de la Défense Shaul Mofaz, en raison de son implication dans le retrait de Gaza en 2005. Certains membres de l’extrême-droite espèrent qu’Israël reviendra sur le désengagement de la bande de Gaza après la guerre contre le Hamas, une idée qui est largement considérée comme irréalisable.
Mais une partie des critiques semble motivée par la crainte qu’une enquête de Tsahal sur sa responsabilité dans la journée du 7 octobre n’examine également le rôle du gouvernement ou, à tout le moins, n’entraîne des pressions sur les législateurs pour qu’ils mènent le même type d’enquête.
Netanyahu a insisté sur le fait qu’une telle enquête ne pourrait avoir lieu qu’après la fin de la guerre, ses détracteurs affirmant qu’il gagnait du temps afin de rester au pouvoir.
Le parti du Premier ministre, le Likud a défendu les ministres de son parti et d’autres partis de droite qui ont attaqué Halevi lors de la réunion du cabinet de sécurité.

La déclaration du Likud est survenue quelques minutes après que le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a reproché au Premier ministre d’avoir permis à la réunion de se terminer avec perte et fracas.
« Le devoir du cabinet politique et de sécurité est de poser des questions et de recevoir des réponses. Ce n’est pas de la politique », a fait valoir le Likud dans son communiqué.
« En temps de guerre, lorsque le peuple est uni, Gantz doit agir de manière responsable et cesser de chercher des excuses pour rompre sa promesse de rester dans le gouvernement d’unité jusqu’à la fin de la guerre », a ajouté le Likud.
L’appel de Gantz à Netanyahu pour qu’il choisisse entre sécurité et politique a en effet relancé les spéculations sur le fait que le leader du parti HaMahane HaMamlahti envisage de quitter le gouvernement.
Contrairement à ce qu’affirme le Likud, Gantz ne s’est pas engagé à rester jusqu’à la fin de la guerre, mais a laissé son engagement dans le flou.
« Tout comme j’ai su quand entrer dans la guerre, je saurai quand la quitter », a-t-il déclaré lorsqu’on lui a posé la question.

S’exprimant lors d’une cérémonie à la mémoire de son fils Gal, tué le mois dernier lors d’une opération de Tsahal visant à récupérer les dépouilles d’otages à Gaza, le ministre du cabinet de guerre Gadi Eisenkot a souligné la nécessité de faire preuve d’unité après une année marquée par les divisions sociétales importantes déclenchées par le plan très controversé du gouvernement visant à remanier le système judiciaire.
« Le fait qu’un jeune homme de Herzliya et un jeune homme de l’implantation de Susiya en Cisjordanie se battent ensemble après l’année que nous avons vécue devrait tous nous faire réfléchir », a déclaré Eisenkot en retenant ses larmes.
« Je pense que le fait que [Gal] ait été tué au cours d’une opération dont le but final était de sauver des otages, est une mission à laquelle il s’identifiait très fortement, même si cela signifiait ramener des otages pour qu’ils puissent être enterrés en Israël », a-t-il ajouté.
Lorsqu’un journaliste lui a demandé, après son discours, s’il craignait que le tissu social israélien ne se désagrège après l’année qu’a connue le pays, Eisenkot a admis qu’il était très inquiet, mais il a exprimé l’espoir que l’unité qui a suivi les tragédies survenues le 7 octobre contribuera à maintenir la cohésion du pays.
Gallant a publié vendredi un communiqué dans lequel il salue Halevi.
Gallant dit qu’il a téléphoné à Halevi pour le féliciter et lui demander de transmettre aux soldats de Tsahal qu’il leur fait confiance et qu’il les soutient.
« Le peuple d’Israël a un chef d’état-major courageux et réfléchi qui mène une guerre difficile », a affirmé Gallant.
« Les soldats de Tsahal se battent pour tout le peuple d’Israël, et j’appelle tous les membres du public à cesser d’utiliser de manière irresponsable Tsahal et ses commandants à des fins politiques », a ajouté le ministre de la Défense.