Geula Even quitte la TV, son époux Gideon Saar de retour en politique
L'ancien ministre du Likud est largement considéré comme un rival potentiel du Premier ministre Benjamin Netanyahu
Geula Even a annoncé quitter son poste d’animatrice du journal télévisé principal de la chaîne de télévision publique Kan, indiquant que son mari, Gideon Saar, se préparait à refaire de la politique avant les prochaines élections prévues le 9 avril prochain.
À la fin du journal télévisé de lundi soir, Even a signalé qu’il s’agissait de sa dernière émission, ajoutant que ce fut un « grand plaisir » d’avoir animé le programme ces dernières années.
Saar, ancien ministre et étoile montante du Likud, qui a quitté la politique en 2014 et qui est largement considéré comme un rival potentiel du Premier ministre Benjamin Netanyahu, avait déjà annoncé son intention de revenir en politique.
Les analystes le considèrent comme un concurrent important pour le poste de Premier ministre dans une ère post-Netanyahu. Il continue de bénéficier d’une forte popularité auprès des militants du Likud. Saar a exprimé l’intention de se présenter à la tête du parti, pas seulement du Likud, mais du pays.
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Un récent projet de loi, qui se présente sous la forme d’un amendement à une Loi fondamentale quasi-constitutionnelle, assurerait que seul le chef de chaque parti politique a le droit de former un gouvernement et aucune autre personne figurant sur les listes des partis.
Le projet de loi a été proposé par le président de la coalition David Amsalem (Likud) après des rumeurs selon lesquelles le président Reuven Rivlin envisageait la possibilité de demander à Gideon Saar, de former un gouvernement aux prochaines élections.
Selon la loi actuelle, après les élections, le président consulte les chefs de toutes les factions avant de demander au dirigeant du parti que l’on pense avoir la meilleure chance de former un gouvernement de commencer des négociations avec des potentiels partenaires de coalition. Le dirigeant avec la tâche de former un gouvernement est généralement celui qui reçoit le plus de recommandations d’autres partis, et est habituellement – mais pas nécessairement – le chef du parti qui a remporté le plus grand nombre de sièges.
Ce texte a reçu il y a trois semaines le soutien des chefs de partis de Koulanou (Moshe Kahlon – ministre des Finances) et de HaBayit HaYehudi (Naftali Bennett – ministre de l’Éducation et de la Diaspora). Les deux hommes ont déclaré au Likud qu’ils voteraient en faveur de la loi si le parti au pouvoir acceptait d’appeler à des élections anticipées.
« Nous achevons quatre bonnes années et allons aux élections », a déclaré lundi le ministre de l’Éducation. « Je pense que c’est le droit de toute nation qui veut un nouveau gouvernement nationaliste pour choisir à nouveau, afin qu’Israël puisse gagner à nouveau. »
Kahlon a de son côté déclaré lundi que la décision avait été prise parce qu’il était « difficile de fonctionner pour le moment », ajoutant que c’était la bonne décision pour « maintenir la stabilité financière ». « Nous voulions que les élections aient lieu le plus tôt possible, car plus le processus est rapide et plus il sera moins coûteux pour Israël », a affirmé Kahlon lors d’une réunion de la faction Koulanou.
Kahlon a vanté ses réalisations en tant que ministre des Finances, affirmant que l’économie israélienne était « dans son meilleur état depuis des années ». Il a également souligné que son parti avait eu une influence modératrice importante sur le gouvernement, précisant que toute tentative d’atteinte à la démocratie ou à l’état de droit avait rencontré un « mur impénétrable ».
Kahlon a noté qu’au moment des élections et de la formation du nouveau gouvernement, le gouvernement actuel sera au pouvoir depuis quatre ans. « C’est un exploit impressionnant. N’oublions pas que c’est un gouvernement dont personne ne pensait pouvoir honorer son mandat », a-t-il conclu.
Selon un article d’octobre du journal Israel Hayom pro-Netanyahu, le Premier ministre avait récemment décidé de dissoudre la Knesset lors des premiers jours de la session d’hiver, mais il avait alors été informé par des proches et des officiels au sein du Likud que Rivlin ne lui demanderait pas de former un nouveau gouvernement après les élections, à cause de préoccupations liées aux enquêtes criminelles qui le visent.
L’article expliquait que des responsables d’autres partis pourraient aussi conditionner leur participation au gouvernement s’il n’était pas dirigé par Netanyahu.
Après la publication de l’article, Netanyahu a publiquement accusé Saar d’avoir comploté pour le remplacer, qualifiant ce plan de « conspiration du siècle ».
Selon l’article, Rivlin songeait à la possibilité de charger quelqu’un d’autre que Netanyahu pour former le gouvernement – un autre député au sein du Likud, si le parti venait à remporter largement les élections, ou un député d’un autre parti, si la marge de la victoire était plus mince – à la lumière des enquêtes actuelles pour corruption qui visent le Premier ministre.
Depuis qu’il est devenu président en 2015, Rivlin a été publiquement en désaccord avec le Premier ministre sur un certain nombre de sujets sensibles, même s’il s’est efforcé de ne pas attaquer directement le Premier ministre. Le président a aussi défendu publiquement plusieurs institutions qui étaient attaquées par Netanyahu et ses alliés.
Rivlin a rejeté l’article sur le « coup d’état » affirmant qu’il s’agissait de « paranoïa », alors que Saar l’a qualifié de « théorie ridicule de conspiration ».
Lors d’une rencontre avec les ministres du Likud, Netanyahu avait dit avoir compris depuis longtemps que Rivlin prévoyait de donner la mission de former un gouvernement à la personne qui aurait le plus de recommandations, sans prendre en compte d’autres facteurs.
En 2009, Netanyahu est devenu Premier ministre après que la cheffe de l’opposition Tzipi Livni eut été incapable de former une coalition, même si son parti Kadima avait remporté plus de sièges.
La police a recommandé de poursuivre Netanyahu dans trois affaires séparées, et des législateurs proches du Premier ministre ont lancé des attaques répétées contre la presse et la police, proposant différentes lois pour limiter leur capacité à faire des articles ou des enquêtes sur des personnalités publiques.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.