Hanan Melcer : Le projet de réforme des médias est un danger pour la démocratie
De son côté, le ministre des Communications a réclamé "un débat de fond, responsable, ce qui constitue la base d'une prise de décision démocratique" sur le sujet
L’ancien juge à la Cour suprême Hanan Melcer – qui préside aujourd’hui le Conseil de la presse israélienne – a averti mercredi que le projet du gouvernement qui vise à réformer le marché des médias représentait « un danger pour la démocratie israélienne ». Il s’est engagé à « utiliser tous les moyens qui sont à notre disposition pour déjouer ce complot ».
Prenant la parole devant les membres de la commission des Affaires économiques de la Knesset, Melcer a critiqué ce qui s’apparente, selon lui, à une stratégie consistant à présenter simultanément plusieurs projets de loi d’initiative parlementaire dans le but d’occulter l’ampleur de ce qui est réellement en train de se décider.
« Si nous regardons l’image dans son ensemble, il s’agit là de nier la nature démocratique de l’État, car cette nature démocratique dépend de la liberté des médias », a-t-il dit aux députés présents dans la salle.
Les critiques – avec parmi eux la Foreign Press Association (FPA) et le syndicat des journalistes israéliens – accusent le gouvernement de chercher à saper la démocratie en faisant avancer des initiatives législatives qui lui permettraient de contrôler les données d’audience des chaînes de télévision et de privatiser la société publique israélienne de radiodiffusion ainsi que la radio militaire.
« Le marché privé suffoque à cause d’une réglementation excessive et les services publics de radiodiffusion ne sont pas publics et ils sont même parfois nuisibles », a assuré le ministre des Communications, Shlomo Karhi, qui a réclamé « un débat de fond, responsable, ce qui constitue la base d’une prise de décision démocratique ».
« Le concept de radiodiffusion publique était nécessaire au siècle dernier ; aujourd’hui, rien ne justifie son financement aux frais de l’État – et certainement pas dans le domaine de l’information et de l’actualité. J’ai l’intention de privatiser ou de fermer la Société publique israélienne de radiodiffusion ; non seulement elle ne vaut rien, mais elle porte atteinte au marché et elle perpétue les injustices », a-t-il affirmé, s’insurgeant contre « de la propagande » et des « émissions tendancieuses et offensantes ».
« Ma vision d’un service public de radiodiffusion, c’est qu’il n’y ait pas d’informations et d’actualités financées par le public. Quand ils disent que je veux reprendre le modèle de la Russie, c’est exactement le contraire. La chaîne 11 sera consacrée uniquement à des productions originales et à des créations israéliennes », le gouvernement allouant 500 millions de shekels à ce genre de contenu, a expliqué Karhi.
« Ce qui démontre bien que ces projets de loi privés ont été mandatés par le gouvernement et qu’ils auraient dû passer par la procureure-générale », a rétorqué Melcer.
Mercredi également, l’Union européenne de radiotélévision a averti que les changements prévus pourraient compromettre la participation d’Israël au concours de l’Eurovision, restreindre l’accès aux retransmissions de la Coupe du monde et « entraîner un vide dans la diffusion d’informations fiables » sur Israël.