Haro sur le passé nazi: une rue nommée Porsche débaptisée en Autriche
Ferdinand Porsche "a joué un rôle central dans l'économie de guerre du national-socialisme et a promu le travail forcé des détenus du camp de concentration", explique la ville
La ville autrichienne de Linz va débaptiser une rue honorant Ferdinand Porsche, fondateur du constructeur de bolides de luxe, en raison de son passé nazi, dans le cadre d’un travail de mémoire longtemps ignoré.
Le conseil municipal doit entériner la décision « la semaine prochaine », a indiqué une porte-parole jeudi à l’AFP. La nouvelle appellation n’est pas encore connue.
Ferdinand Porsche (1875-1951) « a joué un rôle central dans l’économie de guerre du national-socialisme et a promu de manière active le travail forcé des prisonniers de guerre et détenus du camp de concentration », explique la ville dans un communiqué.
En fermant les yeux sur ces « conditions inhumaines », « il a accepté leur mort », selon la même source.
Linz avait mandaté six experts en 2019 pour se pencher sur le sujet. Dans leur rapport publié en novembre, ils plaçaient Porsche dans la catégorie de « ceux qui ont propagé de manière active » l’idéologie raciste et antisémite nazie.
Ingénieur, entrepreneur, pionnier de l’automobile et de l’aéronautique, ce natif de l’empire austro-hongrois est aux origines de la saga du groupe allemand.
Contacté par l’AFP, ce dernier n’avait pas répondu dans l’immédiat.
Mais selon le quotidien Kurier, la décision de Linz n’a guère été appréciée. « De notre point de vue, aucun progrès social ne sera atteint en faisant table rase de l’histoire dans l’espace public », a commenté le constructeur.
Outre le « chemin Porsche », trois autres artères rendant hommage à des personnages controversés vont être rebaptisées dans cette commune de la Haute-Autriche, située à moins de 200 km de Vienne.
La commission a identifié 64 noms « problématiques », faisant référence à des membres du parti nazi, sur les 1 158 examinés.
L’Autriche compte encore de nombreuses rues ou statues qui font débat même si certaines ont changé de nom ou si des explications historiques ont été accolées aux plaques.
Le pays natal d’Adolf Hitler, annexé en 1938 par l’Allemagne nazie, s’est longtemps présenté comme une victime du nazisme, niant la complicité de nombreux Autrichiens dans les crimes du IIIe Reich.
Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1980 qu’il a commencé à examiner sa responsabilité dans l’Holocauste. Au total, 65 000 Juifs autrichiens furent assassinés et 130 000 contraints à l’exil.