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Heurts au mont du Temple entre policiers et Palestiniens

Après une nouvelle évaluation sécuritaire, les forces de l'ordre autorisent temporairement l'accès aux Juifs sur le mont du Temple, le jour du jeûne de Tisha Beav

Des affrontements ont éclaté dimanche entre les fidèles musulmans et les forces de la police israélienne sur le site sacré du mont du Temple à Jérusalem.

Au moins 61 fidèles musulmans ont été blessés lors des heurts dont une quinzaine ont été hospitalisés, selon le Croissant-Rouge. Au moins quatre officiers israéliens ont également été légèrement blessés, a précisé la police.

Après une évaluation de la sécurité, la police a déclaré que les non-musulmans seraient empêchés d’entrer sur le mont du Temple, où des dizaines de milliers de fidèles musulmans étaient arrivés dans la matinée. Des centaines de Juifs s’étaient rassemblés aux portes du site saint dimanche matin.

Mais, après des critiques, elle a rouvert la seule porte d’entrée que les juifs peuvent emprunter pour accéder au site. Néanmoins la situation s’est tendue lorsque des centaines de juifs ont pu pénétrer dans le périmètre du site.

Les musulmans croient que le site « est à eux mais il est à nous ! », a affirmé une jeune femme juive, Sophia Gehula Cohen, entrée sur le site. « Ça fait 2 000 ans qu’on attend pour être ici et le jour (anniversaire) où le Temple est détruit, on nous dit de ne pas entrer, c’est grave ! ».

Selon la police, des fidèles musulmans ont commencé à lancer des « appels nationalistes » sur le mont du Temple dimanche matin – « Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Al-Aqsa ». « C’est notre mosquée, c’est notre Aïd, mais l’armée est arrivée et elle a commencé à frapper et à lancer des grenades assourdissantes », a déclaré à l’AFP, Assia Abou Snineh, 32 ans, tunique rose pâle et voile clair. En réponse, la police a tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et d’autres armes anti-émeutes moins meurtrières sur les manifestants.

La police a déclaré que les policiers « travaillaient pour séparer les émeutiers afin de rétablir l’ordre public ».

La violence s’est répandue dans les environs et plusieurs hommes ont été attaqués dont un conducteur juif dans un quartier arabe voisin de la Vieille Ville, – un policier les a chassés en tirant des tirs de sommation en l’air. Deux suspects ont ensuite été appréhendés, a annoncé la police.

La police avait renforcé ses effectifs à Jérusalem.

D’après des médias en hébreu, la décision a été prise par « les dirigeants politiques ».

Des responsables de droite ont condamné le Premier ministre pour la mesure, la Droite Unie la qualifiant de « honteuse » et appelant Benjamin Netanyahu à l’annuler.

Le ministre des Transports Bezalel Smotrich, membre de la Droite Unie, estime qu’interdire les visiteurs juifs était « honteux et une infamie ».

« Cette décision revient à céder au terrorisme et à la violence arabes sur le site le plus saint du judaïsme, et explique pourquoi il y a de moins en moins de dissuasion dans d’autres endroits », a-t-il ajouté.

Smotrich a également appelé le chef du gouvernement à permettre immédiatement l’accès au site aux Juifs.

Une source au sein du bureau du Premier ministre a démenti le rôle de Benjamin Netanyahu dans la fermeture du mont, précisant que la décision dépend de l’évaluation de la situation par la police.

« À aucun moment le Premier ministre Netanyahu n’a donné l’ordre de fermer l’accès au mont du Temple », d’après cette source.

« Cela montre la dimension religieuse du conflit », a de son côté réagi dans un communiqué Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement terroriste islamiste palestinien du Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

Traditionnellement, les autorités israéliennes proscrivent l’accès au site aux non-musulmans lors des fêtes musulmanes, pour éviter les tensions religieuses, mais des exceptions ont déjà été faites lorsque des fêtes juives ont lieu en même temps.

En juin, la police avait ainsi autorisé le site aux Juifs pour Yom Yeroushalayim, qui coïncidait cette année avec les derniers jours du Ramadan, donnant lieu à des affrontements entre fidèles musulmans et la police.

Les forces de sécurité israéliennes montent la garde devant la Porte dorée, également appelée Porte de la miséricorde, lors d’une visite par un groupe de Juifs religieux du mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 7 mars 2019. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Vendredi, le conseil du Waqf, responsable du site, avait appelé les musulmans à se réunir en masse à la mosquée d’Al-Aqsa sur le mont du Temple pour empêcher les Juifs de s’y rendre, après que les forces de l’ordre ont indiqué songer à autoriser les non-musulmans à s’y rendre.

L’année dernière, un nombre record de Juifs y avait été recensé à Tisha BeAv, suscitant la protestation de l’Autorité palestinienne et la Jordanie, laquelle supervise le site via le Waqf.

Samedi soir, de petites échauffourées entre la police et des Palestiniens de Jérusalem-Est ont éclaté à la porte de Damas de la Vieille Ville de Jérusalem, au passage d’un défilé annuel de militants de droite.

Pendant la nuit, des milliers de fidèles juifs se sont réunis au mur Occidental, le point le plus proche du mont du Temple où les Juifs sont autorisés à prier, pour lire les psaumes et d’autres textes liturgiques pour Tisha Beav.

Révéré par les Juifs comme leur site le plus sacré et troisième lieu saint de l’islam, le mont du Temple se trouve à Jérusalem-Est, annexée depuis 1967 par Israël. Les forces israéliennes contrôlent tous ses accès et y pénètrent en cas de troubles. Les Juifs sont autorisés à venir sur le site pendant des heures précises, mais ne peuvent pas y prier, pour éviter d’attiser les tensions.

Dans un communiqué vendredi, le Grand Mufti de Jérusalem, Mohammed Hussein, l’un de ses prédécesseurs Ekrima Sabri et le responsable du Waqf Abdel Azeem Sahlab ont fait savoir que toutes les mosquées de Jérusalem seraient fermées dimanche sauf celle d’al-Aqsa afin que le plus de musulmans possibles puissent se rendre sur le mont.

Ils ont expliqué que la décision faisait suite à l’annonce de la police selon laquelle elle autoriserait les Juifs à s’y rendre.

« La population de Jérusalem et de ses environs se tiendront unis face aux ambitions des colons », ont-ils ainsi prévenu dans le communiqué.

Bassem Abu Labda, un responsable du Waqf, a indiqué par téléphone qu’Israël serait « bien avisé » d’interdire aux Juifs d’accéder au site dimanche.

Le député Likud Yehudah Glick, un autre militant du mont du Temple, a qualifié la décision du Waqf de « provocation minable ».

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