Six membres d’une famille élargie du Kibboutz Beeri libérés, un homme toujours otage
Yahel et Naveh et leur mère Adi Shoham, leur grand-mère Shoshan Haran, la belle-sœur de cette dernière, Sharon Avigdori, et sa fille Noam, 12 ans, libérés après 50 jours ; Tal Shoham est toujours en captivité

Shoshan Haran, sa fille Adi Shoham, ses petits-enfants Yahel Neri, 3 ans, et Naveh, 8 ans, ainsi que la belle-sœur de Haran, Sharon Avigdori, et la fille de cette dernière, Noam, 12 ans, ont été libérés le 25 novembre dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu temporaire négocié par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis entre le Hamas et Israël. Le père Tal Shoham est toujours captif à Gaza.
Les familles Haran, Avigdori, Shoham et Kipnis célébraient ensemble la fête de Souccot au kibboutz Beeri lorsque les terroristes du Hamas ont capturé toute la famille lors de l’attaque sanglante du 7 octobre lancée par le groupe terroriste depuis la bande de Gaza.
Dix membres de la famille ont d’abord été portés disparus après le massacre, dont Shoshan Haran, 67 ans, et son mari Avshalom Haran, 66 ans ; leur fille Adi Shoham, 38 ans, psychologue, son mari Tal, et leurs deux enfants Yahel Neri, 3 ans, et Naveh, 8 ans ; la sœur d’Avshalom Haran, Sharon Avigdori, psychologue spécialisée, et sa fille de 12 ans, Noam.
Le 17 octobre, la famille a appris que les dépouilles d’Eviatar Kipnis, 65 ans, et d’Avshalom Haran avaient été identifiées. Le 23 octobre, la famille a appris que Lilach Kipnis avait également été déclarée morte.
« Toute la famille est décimée », a déclaré le neveu de Kipnis, Maayan Smith. « Nous ne savions pas s’ils étaient vivants ou morts. »
Shoshan et le fils d’Avshalom Haran, Yuval, ainsi que sa belle-fille, Annalee Milstein, habitent eux aussi à Beeri – mais ils étaient allés à un festival de musique et ils ne se trouvaient pas au kibboutz au moment des atrocités. Un festival qui n’était celui de la rave Supernova, où 260 personnes ont été massacrées et où un nombre de personnes encore indéterminé ont été prises en otage – elles seraient au moins des dizaines – par les terroristes du Hamas.
Yuval Haran avait appelé ses parents lorsqu’il avait entendu qu’un barrage de roquettes s’était abattu sur le sud d’Israël, dans la matinée du 7 octobre, des tirs qui devaient donner le coup d’envoi à l’assaut des hommes du Hamas, et sa mère Shoshan avait répondu au téléphone en chuchotant, expliquant qu’elle entendait les cris des terroristes à l’extérieur. Shoshan et Avshalom Haran avaient ensuite cessé de répondre et ils s’étaient contentés d’envoyer des textos, disant à Yuval et Annalee que leur situation était critique et qu’ils n’étaient pas certains de survivre à ce qui était en train de se passer.
Le corps sans vie de l’aide-soignant d’Eviatar, Paul Castelvi, a été retrouvé plusieurs jours plus tard dans la forêt de Beeri, située à proximité.
Lorsque le corps de Castelvi a été identifié, la famille a craint que les dix membres de la famille aient également été tués.

Elle a reçu ensuite un appel téléphonique des forces de sécurité, qui ont annoncé qu’il y avait une grande chance que les 10 portés disparus se trouvent à Gaza.
« Alors tout reste en jeu », a répondu Smith.
Les membres des familles Haran et Kipnis tentent de rassembler des informations par leurs propres moyens.
Selon Shoshan et le frère de Lilach, Aviv, qui s’est rendu au domicile des Haran, la maison a été incendiée et il n’y a pas de cadavre à l’intérieur.
Un ami d’Avshalom Haran avait tenté de l’appeler à de nombreuses reprises, ce funeste samedi, et quelqu’un avait enfin répondu au téléphone, s’exprimant dans un hébreu teinté d’accent arabe, et avait dit le mot : « Kidnappé ».
En traquant les téléphones mobiles des membres de la famille, leurs proches ont pu constater qu’au moins une partie de la famille Haran se trouvait à Gaza.

La situation est d’une ironie cruelle, a continué Smith, dans la mesure où la famille a toujours été impliquée dans l’activisme en faveur de la justice sociale.
« Ce sont des personnes de paix, des activistes qui défendent la justice sociale », a-t-elle dit. « Ce sont des personnes qui sont tout simplement extraordinaires – le kibboutz tout entier était, lui aussi, extraordinaire ».
Lilach, psychologue, travaille avec des enfants confrontés au traumatisme – en particulier originaires du sud du pays – et elle a milité dans les organisations Women in Black et Women Make Peace, dans le cadre du mouvement anti-guerre lancé par les femmes dans le monde entier. Elle manifestait fréquemment contre la présence israélienne en Cisjordanie, a noté Smith.
Shoshan Haran est agronome spécialisée dans la protection des végétaux – dont le travail comprend notamment une start-up qui s’est attaquée au problème de l’absence de semences de qualité pour les agriculteurs dans les pays en développement, dans le cadre de la lutte contre la faim dans le monde.
La famille assure la liaison avec le gouvernement allemand par le biais de Shoshan, qui est citoyenne allemande comme le sont aussi sa fille et ses petites-filles.
Eviatar et Lilach sont ressortissants italiens et le Tal, le gendre de Shoshan, a la nationalité autrichienne.
« Lilach et Tari sont des personnes de paix qui ont la certitude que la coexistence est possible et qui ont des amis bédouins », a dit Smith. « Leur priorité, dans la vie, c’est la lutte contre l’occupation. Ce sont leurs valeurs ».