Ilan Greilsammer : dilemme entre sécurité et libertés individuelles
En Israël, "la sécurité civique passe avant tout" selon le professeur israélien de sciences politiques
Ilan Greilsammer, spécialiste de la lute anti-terroriste et professeur de sciences politiques à l’université de Bar Ilan, a été interviewé par les journalistes de RTL.
Ces derniers ont voulu comprendre comment une population fait pour vivre au quotidien sous la menace terroriste et comment une société démocratique allie sécurité et libertés individuelles.
Ilan Greilsammer explique qu’il y a une tension et un dilemme forcés entre les deux notions pour toutes les sociétés démocratiques et que ce débat continuera à avoir lieu tant l’équilibre est difficile à trouver.
Le spécialiste souligne « qu’Israël n’a jamais eu un attentat de l’ampleur de ceux qui se sont passés à Paris. »
Pendant la seconde Intifada Israël a cependant connu des attentats qui ont parfois fait des vingtaines de victimes.
Selon le professeur, « Israël n’a pas connu d’événements aussi grave » mais souligne que la population israélienne est habituée aux problèmes de sécurité du fait qu’Israël soit en guerre depuis sa création.
C’est une question d’habitude et de connaissance de la réalité israélienne. Les citoyens israéliens connaissent les risques.
Cette « habitude » se traduit pas des contrôles de sécurité dans les lieux publics plus récurrents en Israël.
Pendant la seconde Intifada, explique le professeur, il y avait des contrôles dans tous les lieux publics, dans les bus, dans les centres commerciaux, etc… Ces contrôles n’ont pas tous subsisté.
Depuis la recrudescence des attaques au couteau, certains des établissements publics sont de nouveau protégés par des gardes. Pour Ilan Greisammer, les institutions publiques israéliennes restent de manière générale « peu gardées. »
Il souligne toutefois que les services israéliens, extérieur et intérieur, sont plus « entrainés et peut être plus efficaces » que les services français.
En ce qui concerne la question de l’incarcération préventive de personnes pouvant être dangereuses pour la sécurité de l’État en Israël, le professeur reconnaît que la sécurité prévaut en général sur les droits de l’Homme. Notamment concernant « les internements administratifs sans procès pendant des périodes souvent prolongées ».
Ces périodes peuvent durer des mois, voire des années. Le professeur explique que cette question des détentions administratives soulève un débat controversé auprès de la gauche israélienne.
Cependant, la société israélienne semble regarder ces détentions comme une nécessité, « la sécurité civique pass[ant] avant tout ».