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Immunité : Washington accusé de vouloir aider Netanyahu à retarder les débats

Le Likud songe à demander le report du vote de mardi sur la formation d'un panel chargé d'examiner la requête de leur n°1 - lui et Gantz partant pour Washington ce jour-là

Le vice-président américain Mike Pence salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors du 5e Forum mondial sur la Shoah à Yad Vashem, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit : RONEN ZVULUN / POOL / AFP)
Le vice-président américain Mike Pence salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors du 5e Forum mondial sur la Shoah à Yad Vashem, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit : RONEN ZVULUN / POOL / AFP)

Le parti Kakhol lavan aurait affirmé jeudi que la Maison Blanche tentait d’aider le Premier ministre Benjamin Netanyahu à retarder les délibérations de la Knesset sur sa demande d’immunité contre les accusations de corruption, en l’invitant à Washington pour discuter du plan de paix de l’administration Trump.

Le vice-président américain Mike Pence a confirmé jeudi que Benjamin Netanyahu se rendrait à la Maison Blanche la semaine prochaine. Il a déclaré qu’à l’instigation de ce dernier, il avait également invité le chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, le principal rival du Premier ministre lors des prochaines élections.

Le voyage aura lieu mardi, a confirmé la Maison Blanche, le jour même où la Knesset doit statuer sur la création de la commission qui examinera la demande de Netanyahu d’être protégé des accusations de corruption dans trois affaires criminelles.

« Lorsque Yuli Edelstein a déclaré que les délibérations auraient lieu mardi », a indiqué une source de la formation centriste au quotidien Haaretz, « nous avons estimé qu’il l’avait fait en sachant que Netanyahu et Benny Gantz seraient invités à Washington le même jour ».

La source a précisé qu’à ce stade, Kakhol lavan n’avait pas l’intention de repousser la procédure d’immunité.

Benny Gantz (à droite) et Yair Lapid de Kakhol lavan lors d’une réunion de faction à la Knesset, le 18 novembre 2019. (Hadas Parush/Flash90)

Le Likud, en revanche, chercherait à retarder le vote, en invoquant l’intention déclarée de l’administration Trump de dévoiler son plan de paix, selon les médias en hébreu. Jeudi, le Premier ministre a déclaré – et Pence l’a confirmé – qu’il avait suggéré à Gantz de le rejoindre à Washington.

Les ministres du Likud envisageaient de demander à Edelstein de retarder la convocation du plénum ce jour-là, d’après la chaîne publique Kan.

Netanyahu cherche à empêcher la formation d’une commission de la Chambre des représentants pour examiner sa demande d’immunité avant l’élection du 2 mars, car sous la composition de l’actuelle Knesset, il est pratiquement assuré qu’elle soit rejetée.

Le député de Kakhol lavan Avi Nissenkorn, chef de la commission des Arrangements de la Knesset, a fixé mardi 30 janvier à 14h30 le début des auditions de Netanyahu, qui devraient durer une semaine et comprendre six sessions.

Le début des auditions dépend toutefois du vote en plénière prévu mardi pour former la commission parlementaire.

Dimanche, Edelstein a accepté de convoquer ce plénum du Parlement la semaine prochaine, une décision qui a immédiatement suscité l’ire de son parti. Netanyahu aurait fulminé, une déclaration attribuée à ses associés affirmant : « Il est triste de voir comment Edelstein est tombé dans le piège tendu par la gauche. De ses propres mains, il permet à la Knesset de devenir un cirque politique pendant les élections en prêtant main forte aux ruses de la gauche, qui tente d’utiliser la Knesset pour neutraliser Netanyahu ».

Edelstein est pris dans un étau politique, entre la colère du Likud d’une part et la menace de Kakhol lavan de l’évincer du perchoir, d’autre part, s’il ne parvenait pas à ordonner la convocation de l’assemblée plénière. On pense que le parti centriste dispose d’un nombre de voix suffisant pour mettre cette menace à exécution.

Le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz avec le président de la Knesset, Yuli Edelstein, à la résidence du président Rivlin pour la réception de 40 dirigeants étrangers dans le cadre du Forum mondial de la Shoah, le 22 janvier 2020. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Une fois formée, la commission parlementaire pourrait débattre et éventuellement voter sur la demande d’immunité de Netanyahu dans les semaines à venir, avant le jour des élections. Même si elle ne parvient pas à un verdict d’ici là, il est probable que ses réunions maintiendront les procédures pénales de Netanyahu au centre de la campagne électorale.

Le Premier ministre et ses partisans ont fait valoir que la commission ne devrait pas être formée parce que le gouvernement israélien est en transition, et aussi parce qu’il n’y a pas assez de temps avant les élections pour qu’elle puisse évaluer correctement la demande d’immunité.

Netanyahu a annoncé début janvier qu’il allait demander l’immunité parlementaire à la Knesset, la loi imposant un certain délai pour ce faire, à la suite de la décision du procureur général Avichai Mandelblit de l’inculper dans trois affaires de corruption. Ce dernier ne peut officiellement pas le faire tant que la Knesset n’aura pas soumis sa demande à un vote.

A LIRE : Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre

La commission n’étant pas pourvue en raison de l’impasse politique persistante d’Israël, il semblait que la Knesset ne reprendrait le débat sur l’immunité qu’après les prochaines élections – donnant ainsi au Likud et à ses alliés une chance de remporter une majorité de sièges qui pourrait garantir l’immunité du chef du gouvernement sortant, ou tout au moins retarder un procès de plusieurs mois.

Mais le conseiller juridique de la Knesset, Eyal Yinon, a par la suite décidé qu’Edelstein n’avait pas le droit d’empêcher le plénum de la Knesset de former une commission parlementaire, ouvrant ainsi la voie à la création du panel.

Netanyahu est accusé de fraude et d’abus de confiance dans trois cas, et de corruption dans l’un d’entre eux. Il nie tout méfait et affirme, sans preuve, que les accusations font partie d’une tentative de « coup politique » contre lui impliquant l’opposition, les médias, la police et le ministère public.

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