Israël conseille au Liban de s’assurer que le Hezbollah respectera la trêve – sauf à en payer le prix
Des frappes israéliennes présumées ont touché le sud-Liban et la Syrie ; Les Etats-Unis feront en sorte que Jérusalem et Beyrouth respectent l'accord
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Israël Katz a fait savoir, mardi, que si le cessez-le-feu conclu il y a peu avec le Hezbollah devait s’effondrer, l’État libanais ne serait plus considéré comme exempt de responsabilité vis-à-vis des attaques, ajoutant que la riposte militaire d’Israël ne ferait plus le distinguo entre les terroristes et le pays qui les héberge.
Lundi, le cessez-le-feu conclu la semaine dernière après 14 mois de conflit – des hostilités dont le Hezbollah était à l’origine – avait été ébranlé par une attaque au mortier du Hezbollah en territoire israélien, entraînant des frappes de représailles de Tsahal sur le sud-Liban.
La France et les États-Unis ont fait en sorte de convaincre Jérusalem et Beyrouth de ne pas donner dans la surenchère afin que la trêve ne s’effondre pas – mais les médias libanais ont fait état de frappes israéliennes dans le sud-Liban et près de l’aéroport international de Damas, en Syrie.
« Nous ferons le maximum pour faire respecter toutes les dispositions de l’accord de cessez-le-feu, le tout dans un contexte de puissance maximale et de tolérance zéro », a déclaré Katz, en déplacement dans le nord d’Israël, là où 60 000 riverains avaient dû être évacués en octobre dernier, lorsque le Hezbollah avait commencé à tirer sur Israël en soutien au groupe terroriste palestinien du Hamas en guerre contre Israël.
« Hier fut le premier test grandeur nature: [le Hezbollah] a tiré sur le mont Dov. Nous avons réagi avec force, comme nous le ferons toujours, car nous ne laisserons pas le Hezbollah revenir à ses vieilles habitudes, comme cela avait été le cas avec ce chapiteau qui avait été installé sans être attaqué », a-t-il expliqué en parlant d’une structure du Hezbollah qui avait été dressée le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban.
Katz a précisé que le Liban devait « laisser l’armée libanaise faire sa part, tenir le Hezbollah à l’écart des rives du fleuve Litani et en démanteler toutes les infrastructures ».
« S’ils ne le font pas et que l’accord s’effondre, alors ce sera très clair. Si nous reprenons les hostilités, nous le ferons avec force, en allant plus loin. Il faut surtout qu’ils sachent qu’il n’y aura plus d’immunité pour l’État libanais », a-t-il poursuivi.
« Si, jusqu’à présent, nous avons fait le distinguo entre l’État libanais et le Hezbollah, et entre Beyrouth dans son ensemble et Dahiyeh, que nous avons frappée très durement, ce ne sera plus le cas », a averti Katz.
Le média Al-Manar, affilié au Hezbollah, a indiqué que des frappes au drone israéliennes avaient eu lieu à Beit Lif, et plus tard, à Deir Seryan.
L’agence de presse syrienne officielle a pour sa part fait état d’une attaque aérienne israélienne qui a pris pour cible un véhicule sur la route menant à l’aéroport de Damas. Le véhicule en question aurait explosé.
« Une voiture a explosé après avoir été la cible d’une agression israélienne sur la route conduisant à l’aéroport international de Damas », a rapporté SANA, de source policière, sans toutefois préciser qui était visé ni s’il y avait eu des victimes.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme, observatoire de la guerre installé au Royaume-Uni et dirigé par une personne avec des ressources de statut incertain, a indiqué qu’une personne avait été tuée et une autre blessée dans le cadre d’une frappe au drone israélien, sans dire précisément qui était visé.
Selon certains médias arabes, la frappe aurait tué un haut-commandant du Hezbollah.
La veille, la radio syrienne Sham FM avait fait savoir que des frappes aériennes israéliennes avaient pris pour cible des postes-frontières situés entre le Liban et la Syrie, dans la région d’al-Qusayr, une zone déjà frappée par Israël parce que le Hezbollah l’utilise pour faire passer des armes iraniennes de contrebande au Liban.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes dans ce pays sans pour autant les commenter, se bornant à dire qu’il ne laisserait pas l’Iran s’enraciner en Syrie ou fournir des armes au Hezbollah en passant par la Syrie.