Israël discute avec le Congo et d’autres pays du plan « d’émigration volontaire » de Gaza
Selon un responsable, Jérusalem travaille sur un plan pour les Palestiniens qui voudraient partir après la guerre ; certains ministres évoquent l'Arabie saoudite pour accueillir les ouvriers gazaouis du secteur de la construction
Le déplacement « volontaire » des Palestiniens de Gaza est lentement en train de devenir une politique officielle déterminante du gouvernement, avec un responsable de premier plan qui a annoncé qu’Israël avait évoqué le sujet avec plusieurs pays qui seraient susceptibles de les intégrer.
Zman Yisrael, le site en hébreu du Times of Israel, a ainsi appris que la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu discutait, à l’abri des regards, avec le Congo au sujet de l’acceptation de milliers de migrants originaires de Gaza. Il parlerait aussi avec d’autres nations susceptibles d’être intéressées par ces nouveaux arrivants.
« Le Congo sera désireux d’accueillir des migrants et nous sommes en pourparlers avec d’autres », a déclaré une source du cabinet de sécurité.
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Il y a des inégalités fortes au Congo, pays où 52,5 % de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté, selon le Programme alimentaire mondial.
Pour sa part, Gaza fait face à une crise humanitaire croissante dans un contexte de guerre opposant Israël et le Hamas – une guerre qui a éclaté le 7 octobre, quand des milliers de terroristes ont franchi la frontière séparant l’État juif de l’enclave côtière et qu’ils ont semé la désolation dans les communautés du sud d’Israël, massacrant environ 1 200 personnes et prenant 240 personnes en otage.
Lundi dernier, Netanyahu a déclaré, lors d’une réunion de faction du Likud, qu’il œuvrait à faciliter l’émigration volontaire des Gazaouis vers d’autres pays.
« Notre problème est de trouver des pays qui sont désireux d’intégrer les Gazaouis et nous travaillons là-dessus », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre répondait alors à Danny Danon, député du Likud, qui avait affirmé que « le monde évoque d’ores et déjà les possibilités d’immigration volontaire » – une idée qui a pourtant été vivement rejetée par la communauté internationale.
Le plan a d’ores et déjà remporté l’adhésion des partis d’extrême-droite Hatizonout HaDatit et Otzma Yehudit, qui sont dirigés respectivement par Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, et par Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale.
Mardi, le département d’État américain a interpellé Smotrich et Ben Gvir pour leur promotion du déplacement des Gazaouis, dénonçant une rhétorique jugée « incendiaire et irresponsable ». Smotrich a rejeté ces propos mercredi, affirmant que plus de 70 % des Israéliens « encouragent l’émigration volontaire » dans la mesure où « deux millions de personnes se réveillent, tous les matins, avec le désir de détruire l’État d’Israël ».
Le Bureau de Netanyahu a émis des communiqués, dans le passé, établissant ouvertement que Smotrich et Ben Gvir n’étaient pas représentatifs de la politique officielle du gouvernement sur le sujet, malgré les paroles qui ont été prononcées depuis par le Premier ministre, la semaine dernière, en soutien à un transfert de population.
Les ministres et les députés du Likud, de Netanyahu, prônent également cette politique.
Ainsi, mardi, la ministre des Renseignements, Gila Gamliel, a confié à Zman que « l’émigration volontaire est le meilleur programme, le programme le plus réaliste, pour le lendemain de la fin de la guerre. »
Pendant une conférence qui a été organisée à la Knesset pour examiner les possibilités de l’après-guerre à Gaza, Gamliel a indiqué que « à la fin de la guerre, la gouvernance du Hamas s’effondrera. Il n’y a pas d’autorités municipales ; la population civile dépendra entièrement des aides humanitaires. Il n’y aura pas de travail et 60 % des terres agricoles, à Gaza, deviendront des zones-tampons par nécessité sécuritaire ».
Lors de discussions en interne, Gamliel a présenté une carte de Gaza après les combats qui montre que les résidents qui resteront se trouveront coincés. Israël rompra tous les liens avec Gaza et élargira sa zone-tampon pour assurer sa sécurité ; il contrôlera le corridor de Philadelphie qui court sur la frontière entre l’Égypte et Gaza sur 14 kilomètres (un plan fustigé par un député égyptien une fois annoncé par Netanyahu, samedi) avec la mise en place d’un blocus naval permanent.
La ministre a ajouté que la bande de Gaza ne devait pas être confiée à l’Autorité palestinienne et que les Gazaouis ne devaient pas être éduqués à haïr Israël – ce qui signifierait que de nouvelles attaques ne seraient qu’une question de temps. Tout en rejetant la perspective de voir l’Autorité palestinienne revenir au pouvoir au sein de l’enclave côtière, le gouvernement n’a donné que peu de détails sur l’entité politique qui, selon lui, devrait diriger Gaza au lendemain de la guerre.
« Le problème de Gaza n’est pas seulement notre problème », a dit Gamliel. « Le monde devrait soutenir l’émigration humanitaire parce que c’est la seule solution que je connaisse ».
Danon, du Likud, est un autre partisan de premier plan de ce projet visant à encourager les Gazaouis à quitter la bande.
Il a présenté mardi son plan en cinq points lors d’une conférence à la Knesset (qui prévoit la démobilisation, l’établissement d’une zone-tampon, une présence israélienne au poste-frontière de Rafah qui sépare Gaza et l’Égypte, l’émigration volontaire et l’éradication de l’atmosphère favorable au terrorisme au sein de l’enclave côtière).
Au mois de novembre, il avait publié une Opinion dans le Wall Street Journal aux côtés de Ram Ben Barak, député élu sous l’étiquette de Yesh Atid, où les deux hommes détaillaient ce plan d’émigration des Palestiniens de Gaza pour la toute première fois, appelant les « pays du monde à accepter un nombre limité de familles gazaouies qui ont fait part de leur désir de s’installer ailleurs ». Ben Barak avait ensuite semblé prendre ses distances avec le texte, affirmant que ce dernier « n’avait pas été totalement compris ».
Le cabinet de sécurité devait se rencontrer, mardi dans la soirée, pour parler de l’après-guerre à Gaza.
Les ministres avaient l’intention de présenter leurs plans respectifs et dans des discussions qui ont eu lieu entre certains d’entre eux, l’idée de demander à l’Arabie saoudite d’accepter des centaines de milliers de Palestiniens, pour le travail, a également été évoquée. Le royaume du Golfe est actuellement en train de vivre un essor énorme de son secteur de la construction et il emploie près d’un demi-million d’ouvriers qui viennent principalement, pour le moment, d’Inde, du Bangladesh et d’autres pays.
La discussion, au cabinet de sécurité, a été annulée au profit de consultations sécuritaires imprévues et elle été reportée à mercredi après la mort du numéro 2 de l’aile politique du Hamas, Saleh al-Arouri — il était recherché depuis des années par Israël et il était considéré comme le cerveau des actes terroristes commis par le groupe en Cisjordanie. Il a été tué dans une frappe israélienne présumée commise dans le quartier de Dahiyeh, à Beyrouth.
L’idée de ce déplacement des Gazaouis devait, semble-t-il, se trouver au centre de la réunion du cabinet de mercredi.
Un débat qui survient alors que Washington manifeste une frustration croissante à l’égard du gouvernement de Netanyahu, que l’administration Biden a continué à soutenir diplomatiquement et militairement dans la guerre mais avec lequel elle se querelle de manière de plus en plus visible sur le sujet de l’après-guerre à Gaza.
Jacob Magid et le Times of Israel ont contribué à cet article, qui a été publié à l’origine en hébreu sur le site hébréophone du Times of Israel, Zman Yisrael.
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