Pour un élu égyptien, les idées de Netanyahu sur Gaza après-guerre violent le traité de paix
Selon Mustafa Bakri, le fait qu'Israël contrôle le « passage de Philadelphie », à la frontière égyptienne, est une atteinte à sa souveraineté qui requiert l'usage de la force pour déjouer les « plans de l'ennemi »
Un député égyptien s’en est pris, samedi, au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour avoir déclaré qu’une fois qu’Israël aura terminé les combats dans la bande de Gaza, il gardera le contrôle sur la sécurité de l’enclave le long de la frontière avec l’Égypte.
Membre de la Chambre des représentants égyptienne, Mustafa Bakri a dénoncé cette idée, en laquelle il voit une atteinte à la souveraineté égyptienne et une violation du traité de paix entre Israël et l’Égypte, et a invité Le Caire à faire usage de sa puissance militaire pour contrecarrer ce projet.
Netanyahu a déclaré samedi soir, lors d’une conférence de presse, que la route de Philadelphie, également connue sous le nom de passage de Philadelphie, qui s’étend sur 14 kilomètres le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, « doit être entre nos mains » pour s’assurer que Gaza reste démilitarisée lorsque les combats prendront fin.
L’affirmation de Netanyahu « selon laquelle la zone de la route de Philadelphie, à la frontière égyptienne, devait être sous contrôle israélien, est une atteinte flagrante à l’accord de paix entre les deux pays », a posté Barki sur X, anciennement Twitter.
« Ne vous avisez pas d’approcher. La frontière égyptienne est une ligne rouge. Il semble que vous méconnaissiez la puissance de notre armée et la capacité de notre peuple. »
Dans une autre publication, Bakri a demandé une riposte décisive à « l’insolence » de Netanyahu.
« La menace d’occupation de la route (de Philadelphie) doit donner lieu à des protestations officielles et à un avertissement car cela constitue une violation de l’accord de paix signé entre les deux pays », a-t-il écrit. « Il s’agit d’une atteinte à la souveraineté égyptienne. »
Bakri a déclaré que le déploiement des forces israéliennes le long de la route provoquerait « l’asphyxie de Gaza » et en ferait une « immense prison », tout en permettant à Israël d’imposer « un siège permanent à sa convenance ».
Bakri a également affirmé que cela permettrait le déplacement des Palestiniens vers la péninsule du Sinaï.
« Le silence ne sert à rien avec eux [les Israéliens] : nous sommes convaincus que les dirigeants et l’armée ne laisseront pas l’ennemi mettre en œuvre ses plans », a-t-il déclaré.
La guerre a éclaté suite au massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre dernier, au cours duquel des terroristes ont ravagé les communautés du sud, tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et kidnappé près de 240 otages séquestrés à Gaza. Israël a riposté par une campagne militaire visant à détruire le Hamas, le chasser du pouvoir à Gaza et libérer les otages.
Lors de sa conférence de presse, samedi soir, Netanyahu a également déclaré qu’après la guerre, Gaza ne serait plus gouvernée par une entité « qui finance le terrorisme, enseigne le terrorisme à ses enfants et verse de l’argent aux familles des terroristes », allusion à l’Autorité palestinienne, qui verse des allocations aux condamnés pour terrorisme et aux familles des terroristes tués. « Ni Fatahstan, ni Hamastan », a-t-il dit à propos de la future bande de Gaza.
Plus tôt ce mois-ci, la Douzième chaîne a rapporté que les autorités de sécurité israélienne avaient préparé des projets pour l’après-guerre à Gaza avec la construction d’une barrière souterraine le long du passage de Philadelphie et de la frontière entre Gaza et l’Égypte, afin d’empêcher la contrebande d’armes et de composants à travers des tunnels de la bande de Gaza.
Selon cette même source, les autorités de sécurité seraient également favorables à la création d’une force multinationale, avec notamment les États-Unis, la France et l’Allemagne, chargée de prendre le contrôle global de la bande de Gaza.
Depuis le début de la guerre, l’Égypte s’inquiète d’un possible afflux de Palestiniens de Gaza en quête d’abri dans le Sinaï. Elle a positionné des troupes, à commencer par ses chars, au poste-frontière de Rafah entre Gaza et l’Égypte.
L’Égypte est limitée, par son traité de paix de 1979 avec Israël, quant-au nombre de forces qu’elle est autorisée à stationner dans la péninsule du Sinaï, mais Israël a déjà autorisé le dépassement de ces limites pour lutter contre une insurrection islamique dans le secteur. Selon les termes du traité, cette zone frontalière est démilitarisée, l’Égypte étant toutefois autorisée à stationner sa police des frontières. Il est arrivé, par le passé, qu’Israël accepte de laisser l’Égypte déployer des forces militaires lourdes pour des actions contre les terroristes.