Excluant de démissionner après-guerre, Netanyahu affirme avoir renforcé Israël
La guerre contre le Hamas va durer des mois et la frontière entre Gaza et l'Égypte doit être « entre nos mains » pour assurer la démilitarisation, estime le Premier ministre

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré samedi qu’il n’avait aucunement l’intention de démissionner, mais bien au contraire de rester au pouvoir une fois la guerre terminée, afin de s’assurer que Gaza soit démilitarisée et qu’aucune nouvelle menace terroriste ne puisse émerger suite aux massacres du Hamas du 7 octobre dans le sud d’Israël.
Interrogé sur ses projets pour l’après-guerre, suite aux appels à la démission, Netanyahu a répondu : « La seule chose dont je vais me défaire, c’est du Hamas. »
« Pendant toutes ces années cours desquelles j’ai dirigé l’État d’Israël, ce dernier est devenu beaucoup plus fort », a-t-il affirmé, bien que le pays ait subi les pires pertes de toute son histoire le 7 octobre dernier, lorsque 1 200 civils ont été massacrés par le Hamas.
« Nous pouvons mener une guerre sur plusieurs fronts » depuis presque 90 jours, avec une « armée incroyable », une économie forte et un « soutien international », a-t-il clamé.
« Ma ligne est claire : continuer à nous battre jusqu’à ce que tous les objectifs de guerre aient été atteints, à savoir l’élimination du Hamas et la libération de tous nos otages », a déclaré Netanyahu aux journalistes lors d’une conférence de presse donnée depuis quartier général de l’armée israélienne à Tel Aviv, s’engageant à « ce que Gaza ne soit plus jamais une menace pour Israël ».
Il a souligné que la guerre durerait encore « de nombreux mois ».
« Pour obtenir une victoire totale, pour atteindre tous nos objectifs, il nous faut plus de temps. Nous agissons avec détermination et force, et je tiens à souligner que nous le faisons tout en protégeant autant que possible la vie de nos combattants », a-t-il assuré, ajoutant qu’Israël était en train « d’approfondir la lutte contre le Hamas ».
« Plus de 8 000 terroristes ont été tués » et les capacités militaires du Hamas sont détruites « les unes après les autres », a-t-il ajouté.
Il s’est également engagé à rétablir la sécurité le long de la frontière avec le Liban, dans le nord du pays, face à une aggravation des attaques du Hezbollah, afin que les habitants évacués puissent rentrer chez eux.
« Si le Hezbollah intensifie les combats, il subira des frappes dont il n’a jamais même pas idée. Et il en va de même pour l’Iran », a-t-il promis. « Nous nous battrons par tous les moyens jusqu’au rétablissement de bonnes conditions de sécurité pour les habitants du nord. »

La cote de popularité de Netanyahu, qui avait déjà chuté avant la guerre en raison de sa gestion de la très polémique refonte judiciaire, s’est encore dégradée depuis le massacre du Hamas, le 7 octobre, au cours duquel des terroristes se sont déchaînés dans les communautés du sud, où ils ont tué 1 200 personnes, principalement des civils, et fait près de 240 otages à Gaza.
Pour certains de ses détracteurs, Netanyahu a sa part de responsabilité dans le désastre du 7 octobre pour avoir permis à des fonds du Qatar de parvenir au Hamas, dans l’espoir de l’apaiser, et répandu l’idée, aujourd’hui remise en cause, que l’organisation terroriste, échaudée par les précédents affrontements, n’attaquerait plus.
Selon un sondage de la Treizième chaîne publié ce mois-ci, 70 % des Israéliens pensent que Netanyahu devrait démissionner de son poste de Premier ministre.
Une enquête complète sur les échecs expliquant la tragédie du 7 octobre n’aura lieu qu’à « l’issue des combats », même si certains enseignements ont d’ores et « déjà été tirés », a déclaré Netanyahu aux journalistes.

Interrogé sur l’héritage qu’il aimerait laisser, après s’être entendu rappeler qu’il avait répondu par le passé vouloir rester celui qui aura renforcé la sécurité d’Israël, Netanyahu a répondu : « L’histoire sera juge », ajoutant qu’il travaillait pour « s’assurer qu’Israël soit fort économiquement, fort militairement, fort diplomatiquement ».
Au cours de la conférence de presse de samedi, Netanyahu a également évoqué l’action de son gouvernement en Cisjordanie, déclarant que sous sa direction, « Nous travaillons 24 heures sur 24 : [pour] arrêter les terroristes, éliminer les terroristes, déjouer de nombreuses attaques terroristes ».

Il a ajouté qu’après la guerre, Gaza ne sera plus gouvernée par entité « qui finance le terrorisme, enseigne le terrorisme à ses enfants ou verse de l’argent aux familles des terroristes », allusion à l’Autorité palestinienne, qui verse des allocations aux condamnés pour terrorisme et aux familles des terroristes tués. « Ni Fatahstan, ni Hamastan », a-t-il dit à propos de la future bande de Gaza.
Netanyahu a également déclaré que le passage de Philadelphie, qui s’étend sur 14 kilomètres tout au long de la frontière entre Gaza et l’Egypte, « doit être entre nos mains » afin de s’assurer que Gaza soit et demeure démilitarisée.
Netanyahu a redit sa gratitude envers Washington pour la fourniture d’armes et son soutien aux opérations militaires, et ce en dépit des pressions internationales pour mettre fin à la guerre avant la pleine réalisation de ses objectifs, à commencer par celles du Conseil de sécurité de l’ONU, la semaine passée.
Washington et Jérusalem ne sont pas d’accord sur le rôle de Ramallah dans la bande de Gaza, après-guerre, et les propos de Netanyahu sont venus conforter ceux d’un haut responsable qui était revenu sur la déclaration du conseiller à la sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, laissant entendre que l’Autorité palestinienne réformée pourrait prendre part à la gouvernance du territoire.
Netanyahu a repoussé les discussions du Cabinet de guerre sur la question mais le Conseil de sécurité israélien a tenu huit réunions sur la manière de gérer le « jour d’après » les combats à Gaza, a souligné le Premier ministre.
Le cabinet de guerre a tenu « un débat différent », a-t-il dit, consacré à ce qu’il a qualifié de « question de sécurité nationale la plus importante de toutes ». Il n’a pas donné plus de détails. Il a déclaré que le cabinet de sécurité, l’organe ministériel le plus important en la matière, évoquerait les questions liées à Gaza après la guerre lors d’une réunion la semaine prochaine. Mais « avant de parler du jour d’après… avant, assurons-nous de bien détruire le Hamas. »
Les médias israéliens ont rapporté que le ministre de la Défense Yoav Gallant et son collègue Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, avaient repoussé la demande de Netanyahu de se joindre à lui lors pour cette conférence de presse, samedi, en raison de son refus d’évoquer la question du « lendemain de la guerre » lors des réunions du cabinet.
Le Premier ministre a également pris le temps de critiquer son prédécesseur, Naftali Bennett, pour avoir ouvertement parlé des attaques israéliennes passées contre l’Iran. Bennett a écrit un éditorial dans le Wall Street Journal, la semaine dernière, dans lequel il révèle avoir donné, à deux reprises en 2022, l’ordre aux forces de sécurité israéliennes de frapper l’Iran, lorsqu’il était Premier ministre.

« C’est totalement irresponsable », a déclaré Netanyahu. « Ça ne se fait pas. »
Il a déclaré qu’Israël « agissait contre l’Iran constamment, partout, de toutes les manières, mais je n’entrerai pas dans les détails ».
« L’Iran mène l’axe du mal et des agressions contre nous sur les différents fronts », a également déclaré Netanyahu, promettant de « tout faire, absolument tout, pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire ».

En réponse aux questions relatives aux informations faisant état de progrès possibles vers un nouvel accord de libération des otages, Netanyahu a déclaré : « Le Hamas a lancé toutes sortes d’ultimatums que nous n’avons pas acceptés » mais que si un accord viable est possible, « il sera mis en œuvre ».
Pour l’heure, a-t-il ajouté prudemment, « il existe une possibilité, peut-être, de mouvement ». Mais il a immédiatement ajouté : « Je ne veux pas susciter d’attentes exagérées. »
On estime à 129 le nombre d’otages kidnappés par le Hamas le 7 octobre et aujourd’hui encore séquestrés à Gaza – pas tous vivants – depuis la libération de 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre. Quatre otages avaient été libérés un peu avant cette date, et une autre, secourue par les soldats. Les corps de huit otages ont également été retrouvés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 23 otages toujours aux mains du Hamas, évoquant de nouveaux renseignements obtenus par l’armée à Gaza.
Le Hamas détient également les corps des soldats israéliens Oron Shaul et Hadar Goldin, morts au combat depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, entrés dans la bande de Gaza de leur propre gré, respectivement en 2014 et 2015, et qui pourraient encore être vivants.