Israël étend ses frappes sur le Hezbollah ; les Libanais fuient ; plus de 270 morts
Tsahal, qui a sommée les civils de fuir, cible les maisons où les terroristes stockent ses missiles ; des milliers de Libanais encombrent les routes à la recherche de lieux sûrs
Des frappes aériennes israéliennes généralisées visant le Hezbollah dans le sud du Liban ont fait au moins 274 morts lundi et plus d’un millier de blessés, selon Beyrouth, alors qu’Israël avait, en amont, averti que les frappes contre le groupe terroriste chiite libanais allaient s’étendre, sommant les civils libanais de fuir les zones où l’on pense que le groupe terroriste soutenu par l’Iran dissimule des armes.
Tsahal a indiqué que l’armée de l’air visait les maisons où des « roquettes, des drones et des missiles » avaient été placés par le Hezbollah, et a exhorté à maintes reprises les civils de la vallée de la Bekaa à fuir les maisons où de telles armes étaient stockées.
Parallèlement, le groupe terroriste chiite libanais a tiré de multiples salves de roquettes sur Israël, déclenchant des sirènes dans le nord d’Israël et jusqu’à certaines implantations de Cisjordanie situées non loin de Tel Aviv.
La veille, le Hezbollah a bombardé les communautés du nord avec au moins 150 roquettes dans l’un de ses barrages les plus importants depuis que les combats ont éclaté le 8 octobre.
Au Liban, des vidéos partagées sur les réseaux sociaux semblaient montrer des masses fuyant les grandes villes, et les autorités ont commencé à ouvrir des écoles pour abriter des milliers de nouveaux déplacés.
L’armée a déclaré avoir frappé plus de 300 cibles au Liban lundi, dont de nombreuses maisons abritant des armes menaçant directement Israël, dans le cadre de l’un des barrages aériens les plus intenses depuis la guerre de 2006 contre le Hezbollah, ravivant ainsi les craintes d’une nouvelle flambée de conflit à la frontière agitée.
S’exprimant depuis une salle de commandement souterraine aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël était en train d’inverser le rapport de force avec le Hezbollah, laissant ainsi entendre qu’Israël ne se contenterait plus de ripostes après des mois d’escalade des violences transfrontalières.
« Nous n’attendons pas la menace, nous l’anticipons. Partout, sur tous les fronts, à tout moment », a-t-il déclaré.
The displacement of people from Nabatieh, southern Lebanon, after it was subjected to Israeli air strikes pic.twitter.com/hkAgg7yBEn
— Hamaad حماد (@ashrafhamaad) September 23, 2024
Selon le ministère de la Santé libanais, au moins 274 personnes ont été tuées dans les frappes et 1 024 autres ont été blessées. Les chiffres ne font pas de distinction entre les membres du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et les civils.
Il s’agit de la journée la plus meurtrière au Liban depuis que le Hezbollah a commencé à tirer sur Israël au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, provoquant des contre-attaques israéliennes.
Parmi les morts et les blessés figurent des femmes et des enfants, a précisé le ministère. Aucune distinction n’a été faite entre les civils et les membres du groupe terroriste.
Il n’y a pas encore eu de commentaire du Hezbollah sur les pertes au sein du groupe terroriste, qui a subi de lourdes pertes ces derniers jours.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient de longues files d’embouteillages alors que les civils tentaient de se mettre à l’abri, et des flots de véhicules sortant des petites villes situées à flanc de montagne.
Traffic Jams for Miles in Major Cities across Southwestern Lebanon, as Residents attempt to Flee the Carnage. pic.twitter.com/YtJdw6fPVi
— OSINTdefender (@sentdefender) September 23, 2024
Dans une vidéo, on peut voir des voitures agglutinées sur une autoroute bordée de drapeaux du Hezbollah et du Liban, tandis que la fumée noire des récentes frappes aériennes s’élève en arrière-plan.
Dans la ville balnéaire de Sidon, les huit voies du boulevard Rafic Hariri étaient pleines de voitures conduisant vers le nord, dans une circulation fluide.
#BREAKING Israel continues to pound Hezbollah targets while thousands flee southern Lebanon to its northern parts pic.twitter.com/s06SAra0EY
— Guy Elster (@guyelster) September 23, 2024
À Nabatieh, une vidéo a montré un certain nombre de personnes dans des voitures essayant de quitter la ville, bloquées par une explosion massive devant elles.
????????????Continúa la agresión de Israel
???? La carretera Al-Zahrani – Nabatieh en Al-Masila fue cerrada debido a un ataque dirigido a un edificio al lado de la autopista.
????Salud libanesa: 50 mártires y más de 300 heridos en las bajas iniciales de la prolongada agresión de Israel. pic.twitter.com/wPF7yApVhX
— En la Retaguardia (@pueblopatriota) September 23, 2024
Lors d’une conférence de presse, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a noté que certaines vidéos de frappes montraient des explosions secondaires, les considérant comme des preuves de l’existence de dépôts d’armes du groupe terroriste chiite libanais.
« Les images que l’on voit maintenant dans le sud du Liban sont des armes du Hezbollah qui explosent à l’intérieur des maisons. Dans chaque maison que nous avons ciblée, il y a des roquettes, des drones, des missiles, qui étaient destinés à tuer des civils israéliens », a déclaré Hagari, exhortant les civils de la plaine de la Bekaa à fuir les maisons où le Hezbollah a entreposé des armes.
The IDF releases footage of secondary blasts seen following an Israeli airstrike on a building in southern Lebanon's Jabal al-Botm, which it says was used by Hezbollah to store weapons. pic.twitter.com/JpSzaqyvFc
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) September 23, 2024
Le colonel Avichay Adraee, porte-parole en langue arabe de l’armée, avait donné deux heures aux civils pour quitter la plaine de la Bekaa.
Netanyahu, qui s’est réuni avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, le chef d’état-major de Tsahal Herzi Halevi et le commandant de l’armée de l’air Tomer Bar, a souligné que les frappes israéliennes visaient à éliminer les hauts responsables du Hezbollah, les terroristes et les caches de missiles.
« Quiconque essaie de nous faire du mal, nous lui faisons encore plus de mal », a-t-il déclaré.
« J’ai promis que nous changerions l’équilibre de la sécurité, le rapport de forces dans le nord. C’est exactement ce que nous faisons. Nous détruisons des milliers de missiles et de roquettes visant les villes israéliennes et les citoyens israéliens. »
Alors que les frappes aériennes continuaient de pilonner des régions du Liban, le ministère de la Santé a demandé aux hôpitaux du sud-Liban et de l’est de la plaine de la Bekaa de reporter les opérations chirurgicales qui pourraient être effectuées ultérieurement.
Le ministère a déclaré dans un communiqué que sa demande visait à maintenir les hôpitaux disponibles pour s’occuper des personnes blessées par « l’agression croissante d’Israël sur le Liban ».
Plus tôt lundi, Israël avait exhorté les habitants du sud du Liban à évacuer les maisons et autres bâtiments où, selon lui, le Hezbollah a entreposé des armes, affirmant que l’armée mènerait des « frappes de grande ampleur » contre le groupe terroriste chiite libanais.
Les médias libanais ont rapporté que les habitants avaient reçu des SMS les exhortant à s’éloigner de tout bâtiment où le Hezbollah stocke des armes.
« Si vous vous trouvez dans un bâtiment abritant des armes pour le Hezbollah, éloignez-vous du village jusqu’à nouvel ordre », lisait-on dans le message en arabe, selon les médias libanais.
Le ministre libanais de l’Information, Ziad Makary, a demandé à ses concitoyens d’ignorer les avertissements, notant que son bureau à Beyrouth avait reçu un message enregistré demandant aux gens de quitter le bâtiment.
« Cela entre dans le cadre de la guerre psychologique mise en œuvre par l’ennemi », a déclaré Makary, exhortant les gens « à ne pas accorder à cette affaire plus d’attention qu’elle n’en mérite ».
Avant l’exode massif, les habitants des villages du sud du Liban ont publié des photos de frappes aériennes et de grands panaches de fumée sur les réseaux sociaux.
Footage shared by Lebanese media of an Israeli airstrike in the village of Ansar in the Nabatieh Governorate.
The IDF has said it is carrying out a new wave of strikes against Hezbollah targets in Lebanon, after warning it would target weapons stored by the terror group in… pic.twitter.com/e8kWsJSgf5
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) September 23, 2024
L’agence de presse officielle National News Agency (NNA), gérée par l’État libanais, a également fait état de frappes aériennes sur différentes zones, dont certaines éloignées de la frontière.
La NNA a déclaré que des frappes avaient touché une zone forestière dans la province centrale de Byblos, à environ 130 kilomètres au nord de la frontière israélo-libanaise, pour la première fois depuis que le Hezbollah a commencé à tirer sur Israël début octobre. Aucun blessé n’a été signalé.
Israël a également bombardé des cibles dans les régions de Baalbek et Hermel, dans le nord-est du pays, où un berger a été tué et deux membres de sa famille ont été blessés, selon la NNA. L’agence a déclaré que 30 personnes au total avaient été blessées dans les frappes.
En Israël, des sirènes ont retenti dans des dizaines de localités, le Hezbollah ayant visé le centre industriel stratégique de Haïfa et des villes du nord du pays pour la deuxième journée consécutive en tirant plus de 100 roquettes en rafale, selon Tsahal. Des sirènes ont également retenti dans des implantations de Cisjordanie, situées au nord-est de Tel Aviv, lors d’une salve d’au moins 10 roquettes, a indiqué l’armée, ce qui semble marquer une utilisation rare de roquettes à longue portée par le Hezbollah.
Aucun blessé n’a été signalé, mais certaines roquettes auraient causé des dégâts.
Quelque 80 000 Libanais auraient déjà fui le sud du Liban au cours des douze derniers mois, marqués par des tirs de roquettes transfrontaliers quasi-quotidiens du Hezbollah et des frappes aériennes israéliennes. Dans le nord d’Israël, 70 000 personnes ont également été contraintes d’évacuer leur domicile.
Israël accuse depuis longtemps le Hezbollah de transformer des communautés entières du sud-Liban en bases terroristes, avec des rampes de lancement de missiles cachées et d’autres infrastructures.
Lundi matin, Hagari a montré des images inédites d’éléments du Hezbollah se préparant à lancer un missile de croisière depuis l’intérieur d’une maison civile dans un village du sud-Liban. Le bâtiment a été visé par une frappe aérienne.
Le missile a été identifié par l’armée comme étant un « DR-3 » de fabrication russe, qui semble être une variante du drone Tupolev Tu-143, également appelé VR-3.
Tsahal a déclaré que le missile était chargé d’environ 300 kilogrammes d’explosifs et qu’il avait une portée de 200 kilomètres.
« Le Hezbollah vous met en danger, vous et vos familles. Le Hezbollah prévoit de lancer ces armes en direction d’Israël, éloignez-vous-en immédiatement pour votre propre protection », a déclaré Hagari aux civils libanais dans son précédent avertissement.
Il avait indiqué que l’armée procédait à des évaluations continues en ce qui concerne les lignes directrices pour le front intérieur israélien, alors que les combats avec le Hezbollah s’intensifient.
« Si nécessaire, nous informerons immédiatement de tout changement », a-t-il assuré.
Un responsable militaire israélien a déclaré qu’Israël se concentre sur les opérations aériennes et ne prévoit pas, pour le moment, de lancer une incursion terrestre. Le responsable, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat pour respecter la réglementation, a déclaré que les frappes visent à freiner la capacité du Hezbollah à lancer d’autres frappes en Israël.
Le Hezbollah a commencé à tirer sur Israël le lendemain du pogrom perpétré par son allié, le Hamas, le 7 octobre, dans le but, selon lui, d’immobiliser les troupes israéliennes pour aider les terroristes palestiniens à Gaza. Israël a riposté par des frappes aériennes, le conflit s’intensifiant progressivement au cours de l’année écoulée.
Une frappe aérienne israélienne sur une banlieue de Beyrouth vendredi a permis d’éliminer le principal commandant du Hezbollah, Ibrahim Aqil, ainsi que d’autres dirigeants du terrorisme.
La semaine dernière, des milliers d’appareils de communication, utilisés principalement par les terroristes du Hezbollah, ont explosé dans différentes régions du Liban, faisant 39 morts et près de 3 000 blessés. Le Liban a accusé Israël d’être à l’origine de ces attaques, qui n’a ni confirmé ni infirmé sa responsabilité.
Israël s’est engagé à repousser le Hezbollah de la frontière afin que ses citoyens puissent rentrer chez eux en toute sécurité, affirmant qu’il préférait le faire par la voie diplomatique mais qu’il était prêt à recourir à la force. Le Hezbollah a déclaré qu’il poursuivrait ses attaques jusqu’à ce qu’il y ait un cessez-le-feu à Gaza, mais celui-ci semble de plus en plus improbable à l’approche des commémorations du 7 octobre.
Jusqu’à présent, les roquettes, missiles et drones du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ont causé la mort de vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de vingt-deux soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Le Hezbollah a signalé que 506 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 79 éléments d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.