Israël interdit et ferme les bureaux de l’organisme de réconciliation arabe dirigé par un radical
Le cheikh Raed Salah a été brièvement arrêté ; il est accusé d'utiliser les commissions de médiation familiale comme couverture pour poursuivre ses activités politiques islamistes

Les forces de sécurité ont fermé les bureaux des commissions de réconciliation dans la ville arabe d’Umm al-Fahm mardi, en raison des liens l’organisme avec l’islamisme.
La police et le Shin Bet ont perquisitionné les bureaux des commissions et arrêté leur chef, le cheikh Raëd Saleh, mais l’ont relâché plus tard dans la journée.
Les commissions de « propagation de la paix » étaient une initiative du Haut Comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, une organisation faîtière de premier plan au sein de la minorité arabe d’Israël. Créées par Saleh en 2017, les commissions avaient pour mission d’endiguer la violence dans la société arabe en jouant le rôle de médiateur entre les familles qui se querellent.
La perquisition fait suite à une décision du ministre de la Défense, Israel Katz, d’interdire le programme de réconciliation, en invoquant ses liens avec la Branche Nord du Mouvement islamique, que Saleh dirige.
Israël a déclaré la Branche Nord illégale en 2015 pour incitation répétée au terrorisme.
Deux ans plus tard, la police a arrêté Saleh pour ses sermons faisant l’éloge des terroristes d’Umm al-Fahm qui ont tué deux policiers sur le Mont du Temple à Jérusalem, et en 2020, il a été reconnu coupable d’incitation au terrorisme.
Israeli police arrest prominent Palestinian figure Sheikh Raed Salah after searching his home and office in his hometown of Umm al-Fahm in northern Israel, according to his lawyer https://t.co/f2dIqVZxgR pic.twitter.com/pHaU32FFj5
— Anadolu English (@anadoluagency) January 28, 2025
Après avoir été libéré de prison en 2021, Saleh a étendu le programme à d’autres villes, dans un contexte de montée de la violence dans les communautés arabes.
Au cours des deux dernières années, le nombre de victimes arabes de meurtres a presque doublé par rapport à 2021, passant de 126 en 2021 à 244 en 2023. L’année dernière, ce nombre s’élevait à 230, selon les données du groupe Abraham Initiatives.
Le programme a établi un ensemble uniforme de lignes directrices pour les commissions de réconciliation locales dans la résolution des différends entre les familles, qui mènent souvent à la violence.
La police a allégué que le réseau sert de couverture à Saleh pour poursuivre ses activités politiques islamistes, qui sont « en phase avec la vision du monde des Frères musulmans et diffusent le programme anti-israélien de la branche nord du mouvement islamique ».
Le président du parti Raam, le député Mansour Abbas, a critiqué la démarche des forces de l’ordre comme étant inappropriée, et a affirmé que les commissions de réconciliation n’appartiennent à aucune idéologie ou mouvement politique particulier et avertissant que l’interdiction pourrait nuire aux efforts visant à réduire les crimes violents.
« Je m’attendrais à ce que le ministre de la Défense, le ministre de la Sécurité nationale et le procureur général utilisent leur pouvoir contre les organisations criminelles qui dominent les citoyens arabes, et qu’ils adoptent une position ferme contre les organisations criminelles, plutôt que contre les commissions de réconciliation », a-t-il déclaré au quotidien Haaretz.