Israël se prépare au « vendredi de la révolution » appelé par les Palestiniens
La police limite l'accès au mont du Temple pour les prières du vendredi ; Présence renforcée des forces de sécurité à Jérusalem
Israël se prépare vendredi à une nouvelle flambée de violence, après une semaine d’attaques et d’affrontements meurtriers avec les Palestiniens à travers le pays et en Cisjordanie et au lendemain d’une journée de relatif répit pour les Israéliens.
Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont dispersé une émeute à Naplouse, où un groupe d’une centaine de Palestiniens ont mis le feu vendredi avant l’aube au Tombeau de Joseph, vénéré par les juifs à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, en y lançant des cocktails Molotov.
L’attaque a causé d’importants dégâts.
L’organisation terroriste du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, mais qui a une moindre présence en Cisjordanie gouvernée par l’Autorité palestinienne, a appelé à une nouvelle « Journée de colère » ce vendredi et a demandé aux Palestiniens de marcher sur les checkpoints israéliens après la prière de midi.
Le Hamas avait également appelé à une « Journée de colère » mardi dernier, jour où trois Israéliens avaient été assassinés et plusieurs autres blessés dans une série d’attentats à Jérusalem et à Raanana.
La police a annoncé jeudi soir que l’accès de la prière du vendredi sur le mont du Temple, qui abrite la mosquée Al-Aqsa, seraient limité aux hommes musulmans de plus de 40 ans et aux femmes sans limitation d’âge. Une restriction analogue a été appliquée la semaine dernière.
Le chef de la police du district de Jérusalem Moshe Edri a déclaré jeudi qu’il y aurait encore une présence renforcée des dans la capitale, en particulier dans les zones sensibles telles que les rues de la Vieille Ville qui mènent au mur Occidental et sur le mont du Temple, selon le quotidien israélien Haaretz.
L’armée israélienne a également annoncé jeudi qu’elle allait déployer 300 soldats dans les rues de Jérusalem pour aider la police à maintenir l’ordre, à partir de dimanche.
Les forces israéliennes étaient déployées massivement jeudi à Jérusalem, les policiers et les garde-frontières, fusils en bandoulière, scrutaient les alentours sur les places publiques, aux carrefours et sur les grands axes, déambulant là où on ne les voyait pas auparavant.
Après les attaques meurtrières de mardi, Israël a également érigé des barrières en béton et des postes de contrôle à la sortie de certains quartiers arabes de Jérusalem-Est.
L’armée a indiqué que les soldats allaient aider à protéger les transports publics et les principales artères de la ville.
À partir du 18/10, Tsahal déploiera ses soldats pr renforcer la police & la sécurité des transports publics & la sécu. des routes pour Jéru.
— Tsahal (@Tsahal_IDF) October 15, 2015
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est redit dans un tel contexte prêt à rencontrer le président de l’AP Mahmoud Abbas
Abbas a parlé jeudi avec le secrétaire d’Etat John Kerry, disant au chef de la diplomatie américaine qu’il allait essayer de réduire les tensions entre Israël et la Cisjordanie.
Selon Haaretz le bureau d’Abbas fait passer des messages à Israël par l’intermédiaire du chef du renseignement de l’Autorité palestinienne Majd Freij.
Abbas tells Kerry he will work to restore calm as Hamas calls for 'day of rage' http://t.co/uvyw3M8xYI pic.twitter.com/FICm4DvXVO
— Haaretz.com (@haaretzcom) October 16, 2015
Dans un entretien à la radio publique américaine diffusé jeudi, Kerry a mis en garde Abbas contre ses déclarations incitant à la violence, disant que les Palestiniens devaient comprendre qu’il n’y a jamais de justification à la violence.
Alerte dans le train
L’appel à l’armée contribuera à endiguer les violences et à rassurer la population. Les experts soulignent la quasi-impossibilité de contrer les attaques au couteau de la part d’individus isolés.
Les alertes se succèdent, parfois injustifiées. Un train s’est arrêté jeudi près de Haïfa (nord) quand quelqu’un a actionné le signal d’alarme parce qu’un passager avait crié « terroriste » et qu’un soldat a tiré en l’air pour empêcher une éventuelle agression, a rapporté la police.
Hormis les armureries, le commerce souffre. « On fait 15 % de moins de chiffre d’affaires que normalement », disait Aron Silverberg, gérant d’un magasin de téléphonie mobile du marché de Mahane Yehuda. Le marché, habituellement grouillant, était largement déserté jeudi.
Quelle place pour la diplomatie
Les autorités israéliennes comme palestiniennes ont paru jusqu’alors impuissantes à calmer les esprits parmi une jeunesse encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les incantations religieuses et les sermons de certains.
Pour le gouvernement israélien, la violence provient d’un refus de l’existence même d’Israël et les incitations à la haine et à la violence proférées selon lui par les dirigeants palestiniens.
« Il est temps que le président (palestinien) Abbas cesse non seulement de justifier les violences, mais d’appeler aux violences », a dit M. Netanyahu à la presse.
Difficile de discerner dans ce contexte exacerbé quelle part peut revenir à la diplomatie. M. Netanyahu s’est redit prêt à rencontrer Abbas, y compris en présence du roi Abdallah de Jordanie. Washington a annoncé pour sa part que le secrétaire d’Etat John Kerry se rendrait « dans les prochains jours » dans la région.
Alors que les relations entre les grands alliés américain et israélien ont été refroidies par le dossier du nucléaire iranien, Israël a mal pris des déclarations américaines semblant établir un lien entre les violences actuelles et la construction.
« Ce que nous voyons n’est pas le résultat d’une vague massive de colonisation », a dit M. Netanyahu, « parce qu’il n’y a pas eu de vague massive de colonisation ».
L’AFP a contribué à cet article.