Israël signe un accord de sécurité avec Bahreïn, le second avec une nation arabe
En visite à Manama, le ministre de la Défense Gantz a rencontré le roi et le prince héritier. Les deux Etats se rapprochent face à la montée des menaces iraniennes
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Manama, Bahreïn – Le ministre de la Défense Benny Gantz a signé un protocole d’accord avec son homologue bahreïni ce jeudi, formalisant la relation de sécurité entre les deux pays, un an et demi après que cet État du Golfe a normalisé ses relations avec Israël.
A l’issue de la signature, le ministre de la Défense s’est entretenu avec le prince héritier et Premier ministre bahreïni Salman bin Hamad Al Khalifa puis avec le roi Hamad bin Isa Al Khalifa.
Salon le cabinet de Benny Gantz, le protocole d’accord va permettre une meilleure coopération en matière de renseignement, donner un cadre à des exercices communs et à une coopération entre les industries de défense des deux pays.
Ceci constitue le deuxième protocole d’accord signé par Israël avec une nation arabe, le premier l’ayant été avec le Maroc, conclu par Benny Gantz l’année passée.
Gantz a signé l’accord avec le ministre de la Défense bahreïni Abdullah Bin Hassan Al Nuaimi, en présence du commandant en chef des forces de défense du Bahreïn Khalifa bin Ahmed Al Khalifa, dans les locaux du Quartier Général du ministère de la Défense bahreïni à Manama.
« La coopération stratégique, que nous amenons à un niveau élevé avec la signature de cet accord et l’importante réunion qui s’est tenue avec le roi, est la continuation des accords d’Abraham – en tout point historiques – et du développement de la relation entre nos deux nations et nos deux peuples », a déclaré Gantz lors de la cérémonie.
« Un an seulement après la signature de ces accords, nous sommes déjà réunis ici pour signer un accord de sécurité important qui va permettre une coopération forte, et de renforcer la sécurité de nos deux pays et de la région toute entière », a ajouté le ministre de la Défense.
Après la signature, Al Nuaimi a présenté à Gantz une épée de cérémonie.
La signature de cet accord intervient dans le contexte de menaces croissantes de la part de l’Iran envers Israël et les pays du Golfe persique.
Gantz est arrivé à Bahreïn mercredi soir, après un vol à bord d’un Boeing 707 de ravitaillement de l’armée de l’air israélienne, en empruntant l’espace aérien saoudien. C’était la première fois qu’un avion militaire israélien atterrissait officiellement à Bahreïn après avoir survolé l’espace aérien saoudien, même s’il y avait eu des vols privés par le passé.
S’adressant aux journalistes peu de temps après son atterrissage à Manama, l’influent chef du bureau politique et de défense du ministre de la Défense, Zohar Palti, a indiqué que la nature du vol était en soit un jalon important.
« Se poser ici, avec à bord d’un avion militaire le ministre de la Défense de l’État d’Israël, c’est réellement historique. Qu’un pays tel que Bahreïn et son roi prennent la décision de nouer des relations avec Israël, c’est une décision importante et courageuse » a relevé Palti, dont le bureau est responsable des relations de sécurité de l’État d’Israël.
Faire atterrir officiellement un avion de l’armée de l’air israélienne à Manama, à 200 km de l’Iran à vol d’oiseau, est également un signal fort adressé à Téhéran illustrant l’alliance de plus en plus forte qui se constitue contre elle et compte aujourd’hui dans ses rangs Israël, Bahreïn, les Émirats arabes Unis, l’Arabie Saoudite et les États-Unis.
Dans le même temps, Palti relevait que, si la dimension sécuritaire des relations avec Bahreïn était de la première importance, Gantz n’était pas le premier ministre israélien à se rendre dans le pays et que d’autres aspects de la relation étaient également importants.
« L’ouverture de la Jordanie, de Bahreïn et du Maroc sur les questions de sécurité est sans précédent. Dans le même temps, le fait que le ministre de la Défense et sa délégation fassent le déplacement après que d’autres ministres se sont déjà rendus sur place et ont établi des relations économiques et civiles, est un point positif. Nous sommes dans une période favorable aux relations et aux liens entre les nations et les peuples » a ajouté Palti.
« La Défense arrive peut-être en dernier, mais elle a son importance et quelque part plus de sens que le reste » a-t-il ajouté.
Même si elle paraît moins influente que d’autres pays du Golfe persique, la pétromonarchie de Bahreïn demeure un acteur important de la région. Et elle entretient une relation intense avec les autorités militaires américaines, qui y ont installé la base de leur 5eme flotte navale.