Israël va rouvrir un nouveau passage d’aide vers Gaza – COGAT
Selon le Département d'État, Israël s'est engagé à ouvrir Kissufim et a fait des progrès dans l'acheminement de l'aide ; la victoire de Trump pourrait ôter la menace relative aux armes
Le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT), relevant du ministère de la Défense, a confirmé vendredi qu’Israël allait ouvrir un point de passage supplémentaire avec la bande de Gaza pour l’acheminement de l’aide humanitaire, après une déclaration du département d’Etat américain jeudi en ce sens, et alors que Washington continue de faire pression sur Israël pour améliorer l’accès humanitaire à la bande de Gaza.
Le point de passage de Kissufim ouvrira bientôt après l’achèvement des travaux d’ingénierie réalisés dans la région au cours des dernières semaines.
« Dans le cadre de ces travaux, les troupes ont travaillé à la construction d’infrastructures d’inspection et de protection dans la zone, ainsi qu’au revêtement de routes, sur le territoire d’Israël et sur le territoire de la bande de Gaza, qui permettent l’entrée de l’aide au sud de la bande de Gaza tout en renforçant la protection des communautés [de la frontière de Gaza] », a indiqué le COGAT dans un communiqué.
Israël autorise actuellement l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom au sud de la bande, par la Porte 96 au centre et par deux points de passage – Erez Est et Erez Ouest – au nord. L’aide a également été acheminée par voie aérienne par différents pays.
Cette annonce est survenue à l’approche de la date butoir du 13 novembre fixée par l’administration de Joe Biden, date à laquelle Israël devait avoir réalisé des progrès significatifs en matière d’acheminement de l’aide humanitaire, sous peine de voir son assistance militaire suspendue.
Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré qu’Israël s’était engagé à ouvrir Kissufim afin de permettre l’acheminement d’une plus grande quantité d’aide dans la région.
Kissufim est un petit point de passage vers le sud de la bande de Gaza, près du kibboutz Kissufim, qui a été attaqué par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, ce qui avait déclenché la guerre. Depuis le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Gaza en 2005, ce point de passage n’est pratiquement plus utilisé, sauf par l’armée israélienne.
« Nous avons vu Israël prendre un certain nombre de mesures importantes au cours des dernières semaines […] et ils prévoient d’ouvrir un nouveau point de passage supplémentaire à Kissufim dans les prochains jours », a déclaré Miller à la presse, notant que les États-Unis ont également fait pression sur Israël pour s’assurer qu’au moins 350 camions d’aide entrent à Gaza chaque jour. Mardi, 229 camions ont été autorisés à passer, ce qui reste inférieur à l’objectif fixé.
Dans une lettre en date du 13 octobre, les ministres américains des Affaires étrangères et de la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin, avaient adressé une série d’exigences à Israël pour permettre l’augmentation de l’aide humanitaire, en lui donnant 30 jours pour y répondre.
À défaut de quoi, les États-Unis menaçaient de suspendre une partie de leur assistance militaire à Israël.
La lettre souligne les mesures spécifiques qu’Israël doit prendre pour améliorer la situation humanitaire à Gaza, notamment la création de nouveaux itinéraires de livraison, l’expansion de la zone humanitaire côtière de Mawasi et la garantie que l’aide atteint les civils piégés dans le nord de la bande de Gaza.
Miller a également souligné les progrès accomplis par Israël dans la réouverture des voies d’acheminement de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, notamment dans les zones situées autour de Jabaliya, qui avaient été coupées pendant des semaines en raison des opérations militaires en cours.
Outre ces mesures, les États-Unis ont demandé la mise en place d’un nouveau canal de communication entre les responsables israéliens et américains afin de discuter des préjudices causés aux civils. Il s’agit de l’une des principales demandes formulées dans la lettre, qui vise à garantir la transparence et la responsabilité des opérations militaires israéliennes. Ce nouveau canal devrait se réunir pour la première fois au cours de la semaine ou des deux semaines à venir.
Bien qu’Israël ait pris certaines mesures pour répondre à ces exigences, les responsables américains ont souligné qu’il restait encore beaucoup à faire. Austin a noté que si des progrès ont été accomplis, la situation reste critique.
Cependant, la transition imminente vers le président nouvellement élu Donald Trump, qui s’est engagé à offrir à Israël une plus grande marge de manœuvre dans ses actions militaires, soulève des questions sur l’influence qu’auront les États-Unis pour freiner les livraisons d’armes à Israël.
Les États-Unis se sont engagés à poursuivre leurs efforts pour atténuer la crise humanitaire à Gaza tout en s’attaquant à des problèmes régionaux plus vastes, notamment les conflits en cours contre le Hamas à Gaza et contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban, ainsi que la libération des otages. Cependant, avec l’entrée en fonction prochaine de Trump, on ne sait toujours pas comment la politique américaine à l’égard d’Israël évoluera dans les mois à venir.
Miller a déclaré que, dans les 74 jours qui restent avant l’entrée en fonction de Trump, les États-Unis étaient déterminés à travailler pour mettre fin aux conflits à Gaza et au Liban, tout en intensifiant l’aide humanitaire, en assurant la sécurité de la libération des otages et en empêchant une nouvelle escalade régionale.
Le porte-parole s’est abstenu de préciser comment les États-Unis évaluaient le respect par Israël des exigences américaines, ni à quelle date cette évaluation serait rendue publique à l’expiration du délai, le 13 novembre.
La loi américaine exige que les bénéficiaires de l’aide militaire américaine ne refusent ni n’entravent « arbitrairement » l’acheminement de l’aide humanitaire américaine.