Israël veut toujours des caméras sur le mont du Temple mais Amman s’est rétracté
Un officiel israélien a déclaré qu'Israël croit en la transparence et regrette le refus de l'Autorité palestinienne de mettre en œuvre cette mesure

Israël reste en faveur de l’installation de caméras de sécurité dans l’enceinte du mont du Temple à Jérusalem, même après le désistement de la Jordanie concernant le projet en raison des réserves palestiniennes, a déclaré mardi un haut fonctionnaire.
« Le soutien d’Israël pour l’installation de caméras sur le mont du Temple reste inchangé. Parce que nous croyons à la transparence », a déclaré le responsable israélien à l’AFP sous couvert d’anonymat.
« Il est regrettable que l’Autorité palestinienne ait fait objection à cette idée. Il est clair qu’ils ne veulent pas que les provocations palestiniennes répétées soient enregistrées », a déclaré le fonctionnaire.
Le royaume hachémite, gardien des lieux saints, avait annoncé le 20 mars dernier l’installation au cours « des prochains jours » de 55 caméras de surveillance sur le mont du Temple pour documenter « les violations » israéliennes.
Cependant, le Premier ministre de Jordanie, Abdallah Nsour, a déclaré lundi que son gouvernement avait décidé d’annuler le plan pour l’installation des caméras sur le lieu sacré et sensible de Jérusalem, faisant échoir un accord négocié avec les Américains.
Nsour a déclaré à l’agence de presse officielle Petra News Agency que la Jordanie avait annulé le plan en raison des préoccupations palestiniennes.

« Parce que nous respectons le point de vue » des Palestiniens (…), nous avons estimé que ce projet n’était plus consensuel, mais une source de conflit éventuel, et avons décidé de mettre fin à son exécution », a indiqué Nsour.
« Nous avons été surpris des réactions de certains (Palestiniens) qui ont émis des remarques, se sont interrogés et ont fait part de leurs doutes sur les objectifs du projet », a affirmé Abdallah Nsour.
Le dirigeant de la faction radicale du Mouvement islamique, Raed Salah, avait appelé la Jordanie à reconsidérer le projet, craignant qu’il ne devienne des « yeux pour Israël ».
Cette décision a été prise quelques jours avant la fête juive de Pessah – une période d’affluence sur le site.
En octobre, après avoir rencontré le roi Abdallah II de Jordanie et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a approuvé un plan pour installer les caméras sur le site dans le but d’y calmer les violences répétées.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait donné son accord.
Kerry avait salué l’accord comme une percée importante à l’époque. Lundi, le département d’Etat américain a exprimé sa déception que le plan a apparemment échoué.
« Nous voyons encore de la valeur à l’utilisation des caméras sur le site », a déclaré le porte-parole John Kirby.

Les Palestiniens avaient accusé Israël de comploter secrètement afin de prendre le contrôle du site – une accusation qu’Israël nie fermement – alors qu’Israël a souligné qu’il existait des vidéos montrant des manifestants palestiniens utilisant la mosquée comme couverture pour lancer des pierres et des pétards sur les forces de l’ordre. L’idée initiale était que la transparence de la part des deux parties contribuerait à apaiser les tensions.
Israël veut des caméras installées partout sur le site, y compris dans les mosquées, pour enregistrer le stockage présumé de pierres et d’armes par les Palestiniens en vue d’affrontements avec les forces de sécurité israéliennes. La Jordanie, gardienne du sanctuaire, voulait placer des caméras uniquement dans des zones ouvertes pour montrer les violations présumées par les forces de sécurité israéliennes.
Plus tôt ce mois-ci, des Palestiniens ont placé des affiches d’avertissement à Jérusalem demandant de détruire toutes les caméras de sécurité qui seraient installées sur le site.
Les autorités jordaniennes sont en charge des lieux saints musulmans à Jérusalem Est. Alors qu’Israël contrôle l’accès au lieu saint, les juifs n’ont pas le droit d’y prier.
Israël et la Jordanie ont des relations étroites dans d’autres domaines, tels que la coordination de la sécurité contre les extrémistes islamistes. Les responsables israéliens et jordaniens ont évité de commenter le dossier des caméras, par désir de ne pas bouleverser les liens délicats entre les pays.
Des affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les palestiniennes ont éclaté dans l’enceinte du mont du Temple en septembre dernier, précèdent une vague e violence terroriste palestinienne, comprenant des attaques au couteau, à la voiture bélier et des fusillades, tuant 29 israéliens et 4 ressortissants étrangers depuis début octobre. Environ 200 palestiniens ont été tués, la plupart durant leurs attaques contre des Israéliens et les autres lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.