Israël en guerre - Jour 375

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Israéliens et Palestiniens partagent un « iftar » kasher pour « mettre fin à la haine »

Une initiative du groupe "Shorashim" rapproche les deux parties dans le Gush Etzion et rend hommage au Palestinien qui a sauvé une famille juive d'une attaque aux pierres

Crédit : Des cuisiniers employés par la Société caritative islamique préparent des portions du repas quotidien "iftar" (rupture du jeûne) pour les orphelins palestiniens et les familles dans le besoin, dans la ville d'Hébron en Cisjordanie, pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 12 avril 2022. (Crédit : Hazem Bader/AFP)
Crédit : Des cuisiniers employés par la Société caritative islamique préparent des portions du repas quotidien "iftar" (rupture du jeûne) pour les orphelins palestiniens et les familles dans le besoin, dans la ville d'Hébron en Cisjordanie, pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 12 avril 2022. (Crédit : Hazem Bader/AFP)

C’est un dîner de rupture de jeûne du ramadan, mais la nourriture est casher et on y célèbre un Palestinien ayant secouru un couple de juifs attaqué à coup de pierres devant chez lui.

Sous un auvent de bois près du Goush Etzion, un bloc d’implantations juives au sud de Bethléem, en Cisjordanie, des commensaux improbables partagent un repas organisé par l’association Shorashim-Joudour (« Racines » en hébreu et en arabe).

L’endroit offre un espace de dialogue rare entre Palestiniens et Israéliens alors que le conflit qui déchire les deux peuples semble aspiré dans une nouvelle spirale de violences depuis janvier.

Pour ce quatrième « iftar » organisé par l’association cette année, les plats palestiniens traditionnels ont été préparés sous contrôle rabbinique pour que les juifs pratiquants puissent y goûter sans crainte.

Sur le mur vert au-dessus du buffet, un hadith (parole attribuée à Mahomet et consignée dans la tradition islamique) peint en arabe et en hébreu rappelle que le vrai croyant aime son prochain.

On trouve là des habitants d’implantations juives voisines, quelques Palestiniens des environs et de plus loin, des militants de gauche venus du Goush Etzion ou d’Israël… une cinquantaine de personnes en tout.

Des soldats israéliens montant la garde avant une marche de résidents d’implantations vers l’avant-poste voisin d’Evyatar, dans le village palestinien de Beita, au sud de Naplouse en Cisjordanie, le 10 avril 2023. (Crédit : Jaafar Ashtiyeh/AFP)

« Seulement la paix »

Les Israéliens sont largement plus nombreux que les Palestiniens, et manifestement plus à l’aise.

Habitant Jérusalem, Alaa, un Palestinien de 25 ans, n’était encore jamais venu. Il confie à l’AFP ne pas se sentir « très à l’aise avec les personnes qui [sont] ici ». Mais refuser de parler aux Israéliens est « une grave erreur », dit-il.

Il y a des « résistances » des deux bords à ce qui se passe ici, reconnaît Shaul Judelman, codirecteur israélien de Shorashim-Joudour, en notant le grand nombre de ceux pour qui, côté israélien, « le simple fait de parler au camp d’en face est une […] trahison ».

A la différence des autres Palestiniens, qui s’arrangent pour n’apparaître sur aucune photo, l’invité d’honneur de la soirée, Mohammed, se prête au jeu de bonne grâce.

Agé de 33 ans, cet habitant d’une petite ville palestinienne plus au sud travaille dans la construction en Israël.

Il raconte comment il est venu très naturellement en aide à un jeune couple d’Israéliens attaqués par des lanceurs de pierres devant sa maison, les abritant chez lui « jusqu’à ce que l’armée [israélienne] vienne les chercher ». Les Palestiniens ne veulent « pas la guerre, mais seulement la paix », assure-t-il.

Yaakov, le père de l’homme qu’il a aidé, est venu lui aussi, « pour remercier [celui] qui a sauvé [son] fils ».

Secouriste au Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, il dit avoir « souvent l’occasion de côtoyer des Palestiniens » dans son travail, « mais c’est la première fois qu'[il vient] à une rencontre de Shorashim », et il « pense que les rencontres de ce genre peuvent contribuer à changer la situation ».

Le carrefour de Gush Etzion en Cisjordanie, le 9 juillet 2020. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

« Nouveau discours » 

Avant le repas, juifs et musulmans ont prié séparément mais le dîner fini, un rabbin lit en hébreu une prière, traduite en arabe par l’hôte des lieux, le codirecteur palestinien de l’association.

« Nous sommes un groupe qui veut mettre un terme à la violence et à la haine entre ces deux peuples afin de trouver un moyen de coexister sur cette terre sainte », et ces repas permettent de créer une atmosphère « d’amour et de respect », explique-t-il.

Le combat de Shorashim-Joudour est non-violent et vise à la reconnaissance de l’autre dans ses droits et sa différence par le dialogue. Créée il y a neuf ans, l’association organise des cours de religion pour que juifs et musulmans apprennent à comprendre la foi de l’autre, ainsi que des actions de solidarité entre ses membres.

M. Judelman plaide la nécessité d’un « nouveau discours sur le conflit », et note que « la plupart des Palestiniens ne nous attaquent pas ».

« La plupart des Israéliens et des Palestiniens sont des gens bons et modérés, dit le codirecteur palestinien, et nous devons leur donner l’occasion de montrer que leurs idées peuvent faire advenir la paix, contrairement à « l’extrémisme, la vengeance, et la violence ».

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