Israël en guerre - Jour 340

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Opinion

Jour 7 de la guerre : Colère et unité, aux heures les plus sombres d’Israël

Malgré son leadership, le peuple de cette merveilleuse nation a mis de côté ses divisions et s'est uni pour lutter contre le Hamas et les autres, et pour s'entraider

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

1 300 bougies pour les 1 300 victimes de la guerre, disposées autour du cercle Dizengoff dans le centre de Tel Aviv, le 12 octobre 2023. (Crédit : Zohar Tal / Organisateurs de la manifestation)
1 300 bougies pour les 1 300 victimes de la guerre, disposées autour du cercle Dizengoff dans le centre de Tel Aviv, le 12 octobre 2023. (Crédit : Zohar Tal / Organisateurs de la manifestation)

Personne de ma connaissance n’a dormi correctement ces derniers jours. Pas depuis le dernier matin de Shabbat.

Tout les gens que je connais sont horrifiés au-delà de ce que les mots peuvent dire par les impensables meurtres de masse commis par le Hamas, à l’intérieur de notre pays, dans un sud d’Israël incroyablement vulnérable, mais aussi courageux, là où les nôtres ont affronté l’impensable, un ennemi dépourvu de toute humanité.

Tous ceux que je connais craignent pour l’avenir de ce pays.

Comme l’a dit jeudi l’un de mes incroyables et infatigables collègues, beaucoup de personnes de ma connaissance sont « très affectées mais pas brisées ». Mais certains sont bien pire que cela. Un grand nombre de familles israéliennes ont subi des pertes insoutenables, dans les circonstances les plus terribles. Tous ceux que je connais ont perdu un voire des proches, sinon des connaissances.

D’autres sont dans les limbes de l’enfer, incertains du sort de ceux qui leur sont si chers, craignant, avec raison, des horreurs indicibles.

L’ampleur de tout ceci donne le vertige et ces chiffres qui ne font qu’augmenter peinent à exprimer la profondeur de notre chagrin et de ces pertes, vie après vie, innocent après innocent, de belles vies fauchées, de la pire des manières, par des monstres, parce qu’ils avaient le « tort » d’être Juifs et Israéliens, sur notre terre.

Tous ceux que je connais sont ébranlés et certains d’entre eux sont presque paralysés par ce qui s’apparente au désespoir.

Mais presque tout le monde, dans ce pays qui est le nôtre, ce pays que nous devons sauver et protéger, sait aussi que nous ne pouvons pas succomber à la paralysie. Nous ne devons pas nous laisser aller à une colère stérile par rapport à ce que nous avons perdu ou pour savoir comment cela aurait pu être évité. Parce que, avant toute chose, il nous faut survivre.

Des terroristes palestiniens enlèvent une civile israélienne, au centre, identifiée plus tard comme étant Yaffa Adar, âgée de 85 ans, du kibboutz Kfar Azza pour la conduire dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023 (Crédit : AP Photo/Hatem Ali)

Pourtant, je veux exprimer ma colère contre certains des nôtres. Et pardonnez-moi, je ne suis pas coutumier de ce genre de propos. Ne les lisez pas si vous préférez. Ou arrêtez de lire si je vous offense. La colère n’est pas le point ultime de cet article.

Je veux exprimer ma colère contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, politicien compétent, suprêmement confiant et infatigable, qui a passé des années à déchirer le précieux tissu de notre société en renvoyant tous ceux qui s’opposent à lui, indépendamment de leur patriotisme et de leur ligne, au statut de dangereux gauchistes et d’ennemis de l’État.

Je veux exprimer ma colère contre les racistes arrogants, les égoïstes et les incompétents à qui il a donné le pouvoir et l’autorité – à commencer par ces suprémacistes juifs qui n’ont fait qu’attiser la haine en Israël, nous ont humiliés aux yeux du monde, ont compliqué nos relations, déjà tendues, avec les Palestiniens de Cisjordanie et les Arabes d’Israël, ont mis à rude épreuve nos forces de sécurité déjà constamment mises à l’épreuve et transformé le judaïsme en une force de division politique interne.

Je m’en prends particulièrement au ministre de la Justice qui, de façon quasi obsessionnelle cette année, n’a eu de cesse de vouloir plier notre système judiciaire à sa volonté, sourd aux appels au consensus du président, sans aucune considération pour les profondes divisions qu’il a creusées dans notre société – ces désaccords amers qui ont gagné l’armée et dont nous savions qu’ils ne feraient qu’enhardir nos meurtriers, ces ennemis de l’extérieur, et qui nous ont laissés inutilement vulnérables lorsque ces ennemis extérieurs ont envahi Israël pour nous tuer.

Je veux m’en prendre non seulement au gouvernement, mais aussi à l’armée et à l’establishment de la sécurité, à moi-même et à tous les autres, pour ne pas avoir vu se constituer une véritable armée terroriste, une armée islamique vouée au culte de la mort, juste de l’autre côté de la barrière de sécurité. Une armée terroriste qui nous disait jour après jour, de toutes les manières possibles, qu’elle aspirait à une chose, nous tuer tous autant que nous sommes. Une armée terroriste que nous avons regardée construire ses tunnels, développer et tester ses roquettes, améliorer ses drones d’attaque, former ses enfants, année après année, dans des camps d’été destinés à instiller la haine et l’envie de nous tuer, pompant l’énergie de notre diabolisation dans les cœurs et les esprits à Gaza et au-delà, par tous les moyens de communication imaginables.

Ils nous ont dit qu’ils viendraient nous chercher. Nous les avons regardés se préparer.

Pendant des années, le Premier ministre, qui déclare maintenant à juste titre que le Hamas est pire que l’État islamique et doit être démantelé, l’a laissé se financer et se doter des moyens de nous nuire d’une manière sidérante. Il y voyait une forme de contrepoids à l’Autorité palestinienne, avec ses dirigeants corrompus, sa délégitimation d’Israël et sa demande d’un Etat, relayée par la communauté internationale, exigence dont Netanyahu a dit une fois qu’elles devrait être soigneusement négociée avant de se lancer dans des partenariats avec des extrémistes aux objectifs maximalistes et insoutenables.

Pendant des années, nos services de sécurité ont échoué à persuader les gouvernants que le Hamas était une menace profondément dangereuse, parfois en le sous-estimant eux-mêmes.

Constamment dans l’urgence, l’armée israélienne lutte contre un terrorisme permanent en Cisjordanie, a dû dégager des ressources pour faire face au terrorisme juif extrémiste alors que ses officiers se font dénigrer par les extrémistes et leurs représentants au gouvernement. Mais rien de tout cela n’atténue le fait qu’elle a mal élaboré sa stratégie et s’est insuffisamment protégée, convaincue que le Hamas voulait surtout gouverner Gaza et non tuer des Juifs. Elle détournait le regard de l’endoctrinement, des entraînements, de l’armement et des préparatifs de la guerre.

Avant samedi, forte de hauts gradés trompés et complaisants, notre armée populaire était mal préparée, incapable de remplir son obligation première envers le peuple, à savoir le protéger, à l’intérieur du pays, à l’intérieur de sa maison.

Je veux dire toute ma colère contre Netanyahu, le faiseur de clivages, pour avoir claqué des doigts et déclaré, alors même qu’il s’engageait dans des négociations intéressées sur notre nouveau gouvernement d’urgence, que nos divisions internes étaient de l’histoire ancienne et que « nous sommes tous unis ».

Mais au-delà de la colère, je veux surtout espérer et prier pour qu’il ait raison. Et que l’unité que ce peuple incroyable a réussi à reformer en ses heures les plus sombres – malgré notre leadership et non pas grâce à lui – est profonde et durable.

Parce que tous les gens que je connais, tous ces gens bouleversés par la preuve aveuglante de notre vulnérabilité, par la douleur de nos pertes et la peur de ce qui nous attend, font néanmoins tout ce qu’ils peuvent pour faire en sorte que l’on sorte à peu près indemnes de ce cauchemar.

Dans cette petite nation qui vient de subir les pires coups de son existence moderne, les gens se serrent les coudes et ripostent.

Des centaines de milliers de réservistes ont été rappelés, mais beaucoup, bien plus que le nombre des rappels, ont répondu présents alors qu’il y a de cela quelques jours à peine, en cette autre époque, les gens prophétisaient qu’ils ne prendraient pas les armes dans un Israël non démocratique.

Les gouvernements étrangers évacuent leurs ressortissants tandis que les nôtres prennent le chemin inverse pour venir faire la guerre.

Là où le gouvernement est défaillant, les gens s’organisent et s’entraident.

Préparation de repas pour les soldats, les évacués du sud et toute personne qui en a besoin à Ofaimme, à Jérusalem, le 10 octobre 2023 (Avec la permission d’Ofaimme)

Les organisateurs de la manifestation anti-refonte ont créé une infrastructure pour aider les familles à retrouver leurs proches disparus et ceux susceptibles d’avoir été enlevés et conduits à Gaza.

Des officiers à la retraite se sont rapidement organisés et se sont rendus dans les communautés du sud où les atrocités ont eu lieu pour coordonner l’aide dont les résidents dévastés avaient le plus besoin. L’organisation réserviste des Frères d’armes aide à l’évacuation des habitants du sud depuis les premières heures de la guerre.

Dans toutes les villes et communautés du pays, ceux qui ne sont pas appelés à combattre s’organisent pour faire en sorte que les unités de défense civile qui ont si vaillamment combattu dans le sud, avec un réel effet salvateur en ces heures terribles de samedi, soient bien préparées et équipées en cas de besoin. Des gens parcourent les quartiers frappés par des tirs de roquettes et se présentent dans chaque maison, offrant leur aide là où elle est nécessaire. D’autres passent des appels aux survivants de la Shoah et leur offrent un peu de réconfort en cette période qui en rappelle d’autres, effroyables.

Partout, des gens ouvrent les portes de chez eux aux familles évacuées du sud qui mettent le cap vers le nord. Certains livrent de la nourriture, des vêtements, des fournitures, font les courses, du baby-sitting. Toutes les professions du soin – psychologues, experts en traumatologie, travailleurs sociaux – se mobilisent. Tout comme ceux qui accourent pour s’assurer que le minyan soit réuni lors des très nombreuses funérailles des victimes.

Tout cela et tellement plus, dont je ne parle pas ici, est l’oeuvre de notre peuple, pour se protéger.

Une maison où quarante civils israéliens ont été pris en otage dans le kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Dans ces communautés dévastées du sud, les bénévoles du service d’intervention d’urgence ZAKA continuent, une semaine plus tard, d’évacuer les corps. Des bénévoles, dans les villes et kibboutzim de la zone de guerre, dans ces maisons ensoleillées qui se sont transformées en pièges mortels, des maisons avec de la nourriture encore sur la table, des photos d’enfants sur le réfrigérateur et des cadavres dans le salon.

Originaire d’Ashdod, Yossi Landau, 55 ans, père de 10 enfants et grand-père de 25 petits-enfants, à la tête d’une entreprise de livraison internationale, fait du bénévolat depuis 38 ans. Jeudi soir, il a expliqué avoir quitté précipitamment la synagogue lorsqu’il a été informé des attaques du Hamas, pour se rendre à Sderot, où les scènes étaient terribles, « mais j’avais déjà vu ce genre de choses auparavant » puis au kibboutz Beeri, où l’horreur était indicible.

Ceci n’est qu’un extrait de ce qu’il a dit à la Douzième chaine, depuis le sud : « Les 20 enfants que nous avons vus au kibboutz Beeri, ça a été extrêmement difficile. Les terroristes leur avaient lié les mains dans le dos. ils les avaient affreusement maltraités. Ils les ont mis les uns sur les autres et les ont brûlés. Comment peut-on faire une chose pareille ? »
« Je ne croyais pas que quelqu’un puisse se comporter comme ça… Les nazis ne se sont pas comportés comme ça. »

Yossi Landau, qui est bénévole pour Zaka depuis 38 ans. (Crédit : Zaka)

« Nous disons aux corps que nous sommes désolés de ne pas avoir pu les honorer comme nous le devrions, à cause du très grand nombre de morts et de la menace permanente. A Beeri, un terroriste, blessé, nous a sauté dessus. Il avait une grenade. Il a été tué par un soldat. »

« Nous devons également récupérer les corps des terroristes. L’État le demande. Cela nous est très difficile. »

« J’ai dit à certains de mes collègues de rentrer chez eux. Ils étaient brisés. Ils m’ont supplié de ne pas les renvoyer chez eux. Je leur ai demandé de faire des tâches administratives. Aucun d’entre nous n’est à l’abri. Mais il faut continuer. »

« Nous formions parfois un cercle – les soldats et nous – et nous chantions des chants d’espoir, comme ‘le peuple d’Israël est vivant’… Mais c’est très dur… »

Son réconfort, dit-il, c’est de savoir que « le pays tout entier est avec nous ».

Il nous demande : « Dites une prière, s’il vous plaît, pour que les forces de sécurité et nous-mêmes sortions sains d’esprit de tout cela. »

Je prie, et vous devriez le faire aussi, pour que les dirigeants de Tsahal aient effectivement retrouvé la stabilité et la lucidité pour affronter le Hamas, qui attend nos soldats à Gaza.

Dans le nord, le Hezbollah n’attend que ça, avec l’Iran en grand organisateur.

Des manifestants pro-palestiniens défilant lors d’une manifestation à l’Université de Columbia, le 12 octobre 2023, à New York. (Crédit : Yuki Iwamura/AP)

Et déjà, malgré toutes les preuves ignobles et incontrôlables de ce que le Hamas a fait à notre peuple, la réalité de notre combat contre d’odieux meurtriers de masse, prêts à nous tuer tous s’ils le peuvent, est remise en question ici et là, et notre légitimité à riposter est contestée.

Des manifestants pro-israéliens chantent lors d’une manifestation à l’Université Columbia, le jeudi 12 octobre 2023, à New York. (Crédit : AP Photo/Yuki Iwamura)

Ceux d’entre vous qui lisent ceci à l’étranger et qui peuvent et veulent aider matériellement, s’il vous plaît faites-le – donnez aux causes que vous jugez les plus appropriées. Mais manifestez aussi en notre nom : montrez-vous dans les rues où nous serons de plus en plus pointés du doigt, et où votre présence permettra de façonner l’opinion publique et influencera les décideurs. Prenez également part aux innombrables forums dans lesquels les visions du monde se façonnent.

Un lit d’enfant trempé de sang dans le kibboutz Kfar Aza sur une photo publiée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu le 11 octobre 2023 à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. (Crédit : X/Netanyahu)

Israéliens et Juifs ne font pas facilement des comparaisons entre cette époque et celle des nazis et de la Shoah. Nous les avons pourtant faites cette semaine. Le Hamas diffère des nazis en ce qu’il n’est pas encore capable d’organiser des massacres à plus grande échelle, et aussi dans la frénésie avec laquelle il nous massacre, mais pas dans son intention génocidaire, à la fois déclarée et éprouvée.

Le Hamas et ses soutiens et mandataires iraniens diffère également des nazis en ce sens qu’ils ne s’en prennent pas aux Juifs sans défense. Comme le ministre de la Défense Yoav Gallant l’a dit à l’OTAN jeudi, nous sommes en 2023, pas en 1943. Aujourd’hui, les Juifs ont un État et, même s’ils sont choqués et horrifiés par ce qui est arrivé, ils conservent une capacité et une volonté de vivre et de se protéger, ensemble.

Nous avons un État, une armée puissante et un soutien international considérable, à commencer par celui des États-Unis, sous la direction d’un président qui affiche sans honte son sionisme et nous a fourni ce qui, nous l’espérons, dissuadera l’Iran d’intervenir et réconfortera notre peuple. Biden concentre des forces dans la zone « comme s’il craignait que nous risquions d’être anéantis », m’a dit quelqu’un jeudi. C’est en effet ce que l’on craint.

Je veux dire ma colère contre tout ce qui a rendu possible ces heures sombres, comme par exemple nos échecs internes ou, tout en sachant que c’est parfaitement inutile, contre le fait que nous sommes en première ligne contre des islamistes rapaces qui veulent à détruire tout ce qui est cher au monde civilisé.

Mais je sais qu’il nous faut canaliser cette colère et toute cette frustration pour en faire une énergie capable de servir des objectifs vitaux et constructifs.

Parce que samedi nous a prouvé qu’il ne fallait rien prendre pour acquis dans cette partie impitoyable du monde, n’ayez aucune illusion. Il nous faut pour l’heure mettre nos innombrables différences internes sous le boisseau et nous concentrer sur l’avenir, pour avoir la résilience nécessaire à la victoire. Nous sommes unis, a dit le Premier ministre, notre Premier ministre.

Maintenant, je vais aller prendre des nouvelles de ma femme, serrer mon fils aîné dans mes bras, téléphoner à mes deux autres enfants et voir ce que j’ai manqué le temps d’écrire ceci.

Le peuple d’Israël est vivant.

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