« Juif », en compétition officielle lors des Journées théâtrales de Carthage
La pièce a reçu une "standing ovation" lors de la 20e édition tunisienne
Écrite et mise en scène par Hamadi Ouhaïbi la pièce de théâtre « Juif » s’intéresse aux possibilités d’existence d’une communauté juive en Tunisie au moment de la révolution, et plus généralement au sein d’une population musulmane.
« Tunisie, 14 janvier 2011, Mimoun, tente de convaincre un groupe de Tunisiens de confession juive de quitter le pays pour Israël, raconte le synopsis. Il est convaincu qu’ils ne sont plus en sécurité sur le sol tunisien. Seulement, Dalila, une jeune juive tunisienne, révolutionnaire et rebelle, tient à rester en Tunisie malgré le harcèlement subi par sa communauté. »
Le 14 janvier 2011 n’est pas un jour anodin. Il s’agit de la date-clef de la révolution de Jasmin entamée en décembre 2010. Un jour d’intenses mobilisations lors duquel l’armée a décidé de se ranger du côté des manifestants et contraint le président Ben Ali à fuir en Arabie saoudite.
Certains juifs tunisiens ont alors craint que la situation se dégrade pour eux.
En novembre dernier, la justice tunisienne succombant aux pressions d’associations anti-sionistes a empêché deux représentants français du scoutisme juif de participer à une conférence inter-religieuse malgré le soutien des scouts tunisiens. Ce fut également le cas lors de la venue du comique Michel Boujenah à Carthage en 2017. Il fut la cible d’une campagne de boycott et accusé d’être trop proche d’Israël. Il reçut alors le soutien public du directeur du festival.
« Juif » est l’une des deux pièces tunisiennes sélectionnées en compétition officielle, lors des Journées théâtrales de Carthage (JTC) qui se tiendront jusqu’au 16 décembre.
Cette pièce, rapporte Kapitalis, a reçu une « standing ovation » lors de sa première le 9 décembre dernier. Les deux représentations programmées aux JTC ont rapidement affiché complet, affirme le même site.
La pièce qui prend à bras le corps les questions d’identités qui troublent encore parfois la Tunisie se demande : « Que veut dire être juif dans une nation globalement de confession musulmane ? Un juif est-il condamné à vivre isolé ou bien peut-il s’adonner sans risque à des rapports de paix avec les musulmans ? A-t-il autant sa place dans ce pays qu’un musulman ? »
La Tunisie a cessé d’avoir des relations diplomatiques officielles avec Israël au début de la Seconde intifada en 2000, sur décision du président Zine el-Abidine Ben Ali.
Depuis, à l’instar du Maroc, des lois visant à criminaliser la reprise des relations entre la Tunisie et Israël ont été proposées à plusieurs reprises, en 2015 et en 2018, par le Front populaire, une coalition de partis tunisiens de gauche et d’extrême-gauche.