Kirby suggère que Netanyahu fabrique une crise dans les relations Etats-Unis-Israël
La Maison Blanche a rappelé que la résolution sur une trêve n'était pas contraignante, ce que les membres les moins influents du Conseil de sécurité ont contesté
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La Maison Blanche a laissé entendre lundi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu tentait de provoquer une crise dans les relations entre les Etats-Unis et Israël à la suite de la décision de l’administration Biden d’autoriser l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza et à la libération des otages.
« Il semble que le bureau du Premier ministre choisisse de créer un climat d’insécurité alors qu’il n’a pas besoin de le faire », a déclaré John Kirby, membre du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche (NSC), lors d’un point de presse, après que Netanyahu a annoncé sa décision d’annuler une délégation israélienne prévue à Washington pour discuter d’une éventuelle incursion de l’armée israélienne dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
« Nous sommes un peu perplexes. Il s’agit d’une résolution non contraignante, qui n’a donc aucune incidence sur la capacité d’Israël à poursuivre le [groupe terroriste palestinien du] Hamas », a déclaré Kirby. « Le bureau du Premier ministre semble indiquer, par le biais de déclarations publiques, que nous avons changé d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré après que le bureau de Netanyahu a affirmé que les États-Unis avaient changé de position en ne faisant pas obstacle à la résolution qui ne conditionnait pas explicitement un cessez-le-feu à la libération des otages.
Kirby a ajouté que Netanyahu avait tort de prétendre que l’abstention des États-Unis donnerait au groupe terroriste palestinien du Hamas l’espoir qu’il peut obtenir une trêve par d’autres moyens que la libération des otages.
« Nous soutenons toujours Israël. Pendant que vous et moi parlons, nous continuons à fournir des outils, des capacités et des systèmes d’armes pour qu’Israël puisse se défendre contre ce que nous considérons comme une menace viable [de la part du] Hamas », a-t-il précisé.
Interrogé sur la possibilité que les États-Unis commencent à conditionner leur aide à Israël, le porte-parole de la Maison Blanche a indiqué qu’il n’en était pas question. « Je ne suis pas d’accord avec l’idée que nous ne tirons pas parti de tout ce que nous pouvons. [Mais] il ne s’agit pas d’un exercice d’influence. Il ne s’agit pas d’essayer d’utiliser une quelconque dynamique de pouvoir avec notre bon ami et allié, Israël. Il s’agit de les aider à se défendre », a affirmé Kirby.
L’administration Biden aura encore l’occasion de présenter ses alternatives à une opération de grande envergure à Rafah lors de réunions avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, même si elles ne remplaceront pas la réunion inter-agences qu’elle espérait organiser avec d’autres hauts responsables de Netanyahu dans le courant de la semaine, a reconnu Kirby.
Toutefois, il a déclaré que les États-Unis continueraient à rechercher d’autres moyens de discuter de la question avec Israël, même si une opération à Rafah semble être « loin d’être acquise ».
Après qu’un autre responsable américain a déclaré anonymement aux journalistes que la décision de Netanyahu d’annuler la délégation était probablement motivée par la politique intérieure israélienne, Kirby a été interrogé sur le fait de savoir si Biden n’était pas influencé par sa propre politique intérieure.
Le porte-parole de la Maison Blanche a rejeté cette idée en bloc, affirmant que les décisions de Biden concernant la guerre entre Israël et le Hamas sont strictement basées sur des préoccupations de sécurité nationale.
La résolution adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas juridiquement contraignante, ont affirmé les États-Unis.
« Il s’agit d’une résolution non contraignante, qui n’a donc aucun impact sur la capacité d’Israël à poursuivre le Hamas », a affirmé Kirby, lors d’un point de presse, reprenant la position exprimée après le vote par l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.
Cette position semble être partagée par la Corée du Sud et d’autres membres.
Toutefois, l’Algérie, Malte, le Mozambique et la Sierra Leone ont contesté cette interprétation.
Étant donné que les États-Unis peuvent empêcher les membres d’essayer de sanctionner Israël pour non-respect de la résolution, l’interprétation de Washington semble avoir plus de poids.
En conséquence, elle a démontré l’influence très limitée de l’ONU lorsqu’il s’agit de peser sur les conflits dans le monde.