Kornel Morawiecki : les Juifs sont allés gaiement dans les ghettos
Et ils ont aussi aidé les Allemands, selon le père de l'actuel Premier ministre polonais
Un ancien politicien polonais, qui est le père du Premier ministre actuel du pays, a déclaré que pendant l’Holocauste, les Juifs s’étaient installés dans les ghettos de leur propre gré pour s’éloigner des Polonais non-Juifs.
Kornel Morawiecki, ancien sénateur dont le fils Mateusz est devenu Premier ministre l’année dernière, a fait cette déclaration dans une interview publiée mardi par le magazine en ligne Kultura Liberalna.
« Savez-vous qui a chassé les Juifs du ghetto de Vasrovie ? Les Allemands, vous pensez ? Non. Les Juifs eux-mêmes y sont allés parce qu’on leur a dit qu’il y aurait une enclave, qu’ils n’auraient pas à gérer ces affreux polonais », a expliqué Kornel Morawiecki.
Ses propos surviennent dans le contexte d’une crise diplomatique entre la Pologne et Israël, qui a contesté l’adoption le mois dernier d’une législation en Pologne qui criminalise l’incrimination des Polonais dans les crimes nazis. Les groupes juifs ont estimé que cette loi va limiter le débat et la recherche sur les actions de milliers de Polonais qui ont trahi des Juifs auprès des nazis ou qui ont tué des Juifs.
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Cette crise a connu une nouvelle escalade le mois dernier quand le Premier ministre a déclaré que la Shoah n’avait pas eu seulement des auteurs allemands, ukrainiens et polonais, mais Juifs également. Son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié ces propos d’ « inacceptables ».
En 1940, un an après l’invasion de la Pologne, les Juifs de Varsovie avaient été dans l’obligation de s’installer dans le ghetto, un secteur cloisonné de la capitale occupée.
Presque un demi-million de Juifs avaient été confinés dans ces quartiers sordides, mesurant seulement trois kilomètres-carrés. Les nazis avaient déporté tous ceux qui n’avaient pas été victimes des maladies ou de la faim dans les camps de la mort.
Au début du mois, la Pologne a fait savoir qu’elle créerait un musée du ghetto de Varsovie qui, selon le ministre de la Culture, aura pour objectif de célébrer l’amour mutuel entre les Polonais et les Juifs.
S’exprimant lors d’une conférence de presse pour l’annonce du musée, le 8 mars, Mateusz Morawiecki a souligné la situation critique vécue par les Juifs du ghetto et de la Pologne occupée en général.
« La responsabilité en incombe aux Allemands, à la nation allemande, mais également à ceux qui ne sont pas venus apporter leur aide, avec les Alliés », a-t-il dit.
Dans l’interview de mardi, le père du Premier ministre a également parlé de la complicité juive présumée dans le génocide nazi contre les Juifs. Il a parlé de la cellule Zagiew d’informateurs juifs que les Allemands utilisaient pour infiltrer les groupes de résistance.
« Qui a envoyé les Juifs dans les Umschlagplatz ? », a demandé Kornel Morawiecki, utilisant le mot allemand pour désigner les lieux, souvent des places municipales, où les Juifs étaient rassemblés avant d’être envoyés dans les camps de la mort. « Est-ce que les Allemands l’ont fait ? Non ! La police juive était dans les Umschlagplatz !”
D’éminents spécialistes de l’Holocauste rejettent le parallèle établi entre les collaborateurs juifs et polonais et les Allemands, citant le fait que les premiers étaient des prisonniers destinés à l’extermination et les derniers des civils occupés qui, dans leur majorité, avaient été autorisés à vivre leur quotidien s’il ne violait pas les lois nazies.