Un musée du ghetto pour célébrer « l’amour mutuel » des Polonais et des Juifs
L'annonce intervient alors que les relations de Varsovie avec Israël et les Etats-Unis sont en crise après l'adoption d'une loi polonaise controversée sur la Shoah
Le gouvernement polonais a lancé officiellement mercredi son projet de musée du ghetto de Varsovie, en souhaitant qu’il évoque « l’amour mutuel » des Polonais et des Juifs.
Cette annonce intervient alors que les relations de Varsovie avec Israël et les Etats-Unis sont en crise après l’adoption d’une loi polonaise controversée sur la Shoah, perçue par ses critiques comme une tentative de cacher la participation de certains Polonais au génocide des Juifs.
Elle arrive aussi à un moment où plusieurs événements, expositions, conférences et spectacles marquent le cinquantenaire de la campagne antisémite lancée par les autorités communistes polonaises en 1968 : la purge, lancée au sein du parti unique et relayée par des articles d’une rare brutalité dans la presse, avait abouti au départ d’au moins douze mille Juifs polonais.
Pour les dirigeants de Varsovie, ces événements ne sont pas liés.
Le musée « n’est pas une institution créée ad hoc en raison de l’actuel dialogue intensifié polono-juif ou polono-américain », a insisté le ministre de la Culture Piotr Glinski lors d’une conférence de presse.
« Je voudrais que cette institution parle de l’amour mutuel des deux nations qui ont passé 800 ans ici, en terre polonaise. De la solidarité, de la fraternité, de la vérité historique aussi, dans tous ses aspects », a-t-il dit.
Le musée, qui doit ouvrir ses portes en 2023, année du 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto, sera installé dans un ancien hôpital juif, construit à la fin du 19e siècle, à côté de l’unique fragment préservé du mur du quartier juif.
Le Premier ministre Mateusz Morawiecki qui a participé à la conférence de presse sur le musée, a évoqué le drame du ghetto et de l’occupation nazie de la Pologne en général.
« La responsabilité en retombe sur les Allemands, sur la nation allemande, mais aussi sur ceux qui ne sont pas venus à l’aide, sur les Alliés », a-t-il dit, citant le rapport d’un homme politique juif polonais, Szmul Zygielbojm, qui s’était suicidé après la fin de l’insurrection du ghetto face au mutisme des alliés à l’égard du génocide des Juifs.
Les Allemands avaient créé le plus grand de tous les ghettos juifs de la Seconde Guerre mondiale en octobre 1940, un an après avoir envahi la Pologne le 1er septembre 1939, et y avaient enfermé près d’un demi-million de Juifs sur trois kilomètres carrés.
Durant l’été de 1942, ils en ont déporté 300 000 d’entre eux vers les chambres à gaz du camp de Treblinka, à 100 km de Varsovie.
Le 19 avril 1943 a éclaté l’insurrection du ghetto, vouée d’avance à l’échec.