Kushner: Abbas a une responsabilité dans la hausse des violences anti-Israéliens
Devant le conseil de Sécurité de l'ONU, le gendre de Trump a déclaré que les autorités palestiniennes "ont une longue histoire d'incitation aux intifadas"
NEW YORK — Le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, architecte du plan de paix des Etats-Unis au Moyen-Orient, a attribué jeudi la recrudescence des violences en Israël et en Cisjordanie au président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas.
« Il a une responsabilité » dans ce regain des violences, a indiqué Kushner aux journalistes après avoir informé les membres du conseil de Sécurité de l’ONU sur la proposition de paix rejetée par les Palestiniens.
Le président Abbas « a rejeté le plan avant même de l’avoir vu », a-t-il clamé.
Trois attaques palestiniennes visant des soldats et des policiers israéliens ont eu lieu en l’espace de 12 heures dans la journée de jeudi, faisant en tout 14 blessés.
Deux membres des services de sécurité palestiniens ont aussi été tués. Au moins l’un d’entre eux aurait été confondu avec un terroriste par un sniper israélien, dans un climat de violences croissantes entraînées par la colère des Palestiniens face au plan de l’administration Trump qui a été annoncé, la semaine dernière.
Les leaders palestiniens ont indiqué que ces violences résultaient inévitablement de la partialité pro-israélienne du plan de paix tandis que les responsables israéliens ont accusé l’Autorité palestinienne d’encourager ces attaques.
« M. Kushner a permis à Israël d’aller plus loin avec l’annexion/colonisation », a rétorqué dans un tweet Saëb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). « Il blâme le président Abbas parce que pour les gens comme lui, notre simple existence/nos droits (…) sont le problème. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré en lançant un appel direct à Abbas : « Tout cela ne vous aidera pas. Ni les attaques au couteau, ni les attaques à la voiture-bélier, ni les fusillades, ni les incitations… Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour contrôler notre sécurité, pour sécuriser nos frontières et garantir notre avenir. Et nous le ferons avec vous ou sans vous », a-t-il asséné.
Jared Kushner a déploré devant le conseil de Sécurité que le président Abbas ait « rejeté le plan avant même de l’avoir vu ».
« Je pense qu’il a été surpris de voir combien il était bon pour le peuple palestinien mais il s’est enfermé dans une position avant sa publication et je ne sais pas pourquoi il a fait cela », a-t-il continué.
« Les dirigeants palestiniens ont des antécédents d’indemnisation des familles des terroristes, d’incitation aux intifadas quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent », a encore ajouté le conseiller du président américain.
« Je pense que la communauté internationale est de plus en plus lasse de ce comportement », a-t-il souligné.
Kushner a présenté le plan aux membres du conseil de Sécurité lors d’un déjeuner privé organisé jeudi par la mission américaine aux Nations unies.
« Ce que nous faisons est juste de lutter contre les habitudes (…) Les gens sont dans les habitudes depuis si longtemps, ou disent les mêmes choses, publient les mêmes communiqués », a-t-il déploré.
Pendant plus de deux heures, Jared Kushner a présenté le plan de paix américain, avec cartes et graphiques, montrant que les développements parallèles des implantations israéliennes et des aspirations palestiniennes allaient arriver à un point de non-retour pour la création d’un Etat palestinien.
Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni ou la Belgique, ont jugé à l’issue de la rencontre que la réunion avait été « très intéressante ». Selon un diplomate, certains des membres du Conseil présents à la réunion se sont même fait dédicacer par Jared Kushner le plan américain qui leur a été remis sous forme de gros livre.
Kushner a qualifié ces discussions de deux heures avec les 14 autres membres du conseil de « très constructives ».
Une « dernière chance » pour les Palestiniens
Kushner a averti que la proposition pouvait être « la dernière chance de résoudre la situation », le taux d’expansion des implantations israéliennes en Cisjordanie pouvant finir par exclure définitivement la possibilité de créer un état palestinien contigu.
« Il est très très difficile d’avoir un Etat contigu où vous pouvez conduire d’une extrémité à l’autre », a-t-il fait valoir, se targuant d’être « pragmatique ».
Il a précisé qu’une commission allait être prochainement créée avec Israël pour avoir une carte plus détaillée de la possibilité d’avoir un Etat palestinien « sans check-points au milieu ».
Il a ajouté que « [les Palestiniens] feraient mieux de prendre les lignes (du plan américain) les unes après les autres et dire celles avec lesquelles ils sont d’accord et celles qu’ils rejettent » .
« S’ils veulent nous rencontrer, nous en serons heureux – mais nous n’allons pas leur courir après », a-t-il clamé.
Selon le conseiller américain, la publication récente du plan a provoqué « une tonne de fissures » dans l’approche de plusieurs Etats. Il a notamment cité l’Union européenne, qui « n’a pas été en mesure d’avoir une déclaration consensuelle » sur le plan selon lui.
Il a aussi indiqué avoir vu du côté des pays membres de la Ligue arabe des « déclarations neutres » ou « en soutien », et « très peu de déclarations négatives ».
« Nous sommes capables de convaincre de plus en plus de gens que c’est le chemin à suivre. Les gens sont fatigués de ce conflit et réalisent que c’est dans leur intérêt national de trouver une solution », a-t-il aussi dit.
Cette rencontre à l’ONU a eu lieu alors que les partisans des Palestiniens ont commencé à faire circuler un projet de résolution qui rejetterait le plan, disant qu’il contrevient au droit international et aux demandes du conseil de Sécurité portant sur l’adoption d’une solution à deux Etats sur la base des frontières antérieures à la guerre des Six jours.
Le résolution pourrait être présentée au vote le 11 février, date à laquelle Abbas devrait prendre la parole devant le conseil de Sécurité et faire part des objections de son gouvernement au plan de paix américain, qui est soutenu par Israël. En cas de vote, il est presque certain que les Etats-Unis opposeront leur veto au texte.
Le plan américain qui a été dévoilé par Trump, le 28 janvier, envisage la création d’un état palestinien décousu qui céderait des parties essentielles de la Cisjordanie à Israël, se plaçant aux côtés de l’Etat juif sur des questions litigieuses, comme les frontières et les statuts de Jérusalem et des implantations juives.
Les Palestiniens réclament toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est – des secteurs capturés en 1967 – pour y établir leur état indépendant, ainsi que le départ des plus de 700 000 Israéliens qui vivent dans la zone.
Mais selon les dispositions de la « vision de paix » sur laquelle Kushner a travaillé pendant quasiment trois ans, presque tous les habitants d’implantations israéliennes resteraient en place et Israël pourrait faire appliquer sa souveraineté dans les zones concernées ainsi que dans la vallée stratégique du Jourdain.
A la question de savoir si Israël pourrait se montrer flexible sur la question de Jérusalem-Est, Jared Kushner a répondu: « C’est une question pour les deux parties. C’est ce à quoi nous sommes arrivés pour qu’Israël accepte un début de négociations (…) Le seul moyen de savoir à quelle flexibilité Israël est prêt est de s’asseoir à une table et d’essayer de négocier ».
Qualifiant le plan « d’insensé », Abbas a toutefois déclaré : « Nous disons 1 000 fois non à ‘l’Accord du siècle’, » en utilisant le surnom donné à la proposition de Trump.
Netanyahu, qui se tenait aux côtés de Trump lors de l’annonce du plan, l’a pour sa part appelé « une avancée historique » équivalant en signification à la déclaration d’indépendance de 1948. Il a ajouté que le plan de paix donnait le feu vert à l’annexion de vastes territoires de la Cisjordanie.
Pour sa part, une proposition de résolution qui a été rédigée par l’Indonésie et la Tunisie condamne les récents appels à l’annexion israélienne « des zones du territoire palestinien occupé » et souligne « l’illégalité » d’une éventuelle annexion.
Elle réaffirme également que toutes les implantations israéliennes « visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut des territoires palestiniens occupés depuis 1967, sont illégales et mettent en péril la viabilité d’une solution à deux Etats ».
La résolution souligne la nécessité de préserver « l’intégrité territoriale, la contiguïté et l’unité des territoires palestiniens occupés, et notamment à Jérusalem-Est ».
Elle appelle à réaliser une paix durable « sans délai » sur la base des résolutions des Nations unies depuis 1967. Elle réaffirme également le « soutien sans faille » du conseil de Sécurité à une solution à deux Etats, les Israéliens et les Palestiniens vivant côte à côte en paix sur la base des frontières de 1967.
La proposition appelle les 193 Etats-membres de l’ONU à se conformer à toutes les résolutions antérieures du conseil de Sécurité sur le sujet – et de ne pas « apporter d’aide ou d’assistance aux activités illégales d’implantation » et de ne pas reconnaître des actions et des mesures qui pourraient impliquer l’application de la souveraineté israélienne sur les territoires palestiniens.
Elles exprime également la détermination du conseil « à examiner les moyens pratiques de garantir la pleine mise en oeuvre des résolutions concernées, dont les mesures d’application figurant dans le chapitre 7 de la charte des Nations unies ».
Le chapitre 7 comprend les mesures à la fois militaires et non-militaires.
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