La coalition incapable de faire prolonger une loi sur le regroupement familial
Afin de mettre le gouvernement en difficulté, les partis d'opposition ont refusé de voter la loi, même s'ils la soutiennent ; Raam s'y oppose et ne votera pas avec ses partenaires
Le nouveau gouvernement d’union a échoué mercredi à prolonger une loi interdisant aux Palestiniens qui épousent des citoyens israéliens de recevoir la citoyenneté.
La présidente de la coalition, Idit Silman (Yamina), a été contrainte de retirer la mesure de l’ordre du jour de la commission des Arrangements de la Knesset lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle n’avait pas assez de voix pour la faire passer. Bien que les partis d’opposition de droite, le Likud et le Parti sioniste religieux, soient favorables à l’extension de la loi, ils ont choisi de faire barrage à la coalition en annonçant à l’avance qu’ils ne la soutiendraient pas.
La nouvelle coalition a recherché le soutien de l’opposition car le parti islamiste Raam s’oppose à la loi et ne votera pas comme ses partenaires.
Le regroupement familial en Israël implique généralement qu’un citoyen israélien demande la citoyenneté pour son conjoint non-israélien. La plupart des demandes de regroupement sont soumises par des Arabes israéliens au nom d’un conjoint palestinien vivant en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza.
La procédure de regroupement familial pour les Palestiniens a été endurcie ces dernières années, car on craignait que des groupes terroristes n’en abusent pour pouvoir entrer en Israël.
Les détracteurs de cette loi la qualifient de raciste et affirment qu’il s’agit d’une tentative d’Israël de limiter le nombre de citoyens arabes.
Le député du Likud Miki Zohar a déclaré aux représentants de la coalition que son parti était prêt à soutenir la loi si le gouvernement soutenait son projet de loi visant à légaliser des dizaines d’avant-postes en Cisjordanie. La majorité des partis du gouvernement d’union s’oppose à de telles mesures visant à étendre la présence israélienne au-delà de la Ligne verte.
Se moquant de l’apparente paralysie précoce du gouvernement d’union, Zohar a tweeté qu’il « est tout simplement incapable de maintenir l’État d’Israël en tant qu’État juif et démocratique ».
« En raison de la composition illusoire du gouvernement faible de Bennett, il est incapable, déjà au troisième jour de son existence, de faire passer une extension de la loi sur le regroupement familial pour empêcher la naturalisation de centaines de milliers de Palestiniens et d’infiltrés illégaux, quelque chose qui détruirait l’État juif », a tweeté le parti Likud, ne fournissant aucune source pour ses chiffres et ignorant le fait que la loi aurait été prolongée si le Likud l’avait soutenue.
La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked (Yamina) s’est engagée à faire avancer la législation, affirmant qu’elle serait soumise au vote la semaine prochaine.
« Je ne peux pas concevoir que l’opposition portera atteinte à la sécurité du pays au nom de jeux politiques », a-t-elle tweeté. « Je n’ai aucun doute sur le fait que le chef de l’opposition [Benjamin Netanyahu] tiendra sa parole : sur les questions de sécurité israélienne ‘il n’y a pas d’opposition et pas de coalition’. Sur ces questions, nous formons tous un front uni ».
Le radiodiffuseur public Kan a rapporté que le gouvernement travaillait sur un compromis avec Raam dans lequel il présenterait au parti une série de réformes de la loi, dans le but d’amener ses membres à s’abstenir.
Le ministre de la Défense Gantz a appelé jeudi Netanyahu à aider à approuver le renouvellement de la législation interdisant aux Palestiniens qui épousent des citoyens israéliens d’obtenir la citoyenneté.
« Cette loi est essentielle pour sauvegarder la sécurité et le caractère juif et démocratique du pays, et la considération de sécurité doit être prise en compte », a déclaré Gantz dans un communiqué de son bureau. « Même dans les moments difficiles politiquement, nous plaçons Israël avant tout. »
Le bureau de Gantz a également déclaré qu’il avait demandé à Eitan Ginsburg, représentant de son parti au sein de la coalition, de travailler avec Silman pour enrôler « toutes les composantes sionistes » de sorte à assurer une majorité à la Knesset pour l’extension de la loi.
Dans le même temps, Moshe Arbel, législateur du parti ultra-orthodoxe Shas, qui fait partie du bloc religieux de droite allié à Netanyahu, a noté « l’importance » de prolonger la loi, mais affirmé qu’il voterait contre dans le cadre des efforts de l’opposition de faire tomber le nouveau gouvernement.