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La coopération sécuritaire critiquée après la mort d’un ancien détenu de l’AP

Les groupes palestiniens réclament l'arrêt de la coopération avec Israël après la mort d'un terroriste présumé lors d'un échange de tirs à Ramallah

Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Forces de sécurité palestiniennes en patrouille dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, après des affrontements, le 19 août 2016. Illustration. (Crédit : Jaafar Ashtiyeh/AFP)
Forces de sécurité palestiniennes en patrouille dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, après des affrontements, le 19 août 2016. Illustration. (Crédit : Jaafar Ashtiyeh/AFP)

Les groupes palestiniens sont passés à l’offensive contre l’impopulaire coordination sécuritaire mise en place entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) après que les forces israéliennes ont tué lundi un présumé terroriste palestinien à Ramallah durant un échange de tirs.

Basel al-Aaraj, 31 ans, a été tué dans sa cachette, à Ramallah, après qu’il a ouvert le feu sur les forces israéliennes venues l’arrêter, a expliqué l’armée. Il était soupçonné de programmer un attentat terroriste contre des civils israéliens.

Dans son habitation, les militaires ont découvert un fusil M-16 et une mitraillette artisanale de style « Carlo », a fait savoir l’armée israélienne, se référant au suspect comme à un « terroriste ».

Selon les médias israéliens, Aaraj, un militant connu en Cisjordanie, était recherché par l’armée israélienne depuis qu’il avait été libéré d’une prison de l’Autorité palestinienne au mois de septembre dernier.

Aaraj avait été appréhendé en compagnie de deux autres individus par l’AP au mois d’avril, alors qu’il campait dans une zone montagneuse située à proximité de Ramallah. La police de l’AP avait indiqué que les hommes possédaient des armes, des grenades à main et du matériel de camping, avait fait savoir le site d’information palestinien Maan.

Peu après le placement en détention d’Aaraj, Abbas avait déclaré au quotidien allemand Der Spiegel que l’opération avait été le fruit de la coopération sécuritaire mise en place entre Israël et l’Autorité palestinienne.

Les groupes palestiniens, qui sont historiquement opposés à cette coopération sur la sécurité, ont saisi l’occasion de la mort d’Aaraj pour remettre en cause cette politique.

Le groupe terroriste du Hamas, qui dirige la bande de Gaza et qui est souvent la cible des efforts de coopération, a émis lundi un communiqué clamant que la mort d’Aaraj était le résultat de la coopération sécuritaire.

« Il doit y avoir un effort national conjoint mené par toutes les factions palestiniennes et les diverses institutions nationales afin de mettre un terme à la coopération dans le secteur de la sécurité entre l’Autorité palestinienne et l’occupation. Elle a finalement mené à l’opération [des soldats de l’armée israélienne] et elle facilite les visées de l’armée d’occupation », a expliqué le porte-parole du Hamas Husam Badran dans un communiqué publié sur le site internet officiel du groupe terroriste.

Aaraj n’était pas membre du Hamas, mais un intellectuel de gauche, selon de nombreux portraits à son sujet publiés dans les médias palestiniens.

Pharmacien de formation et de profession, Aaraj était un soutien éminent du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) contre Israël. Peu après sa mort, lundi matin, des vidéos de ses discours anti-israéliens ont circulé sur les réseaux sociaux palestiniens. Il avait également voyagé à travers la Cisjordanie, où il donnait des conférences consacrées au conflit armé palestinien.

Aaraj et ses compagnons avaient fait les gros titres au mois de septembre après que trois hommes les ont rejoint au cours d’une grève de la faim. Ils protestaient contre leur détention qu’ils qualifiaient d’arbitraire et de non-motivée de la part des forces de sécurité palestiniennes.

Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe terroriste marxiste, avait appelé Aaraj « l’un des hommes de la résistance palestinienne les plus importants » et un « intellectuel révolutionnaire ».

Le groupe a expliqué que sa mort était le résultat de « l’immonde coopération sécuritaire ».

Le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens Samidoun, réseau de militants basés en Amérique du nord, a indiqué que la mort d’Aaraj « souligne une nouvelle fois la réalité dévastatrice et meurtrière de la coopération sécuritaire » et a demandé la fin de cette politique.

La coopération sécuritaire entre Israël et l’AP est une question problématique depuis longtemps au sein de la société palestinienne.

Un sondage réalisé au mois de décembre 2015 par le PCPSR (Palestinian Center for Policy and Survey Research) a indiqué que 64 % des Palestiniens soutenaient la fin de la coopération sécuritaire avec Israël.

Abbas a toutefois continué à défendre cette coopération, nécessaire, selon lui, pour assurer la sécurité des Palestiniens comme des Israéliens. Les Israéliens considèrent également cette coopération comme essentielle pour déjouer les attentats terroristes émanant de Cisjordanie.

Au début du mois de février, Abbas avait menacé de mettre un terme à cette coopération en raison de l’expansion des implantations israéliennes.

Dans une interview réalisée en avril 2016, une semaine avant l’arrestation d’Aaraj, Abbas avait imploré Israël au cours d’un entretien diffusé dans une émission d’information à une heure de grande écoute de mettre un terme aux raids menés par l’armée dans les centres urbains palestiniens.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans son bureau de Ramallah, en Cisjordanie, le 11 avril 2016. (Crédit : Thomas Coex/AFP)
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans son bureau de Ramallah, en Cisjordanie, le 11 avril 2016. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

« Donnez-moi la responsabilité des territoires palestiniens, et testez-moi… Si Israël a des informations de renseignement spécifiques, donnez-les mois et je m’en chargerai. Mais on ne me donne pas les renseignements. Alors qu’est-ce que je fais ici ? Que devient la coopération sécuritaire ? Vous voulez que je sois votre employé, votre agent. Je n’accepte pas cela, je veux agir moi-même », avait expliqué Abbas.

Peu avant cette interview du mois d’avril, les pourparlers sécuritaires s’étaient interrompus après le rejet par les Palestiniens de l’offre d’Israël de mettre fin aux opérations à Ramallah et à Jéricho pendant une période d’essai. Les Palestiniens avaient répondu que cette offre n’allait pas suffisamment loin.

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