La cour donne une semaine de délai aux squatteurs de Hébron avant leur expulsion
Les habitants de la maison Machpela ont fait appel de la décision et affirment avoir acheté le bâtiment légalement
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Quinze familles habitant illégalement dans la maison Machpela de Hébron, en Cisjordanie, ont obtenu dimanche au moins une semaine supplémentaire avant de quitter les lieux, après avoir porté l’affaire devant la Haute cour de Justice.
Le mois dernier, le procureur général Avichai Mandelblit avait accordé une semaine de délai à la centaine de personnes habitant illégalement le bâtiment, situé près du Tombeau des Patriarches, pour le quitter dans le calme avant que l’armée israélienne n’intervienne pour les expulser. L’ordre d’évacuation a été décidé après la demande d’une organisation des habitants palestiniens de Hébron suite à l’arrivée des Israéliens dans la maison le 26 juillet.
Comme ils n’ont pas pu présenter les documents nécessaires pour valider l’achat de la maison, Mandelblit a décidé la semaine dernière que les habitants ne pourraient donc pas y rester.
Dimanche, dans le dossier présenté à la Cour avec l’organisation Harhivi, qui a dirigé l’opération, les habitants de la maison Machpela ont affirmé que « la position de l’Etat concernant la déclaration de la maison n’a aucun fondement légal », et que le document manquant n’était en fait pas nécessaire pour que la maison soit habitée.
« Heureusement pour le patriarche Abraham », qui aurait acheté le Tombeau des Patriarches à Hébron, « il n’y avait pas besoin de traiter avec l’Administration civile à cette époque, sinon [son épouse] Sarah n’aurait jamais été enterrée » dans le Tombeau, ont affirmé les demandeurs, en citant l’organe du ministère de la Défense qui autorise les achats de terrains en Cisjordanie.
En réponse, la Cour a donné à l’Etat, et aux Palestiniens qui revendiquent la propriété de la maison, une semaine pour répondre, pendant laquelle les habitants ne peuvent pas être expulsés.
Hagit Ofran, de l’association La Paix Maintenant, a affirmé que le dossier était rempli de « fausses affirmations que l’Etat lui-même a déjà totalement rejetées. »
En 2012, le même nombre de familles avait brièvement squatté le bâtiment contesté, mais l’administration civile avait conclu que, là aussi, ils n’avaient pas les preuves suffisantes pour valider l’acquisition de la propriété. Les familles avaient été expulsées du site après une semaine.
Harhivi a tenté plus d’une fois de faire appel de la décision de 2012 bloquant l’achat de la maison Machpela, et en juin, une commission de l’Administration civile a accepté de réentendre les habitants. Cette audience n’a cependant pas encore eu lieu, et l’ordre militaire leur interdisant de vivre dans le bâtiment est toujours en vigueur.
Ils ont néanmoins pu entrer et sortir librement du bâtiment ce dernier mois, et même jouir d’une forte protection de l’armée israélienne quand le complexe et son périmètre ont été déclarés zone militaire fermée.
Quelques heures après la première entrée des Israéliens dans le bâtiment, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ordonné au ministre de la Défense, Avigdor Liberman, de suspendre tout projet d’expulsion. Des représentants des bureaux des deux hommes ont rencontré des représentants des habitants de la maison Machpela cet après-midi-là pour tenter de trouver une solution. Des sources proches de Netanyahu ont ensuite indiqué que le Premier ministre tentait d’éviter d’expulser les familles.