La Cour suprême confirme que les épiceries de Tel Aviv peuvent ouvrir à Shabbat
Les élus ultra-orthodoxes se sont engagés à se battre contre cette mesure pour contourner cette décision “anti-religieuse”, qui, disent-ils, profane les valeurs juives
La Cour suprême a rejeté jeudi un appel empêchant les épiceries de Tel Aviv d’ouvrir à Shabbat, ce qui a excédé les élus ultra-orthodoxes. Ils ont juré de contourner cette décision par un projet de loi à la Knesset.
Dans son verdict final, la juge Miriam Naor a souligné qu’Israël avait besoin de pluralisme religieux.
« Ma décision n’est en rien le reflet d’une réflexion morale ni d’un point de vue religieux, quel qu’il soit, a expliqué Naor. Cette décision est, à mon sens, l’interprétation correcte de la loi. »
« Chaque individu devrait avoir le droit de faire Shabbat à sa façon, a-t-elle dit. La vie communautaire n’est pas noire ou blanche. »
« Vivez et laissez vivre », a-t-elle écrit, en appelant à la « tolérance et au respect mutuel. »
Au début de l’année, la Cour suprême avait soutenu un arrêté du Conseil municipal de Tel Aviv, datant de 2014, qui autorisait les magasins à être ouvert pendant Shabbat. Cette mesure était principalement destinée à protéger le caractère cosmopolite de la ville, majoritairement laïque. Cependant, cette décision a suscité de violentes critiques de la part des organisations religieuses, qui affirmaient qu’elle menaçait le caractère juif de l’État.
Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, qui dirige le parti ultra-orthodoxe Shas, avait vivement critiqué la décision de la Cour, et déposé un appel en juillet pour qu’elle soit reconsidérée.
Après que Naor a rendu son verdict jeudi, Deri a déclaré qu’il s’agissait d’un « triste moment », et a accusé la Cour suprême de fomenter un « coup d’État ».
Deri a déclaré cette semaine qu’il s’était entretenu avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour accélérer l’adoption de deux projets de loi qui octroieraient au ministre de l’Intérieur l’autorité de « préserver le caractère du Shabbat juif dans l’espace public. »
Le ministre de la Santé, Yaakov Litzman, du parti ultra-orthodoxes Yahadout HaTorah, a qualifié cette décision d’ « anti-religieuse » et a accusé la Cour d’avoir « piégé » les ultra-orthodoxes.
Mais Asaf Zamir, adjoint au maire de Tel Aviv, a salué cette décision, une victoire pour la préservation du caractère séculaire de la ville.
« C’est la victoire d’une bataille que nous ne voulions pas mener, et nous nous sommes efforcés de nous en tenir éloignés, afin de ne pas creuser davantage certains fossés », a-t-il dit, selon le quotidien Haaretz.
« Mais nous avons été contraints de mener cette bataille, et aujourd’hui, nous pouvons célébrer la victoire d’une majorité silencieuse qui a grandi dans l’ombre des croyances d’une minorité, qui les lui a imposées », a déclaré Zamir.
La loi israélienne interdit aux commerces d’opérer durant le jour de repos du calendrier juif, à l’exception des lieux de divertissement, des restaurants, et des services de base comme les pharmacies.
Tel Aviv, qui compte une population majoritairement laïque, a tenté d’élargir les types de commerces autorisés à ouvrir pendant Shabbat. De leur côté, les ultra-orthodoxes ont tenté de restreindre davantage cet éventail et d’intensifier l’observation du Shabbat.
Cette question, qui a opposé les politiques religieux et laïcs, s’envenime depuis le mois de mars 2014. À cette époque, la municipalité de Tel Aviv – Jaffa avait publié un nouvel arrêté, après que la Cour suprême avait ordonné à la ville de remplacer, ou de faire respecter la réglementation en vigueur contre l’ouverture des commerces pendant Shabbat.
Tel Aviv avait décidé d’autoriser l’ouverture de 164 épiceries et kiosques dont la superficie est de 500 m² ou moins pendant Shabbat, une décision à laquelle les Juifs orthodoxes étaient opposés.
Trois ministres de l’Intérieur, Deri, et ses prédécesseurs Silvan Shalom et Gideon Saar, ayant refusé de prendre une décision, la Cour suprême a été saisie de l’affaire.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.