La députée travailliste Shelly Yachimovich annonce son retrait de la politique
Après 13 ans au poste de députée, durant lesquels elle a dirigé la formation et l'opposition, cette défenseuse des luttes sociales dit être "très fatiguée de la partie politique"

L’éminente députée du Parti travailliste Shelly Yachimovich a annoncé mardi qu’elle quittait la politique – pour au moins un « moment » – et qu’elle ne se présenterait pas aux prochaines élections à la Knesset, au mois de septembre.
Yachimovich a écrit sur Facebook souhaiter « faire une coupure » après 13 années passées au poste de législatrice, expliquant « qu’au moins pour le moment, j’ai épuisé mon efficacité en politique ».
Yachimovich, ancienne journaliste qui a été à la tête de la formation travailliste entre 2011 et 2013 et leader de l’opposition en 2012, 2013 et 2019, a expliqué que sa décision résultait d’un « processus personnel en cours ».
Yachimovich a noté être « très reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de se mettre au service du public » et n’avoir « jamais cessé d’aimer le travail parlementaire » tout en ajoutant être très « fatiguée de la partie politique ».
L’ex-dirigeante travailliste a déploré les manœuvres politiques qui, selon elles, paralysent le pays. Alors que la nation va connaître deux scrutins en un an – une première – un travail parlementaire sérieux au service du citoyen est devenu impossible, a-t-elle dit.
« Il doit y avoir un équilibre entre la politique et le service public. Cet équilibre a été renversé de manière intolérable », a-t-elle constaté.
Yachimovich était arrivée en politique avant les élections de 2006 à l’initiative d’Amir Peretz, qui venait alors d’être élu à la tête du Parti travailliste. Peretz avait, pour sa part, dirigé la formation entre 2005 et 2007 et a récemment été réélu à son poste.

Les deux personnalités ont connu des relations houleuses au cours des années, mais Yachimovich a souligné qu’elle continuerait à soutenir le parti et Peretz depuis l’extérieur de la Knesset.
Yachimovich, 59 ans, socialiste auto-proclamée, s’était engagée avec conviction dans la lutte contre les inégalités économiques et sociales et a souvent dénoncé avec vivacité la corruption et les mauvaises conduites gouvernementales. Elle a parrainé plus de 60 projets de loi qui auront finalement été adoptés.
Alors qu’elle était à la barre du parti lors du scrutin de 2013, elle était parvenue à lui faire remporter 15 sièges – soit deux de plus que lors des élections qui avaient précédé, mais pas suffisamment pour sauver sa fonction de leader.
Elle avait alors été remplacée par Isaac Herzog, qui avait ensuite formé l’Union sioniste aux côtés de Tzipi Livni en 2015.
Mais Yachimovich n’a pas perdu sa popularité auprès des électeurs et était inscrite à la cinquième place de la liste du parti pour les élections du mois d’avril.
Elle pourrait être remplacée par Merav Michaeli, qui figurait à la septième place de la liste aux dernières élections et qui n’était pas entré à la Knesset (Peretz, à la sixième place, a été propulsé à la première après avoir remporté la course à la direction du parti).
Le départ de Yachimovich suit celui d’Avi Gabbay, ancien leader du parti sorti lors des primaires organisées par la formation au début du mois, ainsi que celui du général Tal Russo, qui a, grâce à Gabbay, occupé la place numéro deux de la liste, réservée à une personnalité choisie par le dirigeant du mouvement.
Yachimovich avait soutenu au poste de chef du parti Gabbay, aujourd’hui tombé en disgrâce. Au mois d’avril, le responsable aura conduit les Travaillistes à connaître leurs pires résultats électoraux, remportant seulement six sièges.