La détention provisoire en Russie du journaliste du WSJ prorogée jusqu’en novembre
Interpellé depuis le 29 mars, Evan Gershkovich nie les accusations d'espionnage
JTA — Un tribunal russe a prolongé de trois mois la détention provisoire du journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich.
Jeudi, lors d’une audience interdite à la presse au tribunal du district de Lefortovo, un juge a ordonné le maintien en détention de Gershkovich au moins jusqu’au 30 novembre, a déclaré une porte-parole du tribunal. Ce sont les enquêteurs du FSB, agence de sécurité de l’État russe, qui ont demandé cette prolongation.
Gershkovich, 31 ans, est né aux États-Unis. Il est le fils de réfugiés juifs de l’Union soviétique. Il a été arrêté lors d’un voyage destiné à réaliser un un reportage dans la ville d’Ekaterinbourg le 29 mars et accusé d’espionnage.
Gershkovich, le Wall Street Journal et le gouvernement des États-Unis nient en bloc les faits reprochés au journaliste qui encourt une peine de prison allant jusqu’à 20 années dans une colonie pénitentiaire.
La détention provisoire de Gershkovich devait initialement prendre fin le 29 mai, mais elle a été prorogée jusqu’au 30 août. Cette nouvelle prorogation jusqu’en novembre porterait à huit mois – sinon plus – la durée de sa détention préalable au procès.
Selon le Code de procédure pénale russe, dans certaines affaires pénales, la détention provisoire peut être prorogée jusqu’à 12 mois après l’arrestation. Dans d’autres cas encore, les tribunaux accordent autant de prorogations que les procureurs et enquêteurs le souhaitent pour finaliser leur dossier, a rapporté le Wall Street Journal.
Lors d’une conférence de presse à Helsinki le mois dernier, le président américain Joe Biden a déclaré que les États-Unis étaient « très sérieux au sujet d’un possible échange de prisonniers », que les responsables américains considèrent depuis longtemps comme le meilleur moyen d’obtenir la libération de Gershkovich. En 2022, les États-Unis ont ainsi obtenu la libération de la joueuse WNBA Brittney Griner, emprisonnée en Russie, via un échange de prisonniers.
« Je suis très sérieux au sujet de la libération des Américains détenus illégalement en Russie ou ailleurs », a déclaré Biden. « C’est en cours. »
Mais lors d’un briefing le mois dernier, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, qui a rencontré des représentants du Wall Street Journal et de la famille de Gershkovich, a déclaré ne pas vouloir « donner de faux espoirs ».
« Il y a eu des discussions, mais ces discussions n’ont pas permis de dégager de solution claire, et je ne peux donc pas aujourd’hui vous dire que nous savons comment ramener Evan à la maison », a déclaré Sullivan.
Les responsables russes ont déjà fait allusion à un possible échange de prisonniers. Mais selon le Journal, ces discussions sur un éventuel échange se sont heurtées à des obstacles, car les États-Unis n’ont pas été en mesure d’extrader les prisonniers russes détenus par l’Allemagne et le Brésil et la Russie n’a pas semblé intéressée par les prisonniers actuellement détenus par les États-Unis.
Le Journal a indiqué qu’aucune perspective d’échange de prisonnier avec Gershkovich n’interviendrait avant le verdict, et que la Russie pourrait encore retarder le processus jusqu’après l’élection présidentielle de 2024 afin de semer la zizanie aux États-Unis.