La police chinoise secrètement présente dans le monde entier, y compris en Israël
Un rapport de l'association espagnole Safeguard Defenders a trouvé des preuves de l'existence de policiers chinois dans 53 pays ; des agents surveilleraient des expatriés chinois
La Chine a établi une présence policière secrète en Israël ainsi que dans des dizaines d’autres pays du monde dans le cadre d’un effort visant à surveiller ses citoyens à l’étranger et, dans certains cas, à les ramener dans le pays contre leur gré, selon un organisme de surveillance.
Le rapport de 35 pages de Safeguard Defenders, basé à Madrid, publié dimanche, dresse la liste de plus de 100 postes de police chinois qui seraient installés dans 53 pays.
Le rapport affirme que ces postes existent afin de « harceler, menacer, intimider et forcer des cibles à retourner en Chine pour y être persécutées ».
Parmi les centres de police chinois présumés se trouve un centre en Israël, qui, selon Safeguard Defenders, a été mentionné dans un reportage de 2020 portant sur une réunion de la police de Nantong et des centres de services de liaison des Chinois d’outre-mer.
Le reportage, publié par Ourjiangsu.com, indique que certaines personnes ont assisté à la réunion par liaison vidéo, notamment « Xu Weisong du poste de travail israélien ». Le reportage comprend une photo dans laquelle un écran montre clairement une personne qui s’exprime devant des drapeaux israélien et chinois.
Il n’a pas été précisé si la station fonctionnait à la connaissance et avec la permission des autorités israéliennes. Des sources du bureau du Premier ministre ont déclaré à Walla que la question était en cours d’examen.
D’autres centres précédemment inconnus ou passés inaperçus ont été signalés aux États-Unis, au Canada, aux Émirats arabes unis, en Russie, en Serbie, au Japon et ailleurs, dont beaucoup sont également liés à la police de Nantong. Nantong est une ville d’environ 7 millions d’habitants située dans la province de Jiangsu, sur la côte est de la Chine.
Trois autres forces de police provinciales chinoises ont également été identifiées comme ayant des stations à l’étranger.
Selon Safeguard Defenders, qui s’appuie sur des informations de source ouverte, les postes clandestins sont utilisés pour permettre à la police de surveiller les hommes d’affaires, et autres citoyens, à l’étranger sans avoir à se conformer aux juridictions locales.
Les informations chinoises et les commentaires des officiels décrivent les stations comme des centres administratifs destinés à fournir des services aux citoyens chinois à l’étranger, bien que ces activités soient normalement du ressort des services diplomatiques du pays.
La Chine a qualifié les rapports de Safeguard Defenders de « calomnies ».
Certains pays, comme l’Italie et l’Afrique du Sud, ont conclu avec la Chine des pactes autorisant la police à opérer localement, mais l’organisme de surveillance espagnol a affirmé que les forces armées outrepassent souvent les accords dans ces cas-là.
Selon Safeguard Defenders, le réseau de police à l’étranger de Nantong a, à lui seul, aidé à la capture et au rapatriement d’au moins 80 Chinois depuis le début des opérations en 2016, dont au moins une opération illégale de « persuasion de retour » dans laquelle des agents infiltrés à Paris ont harcelé un citoyen chinois pour qu’il y retourne. Cela s’est produit après qu’un rapport antérieur de l’ONG a détaillé deux autres cas similaires de personnes poussées à rentrer.
« Ce que nous voyons de la part de la Chine, ce sont des tentatives croissantes de réprimer la dissidence partout dans le monde, de menacer les gens, de les harceler, de faire en sorte qu’ils aient suffisamment peur pour garder le silence au risque d’être renvoyés en Chine contre leur gré », a déclaré Laura Harth, directrice de campagne de Safeguard Defenders, à CNN.
Des enquêtes sur ces centres de police ont été ouvertes dans au moins 12 pays, selon Safeguard Defenders.
Le Canada a déclaré la semaine dernière qu’il avait officiellement fait part aux responsables chinois de ses préoccupations concernant les avant-postes sur son sol.
« Le gouvernement du Canada a officiellement insisté auprès du gouvernement chinois pour qu’il tienne compte […] de toutes les activités menées au Canada qui ne relèvent pas des conventions de Vienne, qu’il rende compte de ces activités et qu’il veille à ce qu’elles cessent », a déclaré Weldon Epp, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, à une commission parlementaire spéciale sur les relations entre le Canada et la Chine.
En vertu de la convention, les services consulaires et administratifs sont censés être assurés par les ambassades et les consulats.
Mercredi, la Maison Blanche s’est élevée contre les tentatives chinoises d’étendre son influence à travers le Moyen-Orient, alors que le président chinois Xi Jinping s’est rendu en Arabie saoudite.
« Nous sommes conscients de l’influence que la Chine tente d’accroître dans le monde. Le Moyen-Orient est certainement l’une de ces régions où ils veulent approfondir leur niveau d’influence », a déclaré John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche.
« Nous pensons que beaucoup des choses qu’ils essaient de poursuivre et la manière dont ils essaient de le faire ne sont pas propices à la préservation de l’ordre international fondé sur des règles. »