La sœur de la dactylo d’Otto Frank aurait trahi la famille
Le neveu de Nelly Voskuijl révèle que celle-ci collaborait avec les nazis et est peut-être la personne qui a dénoncé la cachette des Frank
Un auteur néerlandais a publié un livre informant que sa tante aurait révélé aux autorités nazies où se trouvaient Anne Frank et sa famille.
L’allégation apparaît dans une biographie (publiée mardi) de la résistante néerlandaise Elisabeth « Bep » Voskuijl.
Le livre, coécrit par le fils de Voskuijl et le journaliste flamand Jeroen De Bruyn, explore la possibilité que l’une des sœurs d’Elisabeth Voskuijl, Nelly, était une collaboratrice nazie qui aurait pu révéler le lieu de la cachette où sa sœur protégeait les Frank.
Elisabeth Voskuijl était une dactylo qui travaillait pour Otto Frank, le père d’Anne, elle a aidé la résistante Miep Gies à prendre soin des Frank au cours de leurs deux années de clandestinité.
Les informations sur Nelly Voskuijl proviennent de témoignages d’une autre sœur, Diny, et de Bertus Hulsman, qui était le fiancé d’Elisabeth Voskuijl pendant la guerre.
A en croire le livre, Nelly Voskuijl était une collaboratrice nazie pendant quatre ans, jusqu’à l’âge de 23 ans.
« La conclusion, douloureuse mais évidente, est que nous pouvons l’ajouter à la longue liste des suspects » d’avoir dénoncé les Frank à la Gestapo, ont écrit les auteurs dans le livre en néerlandais intitulé « Bep Voskuijl, Plus de silence« .
L’identité de la personne qui a dénoncé les Frank est restée un mystère qui a donné lieu à beaucoup de spéculations après la publication en 1947 du Journal intime qu’Anne Frank a écrit pendant la guerre, entre autres œuvres, au cours de ses deux années passées dans la clandestinité à Amsterdam.
Best-seller international, le journal a fait d’Anne frank l’une des victimes de l’Holocauste les plus célèbres au monde.
Elisabeth Voskuijl est décédée en 1983, à l’âge de 63 ans, d’une maladie rénale.
Même si elle a généralement refusé de donner des interviews sur son activité dans la résistance, elle est restée en contact avec Otto Frank – le seul membre de la famille à avoir survécu à l’Holocauste – après la guerre. Nelly Voskuijl est morte en 2001.
La semaine dernière, il a été révélé qu’Anne Frank aurait succombé au typhus dans un camp de concentration nazi environ un mois plus tôt qu’on ne le pensait.
Le musée d’Amsterdam qui honore sa mémoire a annoncé cela mardi dernier, lors du 70e anniversaire de la date officielle de sa mort. Cette constatation, affirme la chercheuse Erika Pins, dissipe l’allégation selon laquelle elle aurait pu être sauvée si elle avait vécu un peu plus longtemps.
Anne serait morte à 15 ans, au camp de Bergen-Belsen, en février 1945, déclare Prins, chercheuse à la maison d’Anne Frank.
La nouvelle date de sa mort change peu de choses aux destins tragiques d’Anne et de sa sœur Margot, parties se cacher avec leur famille dans une maison d’Amsterdam, mais qui ont finalement été trahies, envoyées dans des camps de concentration nazis et sont mortes dans l’Holocauste avec des millions d’autres Juifs.
« C’était horrible. C’était terrible. Et ça l’est encore », dit Prins.
« Quand vous dites qu’elles sont mortes fin mars, cela vous donne l’impression que c’était juste avant la libération. Si elles avaient vécu seulement deux semaines de plus… », se lamente Prins, la voix tremblante. « Eh bien, ce n’est plus vrai. »
Les forces alliées ont libéré le camp de concentration de Bergen-Belsen le 15 avril 1945.
La date précédente de la mort d’Anne, le 31 mars, a été fixée par les autorités néerlandaises après la guerre, sur la base de calculs. À l’époque, les responsables néerlandais n’avaient pas de ressources pour établir une date exacte.
La nouvelle recherche a étudié les témoignages, documents et archives existants, y compris au moins une nouvelle interview. Des témoins ont raconté qu’Anne et sa sœur montraient déjà des signes de typhus au début de février. Les chercheurs citent les autorités sanitaires néerlandaises disant que la plupart des décès de typhus se produisent environ 12 jours après les premiers symptômes.
« Dans cette perspective, la date de leur mort est plus susceptible de se situer courant février. La date exacte est inconnue », indiquent les chercheurs.
Selon la témoin Rachel van Amerongen, qui connaissait les sœurs Frank et est citée par les chercheurs, « un jour, elles n’étaient tout simplement plus là ».
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Croix-Rouge a officiellement conclu qu’Anne était morte courant mars 1945.
Les chercheurs ont utilisé les archives de la Croix-Rouge, le Service international de recherches à Bad Arolsen, et le Mémorial de Bergen-Belsen, en plus de nombreux récits de témoins oculaires de survivants, selon un communiqué de la Maison d’Anne Frank, publié mardi à l’occasion du 70e anniversaire de la date officielle de la mort des sœurs.