La statue d’un manifestant anti-Netanyahu enlevée à Jérusalem
L'artiste Itay Zalait a été arrêté pour avoir tenté d'entraver l'enlèvement de la statue avant d'être libéré ; selon lui, les gens qui manifestent sont "rien moins que des héros"

Les employés municipaux de Jérusalem ont enlevé, samedi matin, une statue inspirée par la photo emblématique d’un manifestant anti-Netanyahu, le genou à terre, en train de brandir le drapeau israélien, résistant à la pression du flot émanant d’un canon à eau.
Les employés étaient accompagnés par des agents de police qui ont arrêté l’artiste Itay Zalait, qui s’était couché au pied de la statue pour tenter d’empêcher son retrait. Il a été libéré quelques heures plus tard, a noté le quotidien Haaretz.
Zalait a indiqué que la statue, qui avait été érigée sur la place de Paris, aux abords de la résidence de Jérusalem du Premier ministre et qui est l’épicentre du mouvement de protestation contre Netanyahu, avait été autorisée et qu’elle « ne dérangeait personne ».
Selon Haaretz, il a été demandé aux forces de l’ordre de montrer un document attestant du fait que la statue était légalement enlevée. En vain.

Zalait avait déclaré à la chaîne Kan, plus tôt, qu’il pensait que les manifestants étaient les héros du quotidien et que la statue du « Héros d’Israël », qui pèse six tonnes, voulait illustrer cela.
« Quelqu’un qui quitte le domicile tous les jours, qui prend des risques et qui se fait frapper, qui garde son foyer et lutte pour cela en faveur de la démocratie n’est rien de moins qu’un héros israélien », avait dit Zalait.
La photo qui a inspiré la statue avait été prise le 18 juillet et elle avait été immédiatement considérée comme emblématique et symbolique des manifestations dans le monde entier.
Lors de ces rassemblements, des participants avaient déploré des agressions policières à leur encontre, faisant aussi part de leurs inquiétudes concernant l’utilisation des canons à eau à courte distance.

Durant la même soirée, un leader du mouvement de protestation s’était couché sous un canon à eau pour tenter d’empêcher son usage – il a été, le mois dernier, l’un des premiers manifestants anti-Netanyahu a être mis en examen pour ses agissements lors des rassemblements et il risque aujourd’hui une inculpation pour avoir entravé le travail d’un agent de police dans l’exercice de ses fonctions.
Cette statue n’est pas la première déclaration politique faite par Zalait par le biais de son art – au début de l’année, il avait fait une installation éphémère montrant une statue grandeur nature de Netanyahu en train de déguster des mets luxueux sur une table immense, une parodie de la « Cène » de Léonard de Vinci.

Il y a deux ans, il avait érigé une sculpture de la ministre de la Culture de l’époque, Miri Regev, portant une longue robe blanche et regardant dans un miroir. Cette œuvre voulait dépeindre les appels lancés par Regev en faveur d’une législation qui aurait exigé des artistes d’afficher leur « loyauté » à l’Etat.
Et avant cela, il avait construit une statue dorée de Netanyahu pour tourner en ridicule ce qui était, selon lui, l’idolâtrie de nombreux Israéliens à l’égard du Premier ministre.
Cela fait des mois que des manifestants se rassemblent pour dénoncer Netanyahu, réclamant sa démission en raison de son procès pour pots-de-vin, pour fraude et pour abus de confiance. Netanyahu ne cesse de clamer son innocence et affirme que ces mises en examen résultent d’une tentative de ses adversaires politiques, des médias, de la police et des procureurs de l’écarter du pouvoir.
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En plus de la principale manifestation à Jérusalem et des regroupements dans tout le pays, des Israéliens se réunissent aussi régulièrement devant la résidence privée de la famille Netanyahu à Césarée.
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