La Suisse approuve son premier mémorial national pour les victimes de la Shoah
Il n'y avait jusqu'à présent que de petits sites privés consacrés aux "nombreuses victimes suisses de la persécution"
La Suisse a décidé mercredi de participer au financement d’un mémorial national qui rendra hommage aux six millions de victimes juives et autres individus qui ont péri dans la Shoah et la persécution nazie. Il s’agira du premier monument majeur commémorant les victimes de la Shoah dans le pays.
Le Conseil fédéral, le pouvoir exécutif composé de sept membres, a approuvé un budget de 2,5 millions de francs suisses pour ce mémorial. Celui-ci sera érigé dans un « emplacement central » de la capitale, Berne.
« Le Conseil fédéral considère qu’il est très important de garder vivante la mémoire des conséquences du national-socialisme, à savoir l’Holocauste et le sort fait aux six millions de Juifs et à toutes les autres victimes du régime national-socialiste », indique un communiqué du gouvernement.
Par cette décision, la Suisse et sa capitale « portent un symbole fort contre le génocide, l’antisémitisme et le racisme, et pour la démocratie, l’État de droit, la liberté et les droits individuels fondamentaux », a-t-il déclaré.
Selon la Fédération suisse des communautés juives, le pays compte quelque 60 sites mineurs privés commémorant la Shoah et les crimes nazis.
« Il n’y a cependant pas de mémorial officiel ou national pour les nombreuses victimes suisses de persécutions, pour les milliers de réfugiés repoussés aux frontières ou déportés, mais aussi pour les nombreux Justes courageux dans ce pays », a-t-elle déclaré. Le futur mémorial devrait ainsi leur rendre hommage à tous.
Des milliers de personnes ont afflué vers la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale en quête de protection, pour être « repoussées et, dans de nombreux cas, renvoyées vers une mort certaine ».
Le pays, officiellement neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, s’interroge depuis longtemps sur sa complicité avec l’Allemagne nazie. Un panel nommé par le gouvernement en 1997 a indiqué que la Suisse avait participé à plus des trois quarts des transactions mondiales d’or de la Reichsbank de l’Allemagne nazie – à la fois en tant qu’acheteur et intermédiaire.