La TV israélienne dévoile un rapport de l’UE soutenant les demandes de l’AP en Zone C
Le document invite Bruxelles à surveiller les fouilles israéliennes et à fournir une aide juridique aux Palestiniens ; Smotrich condamne l'implication de l'UE
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Union européenne est en train de rédiger un nouveau programme visant à défendre les revendications palestiniennes dans les parties de la Cisjordanie entièrement contrôlées par Israël, connues sous le nom de zone C, comme l’indique un document confidentiel révélé par la télévision israélienne.
Le document de six pages datant de juin 2022, intitulé « Programme européen de développement conjoint pour la zone C », indique que l’UE « entend défendre le droit des Palestiniens vivant dans la zone C et à préserver la zone C comme faisant partie d’un futur État palestinien conformément aux accords d’Oslo ».
Selon la chaîne d’information israélienne, la Treizième chaîne, qui a révélé l’affaire lundi, le programme prévoit également des mesures pratiques, telles que la cartographie des terres de la zone C.
Le document de l’UE évoque la nécessité de fournir une aide juridique aux Palestiniens dans les tribunaux israéliens afin de protéger leurs revendications, et de surveiller les fouilles archéologiques israéliennes dans la zone C, qu’elle considère comme un outil utilisé par Israël pour renforcer et justifier son contrôle sur la Cisjordanie.
À terme, l’UE souhaiterait que la zone C soit combinée avec les zones A et B, sans distinction entre elles, selon le document.
En vertu des accords d’Oslo de 1993, la Cisjordanie a été divisée en trois divisions administratives : la zone A est contrôlée par l’Autorité palestinienne, la zone B est sous contrôle partagé et la zone C – la plus grande partie, qui représente environ 60 % du territoire – est entièrement sous contrôle israélien.
La zone C, qui est la seule section contiguë de la Cisjordanie et contient les terres les plus fertiles et les ressources naturelles les plus précieuses, devait, selon les accords, être progressivement transférée à la juridiction palestinienne, mais cela ne s’est jamais fait. Les implantations israéliennes sont situées dans la zone C.

La délégation européenne en Israël n’a pas tenu à confirmer l’authenticité du reportage et s’est contentée de dire qu’en règle générale, elle ne faisait pas de commentaires sur les documents internes présumés.
« Les politiques et les positions de l’UE sont élaborées par les 27 États membres et sont transmises et communiquées en bonne et due forme tant à ses partenaires qu’aux médias », a déclaré la délégation dans un communiqué. « Notre politique concernant la Cisjordanie n’a pas changé : l’UE est unie dans son engagement envers la solution à deux États, l’État d’Israël vivant côte à côte dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle avec un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable, avec Jérusalem comme future capitale des deux États. »
Quelque 400 000 Israéliens vivent aujourd’hui dans la zone C, dont 70 % des terres sont interdites à tout développement palestinien.
Pour le ministère des Affaires étrangères, ce document contient ce qu’il considère comme des positions « inacceptables », et le gouvernement israélien en a déjà informé l’UE à de nombreuses reprises par le passé.
Il a par ailleurs souligné la qualité des relations entre les deux parties, avec notamment la reprise des réunions du Conseil d’association en juin pour la première fois depuis dix ans.
ELNET, une organisation dont le but est de renforcer les liens entre Israël et l’Europe, a appelé l’UE à favoriser les solutions en renforçant la coopération avec Israël. « Aucune solution à long terme ne peut venir sans une conversation franche et directe entre toutes les parties », a déclaré un porte-parole de l’organisation au Times of Israel.
Le rapport a été rédigé bien avant les élections de novembre, qui ont probablement permis à Benjamin Netanyahu de revenir au pouvoir à la tête d’une coalition composée de partis de droite, d’extrême-droite et religieux, et en tant que tel, il ne constitue pas une réaction à un changement anticipé de la politique israélienne.

Selon l’accord de coalition conclu au début du mois entre Netanyahu et le leader de HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, l’autorité sur l’administration civile – une agence du ministère de la Défense et de Tsahal qui dirige la vie civile dans la zone C – sera transférée du ministre de la Défense du Likud à un ministre de second rang au sein du ministère de la Défense qui sera nommé par le parti d’extrême droite de HaTzionout HaDatit.
Smotrich a critiqué lundi le document de l’UE, déclarant que « la participation flagrante de l’UE aux efforts de l’Autorité palestinienne pour créer une situation de fait sur le terrain et établir unilatéralement et de facto un État arabe terroriste au cœur de la terre d’Israël est inacceptable, contraire au droit international et incompatible avec les règles fondamentales de la diplomatie dans les relations entre pays ».
Il a également promis que le nouveau gouvernement s’efforcerait d’enrayer les « activités hostiles » de l’AP et des acteurs internationaux.