La ville de Bezons, près de Paris, baptise une rue de la Nakba, et la débaptise
La municipalité a qualifié David Ben Gurion, de criminel de guerre ; Pour la communauté juive, ce geste donne une "fausse justification historique" à l'antisémitisme
Une municipalité près de Paris a nommé temporairement une rue, une rue adjacente à l’hôtel de ville, « allée de la Nakba » – un mot arabe qui signifie « catastrophe » et que les Palestiniens utilisent pour désigner la création d’Israël.
Dominique Lesparre, maire communiste de la commune de Bezons (Val-d’Oise) dans le nord-ouest de la région parisienne, a dévoilé lundi la plaque de l’Allée de la Nakba.
Sous la houlette de son maire, M. Lesparre (PCF), la municipalité a également déclaré David Ben Gurion, Premier ministre d’Israël, « criminel de guerre » pour avoir « déporté » des centaines de milliers de Palestiniens.
Un nom donné « en mémoire de l’expulsion des 800 000 Palestiniens et de la destruction des 532 villages en 1948 par le criminel de guerre David Ben Gourion pour la création de l’Etat d’Israël », indiquait la plaque. Cette inscription figurait également sur une deuxième plaque rédigée en arabe.
« Nous sommes rassemblés pour deux choses : condamner les massacres particulièrement effroyables perpétrés par l’armée israélienne à la frontière de la bande de Gaza et pour marquer notre solidarité envers nos amis palestiniens en dénommant symboliquement cette allée », a indiqué le maire Dominique Lesparre. Il a ajouté que sa ville « est fière de défendre le droit au retour » des Palestiniens ainsi que « le droit des Israéliens à penser autrement que leur gouvernement ».
Francis Kalifat, le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF), a qualifié la déclaration et la plaque de rue de « fausses déclarations, scandaleusement irresponsables et dangereuses ».
« Ils encouragent la violence antisémite, qui reçoit maintenant une fausse justification historique », a-t-il écrit dans un communiqué.
Dans un courrier daté de mardi, le préfet du Val-d’Oise, Jean-Yves Latournerie, avait demandé au maire de retirer ces panneaux.
« L’apposition de ces plaques et le commentaire qu’elles comportent constituent une prise de position rompant avec le principe de neutralité républicaine dans le domaine international », qui est un « domaine réservé de l’Etat », expliquait le préfet. « Cette action est, de plus, étrangère à tout intérêt communal » et « provoque des controverses et des polémiques locales susceptibles d’évoluer rapidement vers des troubles graves à l’ordre public », avait-il ajouté.
« La première mairie Hamas en France », avait ironisé sur Twitter un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, en référence au mouvement islamiste ennemi d’Israël.
Un peu plus tard, l’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun, avait condamné « le soutien de la ville et du maire de Bezons (…) au terrorisme palestinien et à l’incitation à la haine ». « Cette incitation à la haine est l’un des facteurs qui engendre les actes antisémites, parfois meurtriers, que subit la communauté juive de France », avait-elle ajouté.