L’AP aurait utilisé des balles réelles pour disperser une manifestation à Ramallah
Des affrontements ont éclaté près de Bethléem en réponse à la répression policière et au procès impliquant le militant tué Basel al-Aaraj

Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) auraient utilisé dimanche soir des balles réelles pour disperser une violente manifestation de jeunes palestiniens rassemblés dans le camp de réfugiés de Deheishe, près de Bethléem, en Cisjordanie.
La police aurait utilisé des balles réelles, du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes contre les manifestants qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov, selon l’agence de presse palestinienne Maan.
Des dizaines de Palestiniens ont marché de Deheishe au village voisin d’Artas pour procéder contre les procédures juridiques portées contre six Palestiniens arrêtés l’année dernière par l’Autorité palestinienne, et dont l’un a été tué dans un échange de tirs avec l’armée israélienne ce mois-ci. Ils manifestaient également contre la brutalité policière présumée pendant la répression d’une manifestation organisée devant le tribunal de Ramallah dimanche.
Les six Palestiniens avaient été arrêtés en avril dernier, accusés de possession d’armes illégales et d’avoir planifié une attaque contre Israël. Après les arrestations, Mahmoud Abbas, le président de l’AP, avait déclaré au quotidien allemand Der Spiegel que l’opération était le fruit de la coopération sécuritaire entre Israël et l’AP. Maan avait annoncé que les six hommes avaient été torturés pendant leur détention par l’AP.

Ils avaient été libérés six mois après, conformément au jugement d’un tribunal palestinien, après avoir été en grève de la faim et fait les gros titres de la presse palestinienne.
L’un d’entre eux était Basel al-Aaraj, 31 ans, connu pour ses campagnes contre Israël et contre l’Autorité palestinienne, et qui a été tué la semaine dernière à Ramallah après avoir ouvert le feu sur les forces israéliennes venues l’arrêter, avait indiqué l’armée.
Après sa libération de prison palestinienne, il était apparu sur la liste des personnes recherchées par Israël, et quatre de ses associés ont été arrêtés par les forces israéliennes. L’opération de l’armée israélienne pour l’arrêter la semaine dernière a abouti à l’échange de tirs qui a entraîné sa mort, selon Tsahal, qui a également annoncé qu’un fusil M-16 et une arme semi-automatique artisanale de style Carlo avaient été retrouvés à son domicile.
Surnommé le « martyr intellectuel », sa mort a déclenché un deuil propagé dans la société palestinienne, ainsi qu’en Turquie, en Jordanie, au Liban, et même chez certains en Israël.

Vendredi, l’armée était revenue sur sa décision de restituer le corps d’al-Aaraj, a indiqué le Croissant rouge palestinien. L’armée a confirmé qu’elle ne rendrait pas encore sa dépouille, mais n’a pas indiqué si elle avait jamais prévu de le faire.
L’avocat des autres suspect arrêtés a demandé à la cour des magistrats de Ramallah que les charges à leur encontre soient abandonnées, une requête ignorée par le juge, qui a repoussé le procès au mois d’avril en affirmant que les suspects pourraient être libérés par Israël d’ici là et qu’ils pourraient être jugés.
Les accusations contre al-Aaraj ont été abandonnées après la présentation de son certificat de décès, a annoncé Maan.
Dimanche, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation contre cette procédure juridique devant la cour de Ramallah.
Des vidéos ont montré les forces de sécurité palestiniennes frapper les manifestants à coups de matraques et écartant violemment hommes et femmes de la manifestation. La police a également utilisé des gaz lacrymogènes contre la foule.
لحظة إطلاق الأجهزة الأمنية لقنابل الغاز المسيل للدموع مباشرة تجاه المتظاهرين في مدينة #رام_الله اليوم.#سيحاكمكم_باسل pic.twitter.com/QJqXr6Nt8e
— شبكة قدس الإخبارية (@qudsn) March 12, 2017
Maan a indiqué que six émeutiers avaient été placés en détention et que 11 personnes avaient été blessées, dont Mahmoud al-Aaraj, le père d’al-Aaraj.
Des vidéos montraient les participants scander le slogan « le fils du martyr » alors que les forces de sécurité frappaient le père d’Aaraj au sol.