L’AP expulse des élus qui cherchaient refuge à la Croix Rouge
Après la levée de leur immunité parlementaire par Mahmoud Abbas, trois députés ont été expulsés de l’immeuble par les troupes
Les forces palestiniennes sont entrées dimanche dans les bureaux du Comité international de la Croix rouge (CICR), à proximité de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, et en ont expulsé trois députés qui étaient venus y trouver refuge.
Les parlementaires Shami Shami, Najat Abu Bakr et Jamal Tirawi, qui, avec Nasser Juma sont des alliés de Mohammad Dahlane, ancien homme fort de la bande de Gaza qui avait été renvoyé du Fatah par le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas en 2010, s’étaient réfugiés dans les bureaux de la Croix rouge où ils avaient demandé la protection de la communauté internationale.
La semaine dernière, Abbas avait levé l’immunité parlementaire de cinq députés de l’AP et il se préparait à intensifier ses accusations contre eux, ont rapporté des sources proches du bureau d’Abbas et du parlement palestinien.
Les médias arabes ont annoncé que l’entrée du parlement avait d’abord été refusée aux députés, qui s’étaient alors rendus à l’immeuble de la Croix rouge en quête d’une protection internationale. Quelques heures après, les forces sécuritaires palestiniennes sont entrées dans le bâtiment et ont procédé à l’expulsion des législateurs.
Par respect pour la Croix rouge, les soldats ont pénétré dans les bureaux de l’organisation désarmés et l’expulsion a eu lieu dans le calme, selon les informations.
Des sources proches du Fatah ont affirmé que les trois députés avaient fait un sit-in pour manifester leur désaccord face à la levée de leur immunité. Abu Bakr a déclaré qu’on les avait empêchés de parler aux médias, aux organisations de défense des droits de l’Homme ou à leurs avocats.
Les parlementaires n’ont pas encore été inculpés et ont été relâchés après avoir quitté l’immeuble. Toutefois, ils devraient rapidement devoir répondre d’accusations de détournement, de trafic d’armes, de diffamation et d’insultes, selon des sources qui se sont confiées à l’AFP la semaine dernière sous couvert d’anonymat.
Selon l’une d’elle, « le problème entier est lié aux conflits qui existent » entre Abbas et Dahlane.
Dahlane, qui était l’un des responsables les plus importants du Fatah, a été expulsé de la bande de Gaza après un conflit avec Abbas. Il vit actuellement aux Emirats arabes unis.
La semaine dernière, un tribunal palestinien a condamné l’exilé à trois ans de prison pour détournement de la somme de 16 millions de dollars alors qu’il était ministre de l’AP, a expliqué un responsable.
Au début du mois de novembre, le tribunal constitutionnel palestinien, un organe judiciaire créé il y a quelques mois par Abbas lui-même, avait émis une décision confirmant le droit du chef de l’AP à lever l’immunité parlementaire des députés du Conseil législatif palestinien.
L’AFP a contribué à cet article.