Lapid : Israël financerait des « sociétés écrans » étrangères pour distribuer l’aide à Gaza
Le porte-parole du Premier ministre s'est empressé de démentir les allégations du chef de l’opposition

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a accusé lundi le gouvernement de financer secrètement l’aide humanitaire à Gaza par l’intermédiaire de deux « sociétés écrans » étrangères, une affirmation rapidement démentie par le cabinet du Premier ministre.
« Notre travail consiste à poser des questions difficiles au gouvernement. C’est avec une telle question que je prends aujourd’hui la parole : l’État d’Israël est-il derrière deux sociétés écrans établies en Suisse et aux États-Unis, GHF et SRS, qui organisent et financent l’aide humanitaire à Gaza ? », a demandé Lapid depuis la tribune de la Knesset avant un vote de défiance à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Lundi matin, le bureau de Netanyahu a confirmé que la distribution de l’aide dans le cadre de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) avait commencé, lançant ainsi un système qui, selon Israël, vise à empêcher que l’aide ne soit détournée vers le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Même si c’est techniquement une entreprise américaine, GHF a été créée en étroite collaboration avec les autorités israéliennes. Les organisations humanitaires et l’ONU ont refusé de coopérer avec cette nouvelle initiative, affirmant qu’elle entraînerait encore plus de déplacements de population gazaouie, ne répondrait pas aux besoins locaux et violerait les principes humanitaires qui interdisent à une partie belligérante de contrôler l’aide humanitaire.
La GHF a publié un document de 14 pages détaillant son plan de distribution, y compris la liste des personnes chargées de diriger le projet. Deux sociétés américaines, Safe Reach Solutions (SRS) et UG Solutions, ont été sélectionnées pour assurer la mise en œuvre locale.
Selon le New York Times, le projet n’a pas simplement été élaboré en coordination avec Israël, mais il s’agit d’une « idée originale israélienne » proposée lors d’une réunion en 2023 entre « des responsables politiques, des militaires et des hommes d’affaires partageant les mêmes idées et entretenant des liens étroits avec le gouvernement israélien ».
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Selon un autre article publié dimanche dans le journal Haaretz, SRS est entré dans la bande de Gaza sans autorisation de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, contrairement à la procédure habituelle.
« Se pourrait-il que les agences de sécurité israéliennes aient été envoyées par le Premier ministre et le ministre des Finances pour transférer des fonds israéliens à l’étranger, afin qu’ils reviennent à Gaza sous forme d’aide humanitaire ? » a demandé Lapid, soulignant que le directeur exécutif de la GHF, Jake Wood, avait démissionné dimanche. Ce dernier a justifié son retrait en déclarant qu’il était « clair que ce programme ne pouvait être mis en œuvre dans le strict respect des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance ».
« Le mot important ici est ‘indépendance’ », selon Lapid.
« Jake Wood a compris qu’il était manipulé. La grande question est de savoir si nous ne sommes pas nous aussi manipulés. Si cet argent est israélien, s’il provient du Trésor public, l’État d’Israël ne doit pas et ne peut pas le cacher. »

Le fait de dissimuler l’origine de ces fonds constituerait une « fraude » à l’encontre du peuple israélien et « l’un des plus grands actes de folie politique de l’histoire de l’État », a-t-il poursuivi.
« Si l’argent de nos impôts sert à acheter de l’aide humanitaire, à financer la nourriture et les médicaments pour les enfants de Gaza, profitons-en sur la scène internationale » en l’annonçant, a-t-il ajouté.
« Le gouvernement israélien devrait faire preuve d’un peu de dignité, dire haut et fort qu’il finance ces deux organisations et faire ce qu’il déteste le plus : assumer la responsabilité de ses actes et en supporter les conséquences. »
Dans une réaction rapide, le porte-parole de Netanyahu, Omer Dostri, a déclaré : « Israël ne finance pas l’aide humanitaire à la bande de Gaza. Israël et les États-Unis travaillent en étroite coordination et par divers canaux pour empêcher l’aide d’atteindre le Hamas. »