Israël en guerre - Jour 649

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La GHF, dont le financement est incertain, aurait été conçue par des Israéliens – NYT

Ce groupe, enregistré aux États-Unis, a été créé par des hommes d'affaires et des réservistes liés au gouvernement ; Haaretz : le Shin Bet n'a pas été consulté pour le choix de la société de sécurité

Des Palestiniens se battant pour obtenir de la nourriture distribuée dans une cuisine communautaire, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 23 mai 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)
Des Palestiniens se battant pour obtenir de la nourriture distribuée dans une cuisine communautaire, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 23 mai 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Un projet d’aide humanitaire à Gaza, décrit comme neutre et géré par des entrepreneurs américains, a été conçu par plusieurs Israéliens, dont des hommes d’affaires proches du gouvernement, ce qui soulève des questions quant à sa transparence et sa neutralité, a rapporté samedi le New York Times.

La Gaza Humanitarian Foundation (GHF) est une organisation humanitaire soutenue par les États-Unis et Israël. Elle a été créée pour gérer un nouveau modèle de distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, de manière à empêcher son détournement par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Cette organisation a été créée en étroite collaboration avec Israël, dans un contexte de méfiance croissante entre Jérusalem et les groupes d’aide humanitaire soutenus par l’ONU présents dans la bande de Gaza depuis lors. Toutefois, la GHF et les responsables américains assurent qu’il s’agit d’un organisme indépendant et neutre.

Cependant, l’article du New York Times a révélé que le projet n’avait pas simplement été construit en coordination avec Israël, mais qu’il s’agissait d’une « idée originale israélienne ».

L’idée a été proposée pour la première fois fin 2023 lors de « réunions privées entre des responsables politiques, des militaires et des hommes d’affaires partageant les mêmes idées et entretenant des liens étroits avec le gouvernement israélien », qui estimaient que le gouvernement manquait d’une stratégie à long-terme pour Gaza, selon l’article.

Le New York Times avance que « le projet a vu le jour » lorsque « des centaines de milliers de civils israéliens ont regagné l’armée en tant que réservistes, beaucoup d’entre eux occupant des postes influents », à la suite du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023.

Des enfants gazaouis remplissant des récipients d’eau dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 mai 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Cela a conduit à l’émergence d’une « vaste cohorte d’Israéliens ayant un pied dans l’armée et l’autre dans la vie civile, brouillant ainsi la frontière entre ces deux sphères ».

La principale idée de ce groupe était de contourner les canaux d’aide traditionnels, comme l’ONU, en engageant des entrepreneurs privés pour distribuer l’aide dans les zones de Gaza sous contrôle israélien, tout en affaiblissant l’emprise du Hamas sans endosser officiellement la responsabilité de la population civile de Gaza.

Parmi les principaux acteurs de ce nouveau plan figurent Michael Eisenberg, un investisseur en capital-risque qui n’a jamais fait son service militaire, Yotam HaCohen, un consultant stratégique qui a rejoint le COGAT (Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens) du ministère de la Défense avant de devenir assistant du secrétaire militaire du Premier ministre, le brigadier général Roman Gofman, ainsi que Liran Tancman, un investisseur dans le secteur des technologies également affilié au COGAT.

Au début de l’année 2024, les responsables israéliens avaient commencé à recommander Philip F. Reilly, un ancien haut responsable de la CIA qui avait formé des combattants de la Contra au Nicaragua et occupé le poste de chef d’antenne de la CIA à Kaboul, comme prestataire privilégié.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre) procédant à une évaluation de la situation, en compagnie du chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir (à gauche), du secrétaire militaire, le major-général Roman Gofman (2ᵉ à droite), et du ministre de la Défense, Israel Katz (à droite), aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 18 mars 2025. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)

Reilly a confirmé au journal qu’il avait rencontré Eisenberg et Tancman et commencé à discuter de l’aide à Gaza avec des civils israéliens cette année-là.

La société de sécurité Safe Reach Solutions (S.R.S.) de Reilly a commencé à opérer à Gaza en janvier 2025, lors du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, en inspectant les voitures palestiniennes à la recherche d’armes.

Selon un autre article publié dimanche dans Haaretz, S.R.S. est entrée à Gaza sans avoir obtenu au préalable l’autorisation de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, comme le veut la procédure. Gofman aurait choisi S.R.S. à l’issue d’un processus secrètement mené, qui a contourné les procédures habituelles et exclu les principaux organes de défense, notamment le Shin Bet, l’armée israélienne et le ministère de la Défense.

Des sources ont déclaré dans les colonnes de Haaretz que le processus semblait avoir été décidé à l’avance en faveur de la société de Reilly et que le cabinet du Premier ministre, en particulier le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, un proche collaborateur de Netanyahu, avait joué un rôle central dans sa mise en œuvre.

Le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer assistant à une séance plénière de la Knesset, le 22 janvier 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/ Flash90)

Shlomi Fogel, homme d’affaires et proche de Netanyahu, a également été mis en cause dans cette affaire, mais a nié toute implication.

Selon Haaretz, de nombreux membres de l’establishment de la défense soupçonnent que des motivations personnelles et financières pourraient être à l’origine de cette opération, compte tenu du manque de transparence et de l’exclusion des organismes de contrôle officiels.

Origines incertaines, financement énigmatique

Une autre révélation importante de l’article du New York Times était que la GHF était enregistrée aux États-Unis, et non en Suisse contrairement à ce que l’on croyait auparavant.

Jake Wood, directeur exécutif de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), dans une interview accordée à CNN le 17 mai 2025. (Crédit : Capture d’écran/CNN)

Deux entités – la GHF et la société de sécurité privée S.R.S. – ont été enregistrées en novembre 2024 par des associés de Reilly.

La GHF, dirigée par Jake Wood, devrait lever des fonds et engager S.R.S. pour assurer la distribution de nourriture. Bien que Wood ait déclaré que les deux groupes fonctionnent désormais de manière indépendante, ils ont été enregistrés par le même avocat américain et avaient la même porte-parole jusqu’à récemment.

Pour ajouter à la confusion, il existe au moins deux autres organisations nommées Gaza Humanitarian Foundation, l’une enregistrée aux États-Unis et l’autre en Suisse. Un porte-parole de la fondation de Wood a précisé que la GHF basée dans le Delaware, créée en février 2025, est liée à leurs activités.

Parallèlement, TRIAL International, une ONG suisse, a demandé aux autorités suisses d’enquêter sur la GHF, basée à Genève, afin de déterminer si elle respectait la législation suisse et les normes humanitaires internationales. Le groupe a déposé deux recours les 20 et 21 mai, demandant un contrôle réglementaire des activités de la fondation.

Des terroristes armés du Hamas sécurisant des camions d’aide qui arrivent dans la bande de Gaza, à Rafah, quelques jours après l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, le 21 janvier 2025. (Crédit : Jehad Alshrafi/AP)

On ignore également qui finance la GHF, qui affirme avoir obtenu plus de 100 millions de dollars d’engagements d’un gouvernement étranger sans toutefois le nommer.

Wood a déclaré avoir reçu une petite somme d’argent d’hommes d’affaires non israéliens dont l’identité n’a pas été révélée. Dans un communiqué, la fondation a déclaré qu’un pays d’Europe occidentale avait fait un don de plus de 100 millions de dollars, mais a refusé de nommer ce pays, selon le New York Times.

La fondation a publié un document de 14 pages détaillant son plan de distribution, y compris les noms des personnes chargées de diriger le projet. Deux organismes ont accepté de se joindre à cette initiative : les sociétés de sécurité américaines UG Solutions et Safe Reach Solutions, qui seront chargées de la logistique et de la sécurité des « sites de distribution sécurisés » (SDS), afin que l’armée israélienne n’ait pas à intervenir directement, a indiqué au Times of Israel un responsable israélien. Il a ajouté que Tsahal se contentera de sécuriser le périmètre d’une zone humanitaire en cours de construction où seront implantés les SDS.

Israël affirme qu’il doit prendre le contrôle de la distribution de l’aide, arguant que le Hamas et d’autres groupes terroristes détournent les fournitures et que certaines organisations humanitaires ont été infiltrées par des groupes terroristes. Les travailleurs humanitaires nient qu’il y ait un détournement important de l’aide au profit des terroristes, affirmant que l’ONU surveille strictement la distribution.

Un ouvrier déchargeant la cargaison d’un camion transportant de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza dans la zone de déchargement du poste-frontière de Kerem Shalom entre Israël et Gaza, le 22 mai 2025. (Crédit : Leo Correa/AP)

Les organisations humanitaires s’opposent au projet de la GHF et d’Israël de prendre en charge l’aide alimentaire, affirmant que cela pourrait contraindre un grand nombre de Palestiniens à se déplacer vers les centres de distribution et que la fondation n’est pas en mesure de répondre aux besoins des Gazaouis.

Israël avait bloqué l’entrée à Gaza de denrées alimentaires, de carburant, de médicaments et de toutes autres fournitures depuis début mars, ne levant cette interdiction que la semaine dernière afin d’autoriser l’entrée d’un nombre limité de camions d’aide humanitaire, alors que la crise humanitaire s’aggravait pour les 2,3 millions de Gazaouis.

Les experts ont mis en garde contre un risque élevé de famine. Même les États-Unis, un allié fidèle, ont fait part de leurs inquiétudes face à la crise alimentaire.

La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent toujours 58 otages.

Plus de 53 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ne font pas de distinction entre civils et terroristes. Israël affirme avoir tué 20 000 terroristes au combat, et 1 600 autres terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.

L’armée israélienne assure prendre « de nombreuses mesures » pour minimiser les atteintes aux civils et souligne que le groupe terroriste viole systématiquement le droit international et exploite brutalement les institutions civiles et la population comme bouclier humain pour ses activités de terrorisme, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.

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