L’armée appelle les Gazaouis à quitter de nouveaux quartiers de Rafah dans le cadre de son opération
300 000 personnes ont quitté la ville pour se rendre dans "une zone humanitaire", dit l'armée qui se prépare pour un nouveau raid à Jabaliya, dans le nord de Gaza, le Hamas étant retourné là-bas
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a commencé à appeler, samedi matin, les Palestiniens d’autres quartiers de Rafah à évacuer le secteur alors qu’elle poursuit son opération contre le groupe terroriste du Hamas dans cette ville du sud de la bande de Gaza.
La semaine dernière, Tsahal avait émis un premier avertissement, sommant la population d’évacuer l’Est de Rafah avant l’entrée des soldats dans la zone.
La mise en garde la plus récente a concerné les camps de Rafah et de Shaboura, ainsi que les quartiers de Geneina et de Khirbat, qui se trouvent un peu plus dans les profondeurs de la ville.
Environ un million de Palestiniens avaient trouvé un refuge à Rafah, fuyant les autres pans de l’enclave ravagée par la guerre.
Dans la zone d’évacuation initiale et dans d’autres secteurs de Rafah, ce sont à peu près 300 000 Palestiniens qui ont évacué pour se rendre dans « une zone humanitaire désignée », selon les évaluations faites par les militaires.
Le lieutenant-colonel Avichay Adraee, le porte-parole arabophone de Tsahal, a publié samedi matin la liste des nouvelles zones qui doivent être évacuées.
L’armée a aussi largué des prospectus, envoyé des textos et passé des appels téléphoniques pour relayer ses instructions d’évacuation.
Les civils ont été appelés à se rendre dans la zone humanitaire élargie qui est située dans les zones d’al-Mawasi et de Khan Younès, dans le sud de l’enclave côtière.
Adraee a aussi demandé aux Palestiniens de ne pas tenter de rejoindre la frontière israélienne.
Une initiative survenue après que le cabinet de sécurité israélien a voté, jeudi soir, l’approbation d’une expansion « mesurée » du raid de l’armée israélienne à Rafah.
L’expansion a été déclarée comme « mesurée » avec l’espoir, de la part d’Israël, de ne pas franchir la ligne rouge de ce que les États-Unis considéreraient comme « une opération majeure ».
Le président américain Joe Biden avait fait savoir, au début de la semaine, qu’il cesserait de livrer certaines armes offensives à l’État juif si ce dernier devait entrer dans les centres de population de Rafah en raison du million de civils et plus qui y ont trouvé refuge.
Dans un rapport très attendu qui était destiné au Congrès, l’administration Biden a indiqué, vendredi, qu’elle avait trouvé « crédibles et fiables » les assurances apportées par Israël sur un usage « conforme au droit international » des armes américaines – ce qui ouvre la voie à de nouveaux transferts d’armements américains dans le cadre de la guerre disputée par Israël contre le Hamas, dans la bande de Gaza.
Toutefois, dans le cadre de la déclaration la plus ferme faite, jusqu’à présent, par les responsables de l’administration Biden, le rapport publié par le département d’État américain a aussi noté qu’il était « raisonnable » de penser qu’Israël avait utilisé des armes fournies par les États-Unis de manière « contradictoire » au droit international dans certains cas, depuis le 7 octobre. Le rapport a ajouté que Washington ne disposait pas d’un nombre suffisant d’éléments pour vérifier ce que les soldats avaient réellement pu faire sur le terrain.
L’opération menée par l’armée israélienne, à Rafah, s’est pour le moment limitée à la partie orientale de la ville et au poste-frontière qui sépare la bande de l’Égypte.
Tsahal a expliqué que les troupes avaient localisé plusieurs puits de tunnel et qu’elles ont tué des dizaines d’hommes armés jusqu’à présent.
Vendredi, le Hamas avait tiré deux barrages de roquettes depuis Rafah et depuis le centre de Gaza en direction de Beer Sheva, la première attaque commise à l’encontre de cette localité du sud d’Israël en presque six mois. Une femme avait été légèrement blessée et un terrain de jeu avait été endommagé.
Les militaires ont annoncé, samedi, qu’ils se préparaient à lancer une nouvelle opération à Jabaliya, dans le nord de Gaza, après avoir remarqué que les hommes du Hamas avaient tenté de s’y regrouper.
Un ordre d’évacuation séparé a été émis en direction du secteur de Jabaliya où se trouveraient, selon Tsahal, entre 100 000 et 150 000 Palestiniens.
Il a été recommandé aux civils de partir se réfugier à l’Ouest de Gaza City.
« Vous êtes dans une zone de combat dangereuse. Le Hamas tente actuellement de se reconstruire dans le secteur et l’armée israélienne agira donc avec une grande force contre les organisations terroristes dans la zone où vous vous trouvez actuellement », a dit Adraee dans son annonce.
Ce serait la seconde fois que l’armée opère sur le terrain à Jabaliya après que la ville a été capturée pendant les premiers mois de l’offensive terrestre contre le Hamas. L’armée s’était ensuite retirée du nord de la bande.
L’ordre d’évacuation a été donné après que l’armée a continué ses opérations dans le quartier de Zeitoun, à Gaza City, après avoir remarqué que les hommes du Hamas s’y rassemblaient.
Quatre soldats ont été tués alors qu’ils combattaient les hommes armés à Zeitoun dans la journée de vendredi.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son gouvernement sont critiqués depuis longtemps en raison de leur refus de planifier la gestion de l’après-guerre à Gaza.
Le Hamas a repris le contrôle civil d’un certain nombre de secteurs de l’enclave alors que les militaires les avaient capturées – mais qu’ils les avaient ensuite quittées.
La guerre avait éclaté à Gaza après l’attaque meurtrière commise le 7 octobre par le Hamas – 3 000 terroristes avaient franchi la frontière avec Israël par voie aérienne, terrestre et maritime. Ils avaient tué près de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 252 otages, en majorité des civils, se livrant à des atrocités. Des violences sexuelles à grande échelle avaient été commises.
La guerre qui a suivi a fait plus de 34 800 morts du côté palestinien, selon les responsables de la santé à Gaza – même si les données transmises par les autorités du Hamas sont invérifiables. Ces chiffres comprendraient les civils et les membres du Hamas, de la même manière, qui ont perdu la vie à Gaza, notamment en raison des tirs de roquette errants des factions terroristes qui ont manqué leur trajectoire.
Israël, de son côté, a indiqué avoir tué environ 15 000 terroristes à Gaza – en plus du millier d’hommes armés qui avaient été abattus sur le sol israélien, le 7 octobre. 271 soldats sont tombés au champ d’honneur pendant l’offensive terrestre contre le Hamas et dans le contexte des opérations qui ont eu lieu le long de la frontière.